Parmi les coureurs de la MCC (40 km, 2300 m D +) cette année à Chamonix lors de l’UTMB, un traileur qui n’est pas passé inaperçu le 22 août dernier : « John McAvoy. Il y a dix ans quasiment jour pour jour, l’ex braqueur, longtemps parmi les hommes les plus recherchés du Royaume-Uni, sortait de la prison de haute sécurité de Belsmarsh. Là, il devait découvrir l’aviron et enchaîner les records. Devenu triathlète, le Britannique doit sa rédemption au sport et à l’amitié nouée avec l’un de ses gardiens de prison, et se voue désormais corps et âme à sortir de l’impasse les jeunes défavorisés. Via le sport, toujours. Un parcours hors norme retracé dans un remarquable documentaire produit par Redbull.
« Just do it », jamais le slogan de Nike ne s’est aussi bien appliqué qu’au Britannique John McAvoy, triathlète Iron Man courant sous les couleurs de la marque américaine depuis 2017. Cinq ans plus tôt, John était encore en prison de haute sécurité, condamné à perpétuité pour vol à main armée et à l’isolement dans la prison de haut sécurité de Belmarsh. Il affiche alors un CV de malfaiteur long comme le bras. Il est vrai qu’il a commencé tôt et ne connait que l’école du crime depuis l’enfance.
McAvoy perd son père avant sa naissance. C’est son oncle Mickey qui va s’ériger en figure paternelle. Et quelle figure ! Mickey fait partie du gratin du banditisme. A son actif, l’un des casses les plus spectaculaires de l’histoire britannique : le vol de la Brinks Mat en 1983. Avec son gang il dérobe des lingots d’or et des diamants bruts dans un entrepôt près de l’aéroport d’Heathrow. Montant : 26 millions de livres sterling. Entre sa mère, simple fleuriste, et cet oncle flamboyant, le petit John, 8 ans, fait vite son choix. Il est fasciné et suit les traces de Mickey.
A la mort de son meilleur ami, c’est le déclic
Premier casse, première condamnation. La deuxième le conduira direct à l’HMP Belmarsh, une prison de Haute sécurité où l’accueillera avec un Coran Abu Hamza, extrémiste islamique notoire. Trois ans à faire les cents pas dans une cellule de 2,4 m x 3,7 m et un jour, une nouvelle qui va changer le cours de sa vie. En 2009 le braqueur apprend la mort de son meilleur ami, Aaron Cloud. Ejecté d’une voiture en fuite après avoir dévalisé un distributeur de billets aux Pays-Bas, il est décédé sur le coup. « C’est alors que j’ai réalisé à quel point la vie est précieuse », confiera-t-il plus tard devant des salles de classe et dans des cours de prison où il partagera inlassablement son expérience.
« Je n’avais jamais perdu quelqu’un à qui je tenais autant. Mon meilleur ami était mort. Toutes les personnes que j’admirais et que j’admirais depuis que j’étais un petit garçon n’étaient plus que des vieillards pourrissant en prison et qui n’avaient rien fait de leur vie. Je me suis levé le lendemain matin : j’étais complètement perdu. Ma réputation, mon nom, tout était vide de sens. Je me suis regardé dans cette cellule de prison. J’avais gâché ma vie jusqu’à ce moment-là. J’ai pris une décision : Je ne voulais de cette vie là. » Détaille-t-il dans son biographie, « Redemption: From Iron Bars to Ironman ».
Parue en octobre 2016 ( non traduite en français à ce jour), elle va s’imposer comme un des livres les plus lus au Royaume-Uni. Et pas que dans les prisons. Car suite à la perte de son ami, McAvoy va se réfugier dans le sport. D’abord des burpees, pompes, step-ups, sit-ups et squats dans sa minuscule cellule. Puis très vite au gymnase de sa prison. Là, il découvre l’aviron indoor, sur rameur. Il s’y donne à fond, longtemps et avec rage. Car il apprend qu’il a le droit de dépasser le temps qui lui est alloué s’il s’entraîne à l’un des nombreux défis d’aviron organisés entre détenus.
En aviron, il enchaîne les records
Les résultats ne se font pas attendre. Il grimpe dans le classement de la prison puis, soutenu par un gardien qui remarque ses performances, il s’entraîne pour le défi de 24 heures d’aviron en salle. Il décrochera trois records du monde et sept records britanniques d’aviron en salle, tous réalisés en détention. Remarqué, McAvoy y gagne une mise en liberté conditionnelle.
A 2012, il a dix années d’incarcération derrière lui, et sort enfin de prison. Son objectif désormais ? Devenir athlète pro. Direction le London Rowing Club à Putney. Mais très vite il comprend qu’il est trop vieux pour réussir en aviron et se tourne les sports d’endurance et le triathlon. Nike sent la bonne histoire, l’athlète hors norme, la marque le soutient sur l’Iron Man. Mais également sur ses actions sociales. Car l’ex braqueur entend bien faire évoluer le système carcéral et y mettre en avant le rôle réhabilitant du sport.
Le Britannique créé sa propre fondation et s’implique dans plusieurs autres organisations caritatives, dont Boats not Bars, Gloves not Gunz et le Twinning Project. En 2018, il recommande notamment de lever l’interdiction d’enseigner aux détenus la boxe et les arts martiaux. Et l’année suivante, en 2019, il devient ambassadeur auprès de la Commission européenne. Objectif : encourager la pratique du sport ( cyclisme, snowboard… ) notamment auprès des plus démunis et des enfants des quartiers défavorisés.
« Le sport a changé ma vie « explique-t-il dans sa biographie. « et sans lui, je ne serais pas l’homme que je suis aujourd’hui. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que d’autres aient la même opportunité trouver un sens à leur vie. »
Après le documentaire, la fiction made in Hollywood
Une histoire de rédemption comme on les aime Hollywood qui lui vaut maintes propositions d’adaptations à l’écran. Longtemps, John McAvoy se contentera du documentaire que lui consacre Red Bull réalisé par Jonny Madderson et Jono Stevens, à découvrir ci-dessous. Mais le 3 septembre dernier, il annonce sur Instagram qu’enfin il a trouvé un partenaire en phase avec sa philosophie. L’affaire est donc signée. Nul doute que cette « fiction inspirée de faits réels » aura autant de succès que son autobiographie. En attendant, l’athlète, un permis de séjour en règle dans la poche, est aujourd’hui installé en France, du côté de l’Alpe d’Huez. Loin des mauvaises fréquentations et tout près des montagnes, il enchaîne les sommets sur son vélo de route et arpente les sentiers. Car sa nouvelle passion à 37 ans maintenant, c’est le trail. Et après la MCC, préparée en six semaines, où il s’est classé dans les 80 premiers, il va courir le Nice Côte d’Azur, un trail de 60 km du circuit UTM World Series.
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