Dérivée du funambulisme, popularisée par les grimpeurs, la slackline a ses stars, les Flying frenchies ou, championne du monde en titre, la Brésilienne Giovanna Pétrucci du team Gibbon, récemment interviewée par Outside, mais aussi mille vertus accessibles au commun des mortels. Dernière en date, la rééducation. Une méthode très populaire chez les sportifs allemands qui fait de plus en plus d’adeptes en France.
C’est aux grimpeurs que l’on doit l’émergence de la slackline. Dans la continuité du funambulisme, pratiqué depuis le 18e siècle, cet art de déambuler sur un fil plus ou moins perché sort des cirques dans les sixties pour devenir une pratique à part, souvent utilisée comme entrainement pour l’escalade. Il faut aller jusqu’en Californie, dans la fameuse vallée du Yosemite, Mecque de la grimpe US, théâtre des exploits d’Alex Honnold dans « Free Solo » , pour voir s’entrainer les premiers grimpeurs en mal de falaise. Une corde tendue entre deux arbres, une chaine barrant le chemin font alors l’affaire pour tuer le temps ou tout simplement pratiquer quand la météo ne se prête pas vraiment à une sortie. Toujours très créatifs, ces «climbing bums » immortalisés dans l’incontournable docu « Valley uprising », vont vite détourner leurs cordes, les fixer à plusieurs dizaines, voire centaines de mètres. Le « slacklining » est né, renommé highline dans sa version la plus vertigineuse.
Pendant près de 30 ans, la pratique ne sort pas de l’univers des grimpeurs et des alpinistes. Il faudra attendre les années 2000 pour voir arriver sur les plages et dans les parcs des « slacklinners ». La « slack » devient sport de loisir, d’acrobatie ou de l’extrême. La pratique plait : elle est simple, fun, accessible à tous, nécessite peu de matériel, pas chère, et peut se dériver quasiment à l’infini. Si tous les nouveaux adeptes ne se jettent pas sur la highline, très engagée, ils peuvent se faire plaisir assez facilement dans la version de base, la trickline, s’adonner au saut avec la jumpline, viser les longues distances, en longline, ou s’amuser au-dessus de l’eau, c’est la waterline. Bref, la slack prend un peu partout dans le monde en mode récréatif avant que le monde médical ne s’y intéresse.
Bon pour le dos et les jambes
Car au-delà du fun, certains médecins, kiné et entraîneurs se rendent compte que la slack à plus d’un avantage pour la santé. A commencer par améliorer l’équilibre. Que la slackine soit tendue à cent mètres du sol ou à trente centimètres, tout est question de stabilité, qualité indispensable au skieur comme au traileur. Outre qu’elle fait des abdos en béton, elle renforce les muscles du dos et apprend à stabiliser hanches et colonne vertébrale. Enfin, la pratique fait travailler les jambes, car pas d’équilibre sans flexion des genoux pour abaisser son centre de gravité. De quoi au final s’éviter pas mal de douleurs lombaires et de blessures au niveau du bas du corps, des genoux aux chevilles.
Des vertus confirmées par Moritz Hamberger, ancien membre de l´équipe allemande de télémark, aujourd’hui entraineur : « En ski, il faut constamment s’adapter à la situation du moment (terrain, neige, piste, vitesse, météo, équipement) par des mouvements rapides et bien coordonnés, afin d’avoir un contrôle permanent de la vitesse et de la direction. Sur la slackline, cette situation en constante évolution peut être parfaitement simulée. Pour ne pas tomber, il faut toujours reconnaître la nouvelle situation et y réagir de manière optimale. Exactement comme en ski. »
Le renforcement, sans les chocs
Un bel outil de prévention donc, développant la proprioception et le contrôle postural, mais aussi de rééducation, constatent les médecins confrontés chaque jour à des sportifs blessés que la simple vue d’une salle de kiné déprime. Car, bien utilisée, la slackline permet de renforcer ses muscles sans prendre de gros chocs, tout en travaillant le mental et la concentration, confirment plusieurs études. Sans compter le témoignage de sportifs : “Il y a 2 ans, je me suis blessé à la cheville assez gravement en snowboard », explique le snowboarder Paddy Phelan. “Après avoir essayé de multiple exercices sans trop de résultats concluants, mon docteur m´a alors recommandé d’essayer la slackline. Deux mois après, ma cheville allait notablement mieux. J’utilise maintenant la slackline pour tout ce qui concerne le renforcement des articulations, le renforcement musculaire et tout simplement pour m’amuser. »
“S’amuser”, la dimension ludique n’a pas échappée aux kinésithérapeutes. La plupart des programmes de rééducation se focalisant sur la stabilisation posturale, la stabilité́ fonctionnelle des articulations et l’amélioration du feedback sensoriel, de nombreux thérapeutes ont ainsi commencé à s’intéresser de près aux applications possibles de la slackline en physiothérapie.
Et s’ils disposent aujourd’hui d’une large palette de techniques et d’exercices qui permettent d’améliorer les capacités d’équilibre, ils savent aussi que leur efficacité repose largement sur l’adhésion du patient. Or les sportifs blessés, soudain privés de course à pied, vélo ou ski, ne vivent pas toujours bien cet arrêt brutal de leurs activités favorites. Il est donc nécessaire de les intéresser et de les intégrer dans la thérapie. Et c’est justement ce que propose la slackline. Innovante, elle améliore incontestablement les performances sensorimotrices et le contrôle postural, tout en restant ludique. De quoi rendre accro à la rééducation. Ou presque !
Le témoignage de Caroline Käding, physiothérapeute chargée du contenu médicale du concept Slackfit, chez Gibbon, leader du marché de la slackline
Depuis sept ans, Caroline Käding s’intéresse aux avantages de l’entrainement avec la slackline à des fins de rééducation ainsi que pour la prévention de maladies et handicaps. Le nombre grandissant de preuves scientifiques en faveur de l’effet positif de cette pratique sur le corps et l’esprit l’a convaincu que la polyvalence de la slackline est la méthode d’entrainement du futur. En témoigne, l’étonnante récupération d’un des athlètes pros du team Gibbon qu’elle suit, le Brésilien Pedro Rafael – World Champion 2015, double world champion transfer – blessé en 2018, lors des World Slacklines Master de Munich.
« Avant son accident », raconte Caroline Käding, « Pedro était en bonne condition physique mais il avait déjà eu plusieurs blessures à la jambe. Que lui est-il arrivé ? Il s’est mal réceptionné suite à une chute de plusieurs mètres de haut, sur des matelas. Nous l’avions bien sûr assuré pour la durée de son séjour mais un imbroglio administratif a rendu cette couverture santé inapplicable. Or l’accident lui a valu des déchirures de trois des structures constituant le genou : le ligament croisé antérieur, le ligament latéral interne et le ménisque médial.
Quelques jours après, nous avons appris que Pedro devait rentrer en urgence au Brésil pour des raisons privées. Aucune opération n’était donc plus possible en Europe. Nous avons eu trois semaines seulement pour rendre sa jambe la plus fonctionnelle possible », explique la physiothérapeute. « Pedro a passé plusieurs jours en béquilles, reçu quodiennement des drainages lymphatiques et il s’est attaqué tout de suite à des exercices très simples sur le Slackrack (un dispositif simple permettant de travailler très près du sol, ndlr). Une fois l’inflammation réduite et la motion des genoux retrouvée, Pedro a commencé des exercices plus difficiles sur le Slackrack. Sa bonne condition physique, sa résistance à la douleur et son mental ont beaucoup aidé à la réhabilitation », reconnait la thérapeute. « La stabilité de ses muscles due à la pratique de la slackline a permis une rééducation rapide, sans cela, sa blessure aurait surement était plus grave. Après trois semaines d’intenses massages et exercices sur le Slackrack, Pedro pouvait de nouveau faire du vélo, de la slackline et courir. Le principal problème restant les mouvements latéraux ».
Pedro continue aujourd’hui de suivre les exercices de rééducation conçus par la kinésithérapeute. « Je m’y applique tous les jours pour renforcer et stabiliser ma jambe », explique-t-il. « J’avoue que ça a été dur pour moi au début, car j’avais très peu de forces, mais aujourd’hui, c’est rentré dans ma routine quotidienne. Et franchement, ça m’a changé la vie ». conclut-il.
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