À peine sorti sur les plateformes de VOD – en octobre 2019 – que le récit de l’épopée du snowborder de La Mongie s’attaquant à la montagne d’eau haiwaïenne Jaws s’était hissé en 24 heures en tête des ventes sur iTunes. Retour avec Mathieu Crépel sur une préparation de deux ans entre mer et montagne à l’assaut de la vague la plus puissante du monde, filmée et racontée par son ami d’enfance – et ancien snowboarder pro – Morgan Le Faucheur. Un film au succès incroyable enfin en libre accès !
Le quadruple champion du monde de snowboard Mathieu Crépel a toujours cherché à conjuguer ses passions pour le snow et le surf. De là à affronter le monstre d’eau Jaws, graal des big wave surfeurs les plus expérimentés, il y avait un pas immense, que le rider n’a pas hésité à franchir. Comment mieux sortir de sortir de sa zone de confort qu’en s’attaquant au plus exceptionnel de tous les sommets d’eau ?
“Je me pose encore la question de ce qui m’a pris… Je me le suis surtout demandé sur le moment. Je me suis dit ‘mais pourquoi tu fais ça, t’es vraiment trop con !’, se rappelle en riant Mathieu Crépel. Mais je n’avais plus grand chose à prouver dans ma carrière de snowboarder et je voulais découvrir un univers qui n’était pas le mien. J’ai besoin de choses hors-norme pour me dépasser, et Jaws m’est venue un peu par rencontres, comme on le voit dans le film. J’avais fait la connaissance de Koa Rothman, un des plus jeunes bigwave surfeurs qui cartonne actuellement, sur un photoshoot pour un sponsor, et il m’avait dit “Il faut que tu viennes à Hawaï’. Mais je n’allais pas aller en vacances là-bas ! On peut faire quoi de sympa sur place ? Jaws bien sûr ! »
En revanche, hors de question de se jeter tête baissée dans le défi. Mathieu Crépel a soigneusement préparé son challenge et s’est entouré des meilleurs, histoire d’éviter que son aventure ne se finisse broyée dans les mâchoires du mur liquide. On le suit ainsi à la rencontre de Guillaume Néry – que l’on ne présente plus – qui l’entraîne dans les profondeurs de la rade de Villefranche pour lui enseigner à mieux appréhender le temps passé sans respirer sous des mètres cubes d’eau. Au rendez-vous également, Gerry Lopez, légendaire surfeur hawaiien surnommé « mister pipeline » ou encore Koa Rothman, prodige du big wave et coutumier de Jaws.
“Ça paraît peut-être fou comme challenge, mais j’ai essayé de calculer les risques au maximum et de ne pas en prendre d’inconsidérés, explique Mathieu. Et l’idée de convier Guillaume, Koa ou Gerry, c’était aussi de pouvoir vivre une aventure humaine en allant à la rencontre de gens experts dans leur domaine. Chacun d’entre eux me touche et m’inspire par sa vision de son sport et de sa manière de le pratiquer : je voulais aussi montrer ça.”
Quand on demande à Mathieu Crépel si les sensations entre Jaws et une pente sont similaires, il est catégorique : un peu, mais en fait pas du tout… “Le rush, l’adrénaline, les interactions chimiques dans le corps, je les ai déjà vécues et c’est similaire, détaille-t-il, mais c’était en même temps complètement différent. Le fait que ce soit l’aboutissement de deux ans de préparation, de savoir que tout reposait sur ce moment… C’était particulièrement éphémère : même par rapport à une belle pente en snow en Alaska, c’est encore plus court ! Le rush n’en est que plus intense. On est dans un état second et c’est dur de prendre du plaisir. Je me préparais au pire à chaque instant, à chaque petit clapot je voyais la chute arriver et être brassé comme je ne l’ai jamais été… C’était un peu comme les alpinistes qui font l’Everest et qui disent qu’à la fin chaque pas paraît être une montagne. Bah là c’est pareil, chaque mètre était une petite réussite à laquelle je me raccrochais”.
À mi-chemin entre documentaire et feel good movie, « Shaka » (qui tire son nom du geste de la main typique de la culture surf – pouce et auriculaire tendus tandis que les autres doigts sont refermés) nous entraîne dans une aventure sportive mais surtout humaine, une quête personnelle réjouissante sur le dépassement de soi, avec toujours l’amour de l’eau et le respect des éléments chevillés au corps : “J’ai une connexion avec l’eau dans tous ses états, qu’elle soit solide ou liquide, conclut Mathieu.”
Photo d'en-tête : Shaka Film