3000 kilomètres de sentiers traversant 14 parcs nationaux, des Pyrénées aux Vosges, l’Hexatrek n’a que deux ans, mais déjà 300 personnes l’ont parcouru de bout en bout, en plus de quatre mois de marche. Kevin Ginisty, passionné de trekking à l’origine de ce projet un peu fou, est parti à leur rencontre l’été dernier. Soif de liberté, de rencontres, de minimalisme ou tout simplement d’émerveillement tout au long d’un sentier d’une beauté saisissante, leurs motivations sont nombreuses, comprend-on dans ce documentaire de 42 minutes qui donne très envie de partir sur leurs traces.
La France compte 369 GR sur son territoire, quelques sentiers d’itinérance comme le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle ou encore la Via Alpina – mais jusqu’à il n’y a pas si longtemps, elle n’avait pas de trek reliant l’ensemble du territoire. C’est désormais chose faite. Après avoir été séduit par le PCT (Pacific Crest Trail) aux États-Unis, ou encore le Sentiero Italia chez nos voisins italiens, le Français Kevin Ginisty a voulu importer le concept d’un trek de plusieurs milliers de kilomètres dans l’Hexagone. Il a donc imaginé l’Hexatrek : un parcours de 3000 kilomètres (2500 km à l’origine, finalement rallongé pour profiter de plus beaux tronçons), des Pyrénées aux Vosges en passant par les Alpes, le Vercors ou encore les Cévennes, à travers 14 parcs naturels – que l’on peut parcourir dans les deux sens, « mais je recommande de le faire du sud vers le nord », conseille Kevin. Finalisé en 2021, il regroupe désormais 47 GR français sur un tracé unique, truffé des plus beaux paysages de France, tout en facilitant la pratique du bivouac – autorisé sur 70% du parcours.
En août dernier, nous interviewions Yves-Loup Fanton, premier finisher de ce « through hike », grande tranversée à la Française, qui nous racontait son expérience. Aujourd’hui, dans le tout nouveau documentaire que vient de réaliser Kevin Ginisty, « Le Sentiers des Sommets – La Grande Traversée de France / HexaTrek », c’est un large éventail de marcheurs qui témoignent. Rencontrés dans les Vosges, les Alpes, les grands plateaux du Centre, les Pyrénées ou le Pays basque, ils sont tous d’âge ou d’origines différents mais ils ont en commun un goût immodéré pour la liberté. Tour à tour étonnés par l’accueil que leur réservent les locaux – les « trails angels américains ont leurs pendants en France ! – la solidarité sur le sentier, mais aussi la variété des paysages qu’offre l’Hexagone, ils sont français, allemands ou néo zélandais, et marchent souvent en solo, garçon ou fille. Une expérience intime, à la découverte de l’essentiel, d’un certain minimalisme, explique Camille, ex Parisienne qui explique qu’il faut « juste se lancer, sans se poser de question ». Pour le plus jeune marcheur, 21 ans, c’est un sentiment de fierté qui l’anime, lui qui marche depuis 43 jours quand il rencontre le réalisateur. Et quand la fatigue gagne Marc, marcheur allemand, il applique sa « règle des 7 jours ». Si au bout de ce temps, la lassitude ou la souffrance sont encore là, c’est qu’il doit abandonner. « Mais en fait, au bout d’un jour ou deux, le coup de mou est passé, et l’envie est revenue », dit-il en souriant. Comme Alice, qui dit tirer de cette marche une confiance qu’elle gardera pour « sa vie d’après » et avoue que « je n’ai jamais été aussi bien qu’en ces quatre mois mois et demie de marche ! ».
L’Hexatrek en pratique
Une appli : Inspiré par l’application mobile américaine Guthook, Kevin Ginisty a mis au point une application comprenant le tracé total du parcours, ses différentes étapes, les intersections et les « immanquables », comme des « Merveilles naturelles », les plus beaux villages de France, des cascades et autres points de vues exceptionnels. Elle indique tous les lieux où le bivouac est autorisé, les refuges gardés et non gardés, les gîtes, campings et chambres d’hôtes. « L’objectif est de pouvoir trouver un point de chute à 10 kilomètres maximum de son point de départ », ajoute-t-il. Par ailleurs, tout comme sur le Pacific Crest Trail, certaines zones de l’Hexatrek ne sont pas praticables toute l’année, à cause de la neige notamment. L’application détaille donc les périodes les plus adaptées pour traverser ces tronçons, afin d’anticiper son périple et ne pas contraindre les marcheurs débutants à renoncer à des étapes entières du parcours, ou à devoir recourir à du matériel d’alpinisme lorsqu’elles sont enneigées.
L’application est gratuite lors du téléchargement, mais payante pour débloquer toutes les informations sur les différentes étapes du trek. « Chaque étape – soit environ 500 kilomètres chacune – coûte 5 euros. Pour accéder à l’ensemble du trek, il faut compter 30 euros. Les cartes sont aussi disponibles hors connexion, et une fois achetées, elles sont définitivement acquises.
Un site : pour en savoir plus sur les six étapes du parcours, c’est ici.
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