Imaginez le concept : parcourir 500 km à pied à travers les Cévennes, avec un télescope sur le dos, et bivouaquer chez l’habitant en improvisant chaque soir. Cette idée est celle de Stephen Rater, un astronome randonneur, parti en septembre 2020 à la rencontre du premier venu pour partager sa passion du ciel, accompagné du réalisateur Boris Wilmart. Les deux compagnons de marche en ont tiré « Marche à l’étoile », un beau documentaire de 25 minutes.
L’astronomie vous parait obscure ? Laissez Stephen Rater vous éclairer. Équipé d’un télescope, vous le croiserez peut-être sur des sentiers de randonnée, ou dans les petits villages de moyenne montagne. Et peut-être pourrez-vous même l’héberger, le temps d’une nuit, en échange d’une soirée passée à parler d’astronomie, et à observer planètes et galaxies.
Passionné autant du ciel que de trekking, Stephen a développé le concept d’« astro-bivouac ». L’idée est simple : parcourir plusieurs centaines de kilomètres, à la rencontre des habitants d’une région pour découvrir leur vision de l’univers, leur interprétation des étoiles, et leur offrir un coup d’oeil dans son télescope. Le tout, en essayant de bivouaquer chez l’habitant, en improvisant chaque jour, en mode « J’irai dormir chez vous », la célèbre émission d’Antoine de Maximy.
L’idée d’une équipe très réduite, limitée à deux personnes pour préserver une certaine intimité avec les habitants, a immédiatement séduit Boris Wilmart, cadreur et réalisateur pour Baka Films. Ensemble, les deux aventuriers ont ainsi traversé 500 kilomètres à pied, entre Valence et Carcassonne. Une histoire racontée avec poésie dans « Marche à l’étoile », un documentaire de 25 minutes, tourné « uniquement au reflex pour garder le plus de proximité possible avec les gens rencontrés », explique le réalisateur.
« L’astronomie nous aide tous, d’une façon ou d’une autre »
Aventurier dans l’âme, Stephen Rater a développé ce concept après une première expérience au Népal : « Je suis d’abord parti en 2014 pendant trois mois pour marcher tout seul. Là bas, j’ai rencontré un professeur qui m’a invité à venir parler de dessin et d’astronomie à des enfants. Quand je suis rentré en France, j’ai voulu creuser dans cette voie. Je suis retourné au Népal en 2018, marcher pendant un mois avec un ami, pour dormir chez l’habitant et proposer des observations du ciel », confie-t-il. Depuis, il propose des séjours « AstroBivouac » partout en France.
« Peu importe où je vais, il y a une chose que je retrouve dans toutes mes sorties : la curiosité de tous ceux que je rencontre. Peu importe l’âge, beaucoup pensent que l’astronomie n’est pas accessible, alors que ses propres yeux suffisent pour contempler le ciel. Finalement, très peu de monde l’a déjà observé à travers un télescope ou une lunette », constate-t-il.
« Et pourtant, ce qui est fascinant, c’est que chacun voit une histoire personnelle dans le ciel. Par exemple, on a rencontré Francine, qui à 90 ans, n’avait vu que deux étoiles filantes avant qu’on arrive. Elle nous a parlé de la perte de son premier enfant, à un jeune âge, qu’elle retrouve en regardant là-haut – sûrement le témoignage le plus poignant de tous. Je pense que l’astronomie nous aide tous d’une façon ou d’une autre, ça nous aide à prendre de la distance avec nos problèmes », ajoute Stephen.
En projet : à la rencontre des nomades, au Kirghizistan
Abordée avec une grande sensibilité, l’astronomie est expliquée de manière simple par le spécialiste. Pas de jargon scientifique trop technique, ni de prétention dans ce documentaire qui saura toucher un large public – et qui, peut-être, inspirera des vocations.
Stephen et Boris ont déjà prévu d’exporter leur concept dans un futur voyage au Kirghizistan, en juin prochain, avec un nouveau film de 52 minutes. « C’est un pays avec peu de grosses villes, ce qui veut dire pour nous peu de pollution lumineuse. En plus, les habitants sont issus d’une culture assez nomade, ils doivent avoir un rapport à la lecture du ciel, et des histoires passionnantes à raconter », explique Stephen.
« Ensuite, on aimerait bien continuer de faire ça pendant plusieurs années, voire trouver une boite de production pour nous accompagner et pousser plus loin le projet », suggère Stephen et Boris.
Le film n’est actuellement plus disponible.
Photo d'en-tête : Cameron Venti