Yannick Boisssenot, réalisateur de ce documentaire tourné en Patagonie, avait « envie de faire un film qu’on prend le temps de regarder ». Pari réussi. Avec lui, sur les routes et les sommets argentins, il a embarqué Julian Casanova et Pierre Hourticq, deux guides chamoniards, et Camille Armand, snowboarder du Free Ride World Tour, pour un périple de 5 000 km. Ski extrême entre potes, paysages sublimes et bande son sur mesure… Ce road-movie teinté de western a fait le plein de prix dans les festivals, il est désormais en ligne en accès libre.
Au départ, comme souvent, une rencontre. Julian Casanova et Pierre Hourticq, skieur de pente raide, se lient d’amitié sur les pentes les plus engagées du massif du Mont-Blanc. L’Argentin raconte sa Patagonie, El Chalten… il ne faudra pas beaucoup les pousser pour que se dessine le projet d’aller poser leurs skis sur ces montagnes sauvages. A l’épopée des deux guides chamoniards va se joindre Camille Armand, snowboarder freestyle sur le Freeride World Tour.
Parti de la ville natale de Julian, San Martin de los Andes, le trio va traverser la Patagonie du nord au sud entre le Chili et l’Argentine afin de rejoindre El Chalten, aux abords des mythiques Cerro Torre et Fitz Roy, où les attendaient des conditions de rêve. Sommets vertigineux, lignes engagées… Yannick Boisssenot, skieur de pente raide lui-même et un habitué des tournages extrêmes (notamment « La liste everything or nothing », avec Jeremy Heitz et Sam Anthamatten) sait en saisir toute la beauté. Mais au-delà d’un film de ride, où les acteurs forcent le respect sans prendre toute la place, c’est à un voyage dans des paysages sublimes, filmés en format 2.35:1, « le plus adapté pour capturer ces étendues immenses », que nous embarque le réalisateur qui signe sans doute ici l’un de ses films les plus travaillés, du storytelling, à l’étalonnage.
Fan de Sergio Leone, Yannick Boissenot revisite ici avec humour le genre western spaghetti. Tout l’y incite. Les horizons sans fin, les gueules burinées croisées au cours du périple, jusqu’à une improbable mine abandonnée et son ponton branlant sur lequel le trio accoste avant de s’élancer vers les sommets.
Et, forcément, la bande son suit. Elle est marquée par l’empreinte d’Ennio Moriconne, mais revisitée grâce à une intéressante collaboration avec le studio Zikali qui signe le thème courant tout au long du film. Sans parler, bien sûr, des musiques de Spindrift, un « psychedelic western rock » band qu’on a vu notamment collaborer avec Tarantino. De quoi donner au documentaire une dimension supplémentaire.
Photo d'en-tête : Yannick Boissenot- Thèmes :
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