Ceux qui l’ont fait en parlent avec émotion. Ceux qui en rêvent oscillent entre effroi et désir : le Grand Col Ferret, au cœur de l’UTMB, le plus prestigieux et le plus convoité des ultras. Point capital de cette course autour du Mont-Blanc de 171 km et 10 000 m de D+ au départ de Chamonix, ce passage entre l’Italie et la Suisse, fait l’objet d’un documentaire de six minutes produit par Strava et tourné par Alexis Berg, l’un des meilleurs photographes et caméramen de la discipline. Familier de la course qui revient du 23 au 29 août après un an d’interruption, il a donné la parole à Jim Walmsley, Sébastien Chaigneau, Stephany Howe ou encore Youssoupha N’diaye. Elites ou traileurs émérites, tous se souviennent avoir franchi un cap décisif le jour où ils ont foulé ce col.
Tout ou presque a été dit sur l’UTMB, devenu en 18 ans le graal des traileurs. Sans doute la plus grande et la plus exigeante course de trail au monde, elle est tracée autour du Mont-Blanc et traverse trois pays: la France, l’Italie et la Suisse. Ses pentes, enracinées au bout du Val Ferret et son point de vue sur le versant sud du massif du Mont-Blanc, marquent les corps et les esprits. C’est donc avec bonheur qu’on découvre « Le Grand Col Ferret », film de six minutes tourné par Alexis Berg, un habitué des lieux depuis 2013 – pas moins de six couvertures de l’ultra pour ce photographe/cameraman.
En collaboration avec Strava, son partenaire de longue date, Alexis Berg est revenu sur les traces, et les souvenirs, de grandes figures du trail qui tous, à un moment ou un autre de leur carrière, se sont lancés sur les sentiers de l’UTMB ou de la CCC, deux des quatre courses de l’UTMB passant par le segment mythique du Grand Col Ferret. Dans ce documentaire – point fort d’un focus sur douze segments chargés d’histoires façonnant l’OCC, la CCC®, la TDS® et l’UTMB® ; du Col du Bonhomme au Passeur de Pralognan, du Col de la Seigne à la Tête au Vent – on retrouve donc Jim Walmsley, la star américaine, adulée aux US, qui jamais n’a réussi à s’imposer sur cette course. Sébastien Chaigneau, l’ultratrailer haut-savoyard au palmarès impressionnant : 2e de l’UTMB, vainqueur de la Hardrock 100, de la TransGranCanaria et du Lavaredo Ultra Trail. Mais aussi Stephanie Howe, gagnante de la Western State. Sans parler de Natalia Mastrota qui s’est illustrée lors de la OCC 2019, de Carrie Craig, excellente traileuse britannique ou encore de Youssoupha N’diaye joueur et défenseur du Paris FC. Partis sur les sentiers de l’UTMB ou de la CCC, ils sont forcément passés par le Grand Col Ferret. A l’aube pour les meilleurs, bien plus tard pour ceux qui ne visent pas le chrono, mais bien plus à leur yeux : arriver, finir, boucler ce parcours sublime mais oh combien exigeant qui en 171 kilomètres et 46:30 heures maximum leur permettra de rejoindre Chamonix, leur point de départ.
Là, tout peut basculer
Pourquoi se focaliser sur ce segment ? La réponse est évidente, explique Strava : « C’est peut-être bien la montée la plus iconique, celle que tout coureur redoute. La montée vers le Grand Col Ferret, point culminant de la course (2537m) est constituée de deux paliers. Une partie plus roulante, au milieu, laisse un peu de répit avant d’entamer la rampe finale. L’arrivée au col est superbe, le panorama sur le Valais suisse d’un côté et le Val Ferret de l’autre est grandiose. » Les coureurs basculent alors vers la Suisse et le Canton du Valais. Ils entament alors la seconde partie de leur aventure, qui est loin d’être terminée.
« Le Grand Col Ferret, je me suis bien retrouvé quatre à cinq fois à marcher la nuit dans la montée pour arriver au lever du jour, parfois par -10°C. Son nom est un peu resté dans l’imaginaire, ça parle, car c’est le terrain des plus grands affrontements de l’histoire de l’UTMB, un lieu sauvage, isolé », poursuit Alexis Berg qui au fil des années suit la tête de course et se souvient y avoir découvert un « Jim Walmsley en détresse, en KWay, plié sur ses bâtons, comme on ne le voit jamais. Il s’était un peu égaré, et alors qu’il était à égalité avec François D’Haene, il a perdu la course à la descente. Ce passage est capital, c’est souvent celui qui va décider du scénario de la course. On l’a vu en 2015, lorsque Xavier Thévenard a gagné l’UTMB. Au col, il était talonné par trois Espagnols, et là, il a attaqué et j’ai vu sa frontale s’éloigner ». Un moment inoubliable pour un photographe qui sur cet ultra s’attelle à une couverture complexe. « Visuellement, c’est paradoxal », raconte-t-il, « car l’UTMB part tard, en fin de journée, et une bonne partie de l’action se déroule de nuit, pas simple derrière l’objectif » (un angle intéressant sur lequel il s’est focalisé en 2019 dans l’un de ses documentaires, ndlr).
«J’adore couvrir les ultras », explique le photographe. » Dans ce type de course, il se passe beaucoup de choses, et les imprévus réservent de très belles surprises. Mais l’UTMB a une dimension particulière, c’est la densité de haut niveau qui s’y cristallise. Qu’on ne rencontre nulle par ailleurs, sinon à la Western State Union, aux USA. A cette dimension, et sur le point stratégique du Grand Col Ferret, notamment, la possibilité du renversement de situation, les tensions qui s’y concentrent sont exceptionnelles. Il faut avouer que c’est assez rare dans ce sport-là. Bien sûr on se souvient du mano à mano en 2017 de François D’Haene et de Kilian Jornet, mais c’est aussi une course qui a beaucoup d’enjeux pour les gens. Tous les gens. Pour les élites dont la course peut être décisive aux yeux de leurs sponsors. Mais aussi pour tous les autres traileurs qui en ont rêvé depuis longtemps. Pour eux, c’est le sommet. Et pour tous, ça multiplie les émotions. Ce moment leur appartient à jamais », conclut-il.
Les segments iconiques des courses UTMB® Mont-Blanc
Découvrez l’histoire de 12 segments clés qui façonnent l’OCC, la CCC, la TDS et l’UTMB – du Col du Bonhomme au Passeur de Pralognan, du Col de la Seigne à la Tête au Vent – en images et racontées par des athlètes qui ont foulé ces chemins.
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Photo d'en-tête : Alexis Berg- Thèmes :
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