Plus improbable comme défi, ça semble difficile ! C’est pourtant ce que Fab, freeskieur depuis l’âge de 17 ans, accessoirement aussi le co-réalisateur de la série culte Bon Appétit, a réussi à vendre à Salomon et à Snowleader qui en ont tiré un doc de 41 minutes mis en ligne ce mardi 19 décembre. Bien vu : cette histoire concentre tout ce qu’on aime : du freeski, du déniv dans les Alpes, de la belle image, une météo 5 étoiles et une bande de potes – Mathieu Navillod, Nico Favre et Clément Picart – assez barrés pour enchaîner en 10 jours les 14 sommets à plus de 2 000m d’altitude du massif des Bauges. Sans oublier un discours qui fait sens, sans prendre la tête. Assez rare pour le signaler.
C’est le genre de périple qui n’aurait jamais dû voir le jour. Une blague en fait que lance il y a quatre ans Fabien Maierhofer au cours d’une semaine de team meeting Salomon – son sponsor depuis 2001 – « A l’époque plusieurs athlètes présentaient des projets d’enchaînement de sommets », nous explique-t-il. « Notamment Liv Sansoz et ses 82 sommets de 4000 mètres d’altitude des Alpes ». Pas de quoi trop inspirer Fabien qui soudain lance « les 14 sommets de 2000 mètres des Bauges ! ». Ça ne fait pas rêver ? Et bien si. Salomon suit, en profite pour mettre au point au passage un masque spécial (une série limitée aujourd’hui à 50 exemplaires ) et surtout tester son dernier ski, le QST Echo 106, lauréat du Snowleader Mountain Test, Snowleader sera d’ailleurs embarqué dans l’aventure, histoire d’en tirer aussi un film. Nominé dans la catégorie Best Movie au High Five festival 2023, le dernier opus de Fabien Maierhofer est lauréat du prix « Préserve ta Montagne » au festival Xplore 2023. À juste titre, car à l’heure où les films du type « mes aventures dans mon jardin » se multiplient, ce film sans prétention, mais non sans intention, apporte quelque chose de nouveau.
14 sommets en 10 jours de ski
Filmé par Nico Favre, avec lequel Fabien Maierhofer a réalisé huit ans de web série Bon Appétit, il met en scène Mathieu Navillod « de l’équipe de France de skis de bosses, mon faire valoir », dixit Fabien et Clément Picart « pilote de drones inspiré, pro skieur », dont la complicité avec le rider fait plaisir. C’est en effet une bande de potes qu’on suit sur dix jours de ski quasiment non-stop en janvier dernier dans les Bauges. Dix jours bénis des dieux car la neige est au rendez-vous « ce n’était pas acquis », explique Fabien Maierhofer, et la méteo est quasiment tout le temps au beau fixe. De quoi enchaîner les fameux 14 x 2000 sans lambiner et en invitant au passage quelques guest stars dans un film à la bande son musclée, dont le montage doit beaucoup au cinéma, « ma vraie inspiration », explique Fabien.
Au programme, donc :
La pointe de Chaurionde, la Dent de Cons, le mont Colombier (avec Jérémy Prevost, figure du FWT), la dent d’Arclusaz, le Grand Parra, le Tre Le Mollard et le mont de La Coche (et L’Encerclement !). Le Trelod, suivi du « Circuit des Ar », en mode light, à savoir la pointe des Arlicots, la pointe des Arces, et le mont d’Armenaz (avec Cédric Pugin). Puis le Pecloz, avec Kapil Haril (guide indien pourvoyeur d’un dal mémorable) et l’ami Christophe Dumaret. L’Arcalod, après consultation de Jéremy Janody, rapport à une descente à 50 % plutôt corsée, et enfin la pointe de la Sambuy. Un enchaînement dont les quatre potes vont sortir rincés mais comblés : « Il faut aller jeter un coup d’œil dans les Bauges », explique Fabien, c’est un massif hyper protégé où tu trouves des raideurs que normalement tu n’as que 1000 mètres plus haut. On a vraiment un super terrain de jeu dans les Alpes », poursuit-il.
Pas de grands discours moralisateurs
Un discours qu’on connait bien (mais on ne le répètera jamais assez) et qui sonne juste. Car dans ce doc, pas de voix off lénifiante nous rappelant pour la énième fois que la planète va mal, mais que, oui, on peut faire quelque chose en regardant plus près, et mieux. Ici, juste des faits, qui parlent tout seuls. « Je voulais que ce film ait plusieurs lectures, en mode aventure pour un enfant par exemple et qu’un adulte y trouve aussi de quoi réfléchir un peu. Est-ce que je vois si les choses bougent un peu quand même autour de moi ? Oui, ça commence. Mais je vois aussi un vrai écart entre les skieurs européens et les américains qui, un temps, ont essayé de jouer à domicile en mode écolo et qui aujourd’hui reviennent comme avant, à grands coups de motos neiges et d’hélicos. Mais c’est vrai que là-bas, tout est plus grand, les marches d’approche sont nettement plus longues. D’ailleurs, pour se défendre, les Nord-Américains disent que nous sommes bien chanceux, avec nos stations partout. Et beaucoup viennent s’installer à Cham pour ça ».
Pas pessimiste pour autant, Fabien Maierhofer ajoute que le ski est à un tournant. « Comme dans la voiture, le modèle économique va changer. On va vers du locatif que le consommateur achètera en leasing, en misant sur moins de matériel, mais peut-être plus versatile. C’est le cas par exemple du dernier ski de Salomon, le QST Echo 106. Je le connais bien, j’ai aidé à le développer. Ce que je trouve intéressant, c’est qu’il a le même moule que le 106 classique, dont la technologie était bien, mais il est plus joueur, plus réactif. Pour moi, il représente l’évolution en freerando vers laquelle les marques vont aller dans les prochaines années ».
Versatile, un principe qui lui parle. Car, à peine bouclé le projet « 14×2000 » , Fabien Maierhofer – bientôt 40 ans et un sacré CV derrière lui – gamberge déjà sur un tas d’idées. En perspective : « quelque chose avec Vivian Bruchez et Mathieu Navillod cet hiver ». Mais aussi, loin de l’univers du ski « où les budgets se resserrent, un projet de descente de canyon en Ecosse », une autre corde à l’arc d’un athlète qui se définit lui-même comme un couteau suisse. « C’est assez facile à rejoindre en train depuis Chambéry », explique-t-il. « Là-bas, ils sont hyper courts, mais on pourrait en tirer de super images de drones ». À moins que le rider ne change radicalement de cap. Car le dernier film qui l’a marqué, c’est « On a marché sous la terre » d’Alexandre Lopez. « un film hyper engagé, une histoire bien amenée, qui n’est pas sans rappeler l’esprit de l’alpinisme des débuts », conclut Fabien. « La spéléo reste un vrai domaine d’exploration, c’est surprenant que pas plus de gens ne s’y intéressent. Christophe Dumarest, s’y est mis, il a accroché direct ! On pourrait y amener une culture hyper intéressante ! ».
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