Médaille d’or aux XGames cette année, médaille d’argent aux J.O d’hiver en 2018, à 19 ans, la Suissesse originaire de la région de Fribourg a brûlé les étapes en trois saisons seulement. De quoi en perdre la tête. Pas le genre pourtant de la jeune rideuse qui n’a qu’une hâte entre deux compéts … filer se ressourcer dans le petit village de La Berra, au coeur de sa terre natale, la Gruyère.
A deux ans, Mathilde mettait les pieds sur des skis. Une évidence quand on a grandi à La Berra, dans la région de Fribourg à quelque 100km de Genève, où se succèdent les stations – Schwarzsee, les Paccots, Jaun, Charmey, La Berra, Moléson-sur- Gruyères. Un paradis du ski, accessible à tous les budgets. Dès qu’elle est en âge de s’éclipser seule, elle passe chaque minute de son temps libre à dévaler les pistes avec les enfants du village. Une petite bande d’inconditionnels de la glisse. Leur truc ? Sauter ! Pas de tremplin assez haut ? Aucun problème. Une pelle avalanche empruntée aux parents suffit à creuser le relief. De quoi se donner des frissons en se catapultant dans la poudreuse, se souvient celle qui avoue avoir « toujours aimé les cabrioles et les acrobaties. On n’était pas loin de la route cantonale et pourtant il n’y avait pas de circulation. Nous, les enfants, on faisait du vélo, du patin à roulettes, du trampoline et du ski bien sûr. J’ai eu une enfance formidable », raconte-t-elle.
C’est pourtant en athlétisme que Mathilde excelle dans un premier temps. Elle remporte même quelques championnats régionaux en course à pied. Mais à 12 ans, c’est des grands shoots d’adrénaline qu’elle cherche. Elle les trouvera dans le freestyle. Et vite.
Dès la saison 2016/2017, elle enchaîne les podiums en slope style et big air, avec en point d’orgue une médaille d’or aux XGames en Norvège décrochée grâce à un éblouissant switch double Cork 1080. Ce double salto arrière avec triple rotation lui vaut un 50/50. La note parfaite!
Mais quelques semaines plus tard, elle participe en République tchèque à un événement pour l’un de ses sponsors et atterrit mal après un saut. « Quand j’ai voulu enlever mes skis, j’ai senti que ma jambe droite ne tenait plus. » raconte-t-elle. Quelques heures plus tard, la douleur commence. Le diagnostic est impitoyable : déchirure partielle du ligament croisé antérieur. « J’ai tout de suite pensé aux Jeux Olympiques. Que c’était fini pour moi. », se souvient Mathilde. Malgré cela, elle ne perd pas espoir. Et elle a raison. Cinq mois et demi plus tard elle est de retour sur les pistes, aucune douleur en vue. « Finalement, les Jeux Olympiques, pourquoi pas ? » se prend à nouveau à rêver l’athlète. Bien lui en prit, 298 jours après son opération, elle est médaille d’argent aux jeux de Séoul.
Dure au mal, la jeune Fribourgeoise, mais pas tête brûlée pour autant. Elle songe à sa progression personnelle, bien sûr, mais aussi à celle du freeride. « Sur le circuit féminin, beaucoup de variantes de figures peuvent être explorées, comme les doubles (périlleux, ndlr). » explique-t-elle volontiers dans ses interviews. « Si je pouvais apporter ma touche au ski freestyle, ce serait vraiment une belle réussite (…) mais je ne veux pas brûler les étapes. En freestyle, on ne sait jamais vraiment comment cela peut tourner. »
Techniquement, Mathilde Gremaud a un don, selon son entraineur. Chaque skieur évolue naturellement dans le sens d’une rotation, mais a des difficultés avec l’autre. Pas Mathilde. Elle vire avec aisance sur la gauche, mais peut aussi créer des figures complexes en virant sur la droite. Un must en slopestyle pour qui veut marquer des points. Autre atout : sa facilité à se positionner dans l’espace. L’une des conditions les plus importantes dans un sport où tout se décide en quelques secondes. « Dans l’air, je décompose mon mouvement, je regarde partout où je peux m’orienter. C’est toujours différent et en même temps toujours pareil. Cela se produit rapidement et au ralenti en même temps. Je visualise mon saut au moment où je l’exécute », expliquait Mathilde au Schweizer Illustrierte en 2018.
Une maîtrise technique qui semble aller de pair avec une certaine maturité globale si l’on en juge par l’attachement de Mathilde à ses racines. Depuis 2016, elle s’entraine cinq heures par jour, quatre jours par semaine, mais c’est dans son village de La Berra qu’elle se réfugie dès qu’elle le peut. Entre les ballades en raquettes, les excursions dans les chalets d’alpages et les sorties en ski en famille, les évasions ne manquent pas.
Pour en savoir plus sur les activités de la région du Fribourg : ski bien sûr, mais aussi raquettes – plus de 150 km de sentiers balisés pour tous les niveaux – c’est ici.
Photo d'en-tête : Suisse Tourisme)(