Plus de 20 millions de pratiquants à travers le monde – près de 900 000 rien qu’en France. Des courses de plus en plus nombreuses, le trail est la discipline qui connaît la plus forte croissance depuis 2010 », selon la Fédération internationale d’athlétisme. Au point que ce sport nature par excellence pourrait bien aujourd’hui avoir un impact négatif sur l’environnement. Face à ce paradoxe, les grands événements, repartis de plus belle en 2021 après une année blanche, commencent enfin à réagir, mais à des niveaux très divers. A la veille de l’ouverture de la COP26, Outside a donc enquêté pour identifier les plus vertueux et ceux qui sont à la traine, parce qu’aujourd’hui plus personne ne peut plus dire qu’il ne savait pas. Et parce que, chacun d’entre nous, à tous les niveaux, n’a plus qu’un seul choix : agir.
Repousser ses limites en parcourant les plus beaux sentiers du monde. Accumuler les points, et les compétitions, pour décrocher un dossard à l’UTMB – le Graal pour beaucoup de coureurs – quitte à sauter d’un avion à l’autre dans la saison… de plus en plus de trailers voient leur bilan carbone peser lourd, alors même que leur pratique se veut proche de la nature. Dans le viseur bien sûr, non point le coureur s’échappant le matin sur les sentiers de sa région, mais les grandes courses rassemblant des milliers de concurrents venus des quatre coins de la planète. Car, à un tel niveau de pratique, le bilan carbone est non négligeable. Un point auquel sont sensibles de plus en plus de pratiquants, qui avant d’être des compétiteurs sont et restent des amoureux de la nature. Alors comment ripostent les organisateurs de courses pour limiter l’impact environnemental du trail ? Quelles solutions proposent-ils ? Sur quels points buttent-ils encore ?
Pour y répondre, nous avons lancé une grande enquête en juillet dernier auprès des plus grands événements de trail, en Europe principalement, mais aussi aux Etats-Unis et au Maroc, afin de réaliser un état des lieux des courses en fonction de leurs efforts, mais aussi des interrogations qu’elles soulèvent. Un formulaire complet de 30 questions leur a été soumis, interrogeant au maximum les démarches environnementales des épreuves, allant de la gestion des déchets à celle des transports, en passant par la qualité du balisage, des produits de ravitaillement et des « goodies ».
Tous les événements ont beau généreusement communiquer sur leurs efforts en matière d’écologie – c’est tendance ! – à l’heure de fournir des éléments concrets et chiffrés, sept courses seulement sur les quatorze interrogées, nous ont répondu. A savoir le Grand Raid de La Réunion, la MaXi-Race, l’UTMB Mont-Blanc, le Marathon du Mont-Blanc, le Tor X, la Western States Endurance Run et le Marathon des Sables. Nous tenons à en remercier les organisateurs qui ont pris le temps d’y répondre aussi précisément que possible. Mais on ne peut que regretter que le Festival des Templiers, la Saintélyon, la Hard Rock 100, le MIUT, l’Ultra trail Mt Fuji et … L’Ecotrail, toutes pourtant sollicitées à plusieurs reprises pendant quatre mois, n’aient pas jugé bon de se pencher sur cette question. Nos lecteurs, et les participants à ces épreuves, en tireront leurs conclusions.
Reste qu’au regard des nombreuses informations recueillies par nos journalistes auprès des courses – sur la base de leurs déclarations et de leur bonne foi, faute de pouvoir toutes les vérifier sur le terrain – nous pouvons dresser aujourd’hui un état des lieux de la situation. Et si certains événements sont en avance, d’autres sont encore très loin du compte. Dans cet article, vous trouverez donc les « bons points » et les lacunes des plus grandes courses de trail, mais aussi les changements que l’on voudrait y voir lors des prochaines éditions, à court et moyen terme. L’urgence climatique n’épargne pas le sport, et les coureurs sont les premiers à le savoir. Alors, comment concilier ces compétitions avec respect de l’environnement ? Voici les réponses de vos courses favorites.
Cliquez pour accéder directement aux résultats de chacune des courses
Ultra Trail du Mont-Blanc
TorX
Maxi Race
Marathon du Mont-Blanc
Grand Raid
Western States
Marathon des sables
Les 12 points à retenir de notre enquête
L’UTMB Mont-Blanc, des efforts, mais un gros point noir : les transports
Nombre de participants en 2019 : 10 000
➕/ Les points forts :
En partenariat avec l’association WWF, l’UTMB Mont-Blanc accorde une place importante à la gestion des terrains sur lesquels s’élancent 10 000 coureurs chaque année, dont 5000 coureurs étrangers. « Nous travaillons sur la lumière pour ne pas déranger la faune, nous créons et réparons des sentiers, et nettoyons l’intégralité des chemins tous les ans après chaque course », affirme l’organisation.
Côté ravitaillement, les bouteilles d’eau en plastique ont été supprimées et un partenariat avec Sodastream leur permet à l’événement de produire sa propre eau gazeuse. Depuis 2017, la course a ajouté dans son règlement l’obligation pour les coureurs de compter leurs gobelets et contenants dans leur liste de matériel à prendre. Une mesure qui permet notamment d’économiser 80 000 couverts jetables par édition. Année depuis laquelle l’organisation a aussi signé « la charte des grands événements sportifs internationaux, qui demande que 50% des ravitos soient issus d’une agriculture labellisée ». Aujourd’hui, l’UTMB Mont-Blanc en est à 35%. Les déchets, eux, sont entièrement triés depuis 2014, avec l’aide de l’association Aremacs.
Gratuits pour les coureurs et les bénévoles, les transports en bus entre Chamonix et les départs des sept courses sont cependant payantes pour les accompagnants. « Cela permet d’éviter la circulation de 1500 à 2000 voitures », estime cependant l’événement, qui indique également avoir recours à 22 voitures électriques destinées « à la presse et aux accompagnants ».
Les 17 000 balises de l’UTMB Mont-Blanc, fabriquées en plastique aux tous débuts de la course, sont aujourd’hui en bambou réutilisable. Et il n’y a pas que le bambou qui est réutilisé. « Depuis cette année, on revalorise les déchets organiques : la matière organique est récupérée pour être méthanisée, ce qui servira ensuite à produire de l’électricité pour être utilisée localement, en Haute-Savoie et/ou en Savoie. C’est quelque chose que l’on pratique déjà pas mal par chez nous avec le fumier, et ça fonctionne bien », ajoute l’organisation.
Enfin, concernant le déroulé de l’événement hors course, une sensibilisation environnementale est réalisée auprès des coureurs par le biais de stands, où chacun doit nécessairement passer – expliquant le fonctionnement du tri, le respect des alpages, pourquoi il est interdit de couper les sentier… Soit au moins 10 000 personnes touchées par édition. Et les « goodies » ont été tout simplement interdits de la course.
➖/ Les points faibles :
On peut sérieusement s’étonner qu’à ce jour aucune étude de bilan carbone n’ait encore été publiée par le « sommet mondial du trail ». Il faudra attendre cette année 2021 pour connaître les résultats de l’étude menée sur l’année 2019. S’agissant de l’une des plus grandes courses de trail du monde, qui se qualifie elle-même de « laboratoire » d’actions environnementales, et qui revendique être la première » à intégrer le gobelet personnel dans le réglement », on aurait espéré mieux. D’autant plus que cette course implique un lourd bilan carbone lié aux transports en avion de milliers de coureurs du monde entier chaque année.
Et qui dit milliers de participants, dit tout autant de stock de cartons et d’emballages. « Même si tout est trié, on a quand même des mètres cubes entiers de cartons. Les palettes arrivent toujours plastifiées, parce qu’elles sont conçues comme ça par les sociétés de transport. C’est aussi à nous de mettre la pression sur certains prestataires pour qu’ils ne consomment plus autant d’emballages », reconnait l’organisation.
Sans oublier la consommation de Coca-Cola des coureurs. Un point négatif que l’on retrouve malheureusement dans la majorité des événements de trail dans le monde entier, certes mais que personne ne peut plus ignoner quand on sait que selon le classement 2021 de l’ONG Break Free From Plastic Coca-Cola est la marque américaine qui génère le plus de déchets dans l’environnement. Ce qui lui faut d’être à la première place du podium des entreprises produisant le plus de pollution plastique dans le monde.
Les points sur lesquels se penchent les organisateurs :
Le point le plus important à travailler est naturellement celui des transports. « Déjà, il faudrait que l’on organise mieux les transports entre Chamonix et l’aéroport, ou faire en sorte de favoriser les trajets en train plutôt qu’en avion. D’ailleurs, on travaille en ce moment avec la SNCF pour imaginer des sortes de trains charters », confie l’UTMB, qui souhaite également développer les partenariats pour obtenir plus de voitures 100% électriques.
Interdire les vols d’hélicoptères pour déposer les caméramans est aussi une question sur la table, tout comme la réflexion sur la qualité des t-shirts finishers – fabriqués à 100% en polyester. L’objectif étant qu’ils « ne soient pas utilisés une seule fois dans l’année pour la course, mais puissent durer longtemps et être portés ailleurs ». Autre effort à fournir encore, le contenu des « ravitos » : « à partir de 2022, on voudrait des ravitaillements avec des produits 100% labellisés », proposent les organisateurs.
Enfin, en attendant la publication de l’étude de son bilan carbone pour l’édition 2019, en cours de préparation, l’UTMB communique déjà sur son nouveau projet : développer un système de « 40 courses à l’international avec l’objectif, d’ici 5 ans, de pouvoir proposer aux coureurs du monde entier une course à moins d’une journée de transport de chez eux, tout en gardant la même qualité de course, plutôt que les faire revenir chaque année à Chamonix ». Reste à voir les conditions pour pouvoir y participer…
Des pistes de travail qu’il faudra observer de très près, compte tenu du poids de l’UTMB en France et dans le monde. Sans compter que l’événement phare organisé à Chamonix, mais aussi ses déclinaisons et partenariats internationaux, ont désormais valeur d’exemple pour nombre de courses, qu’elles y soient affiliées ou non.
Tor X, le modèle italien
Nombre de participants en 2021 : 2300
➕/ Les points forts :
Evénément trail majeur en Italie, mais aussi en Europe, les courses du Tor X ont l’originalité de proposer de faire du « plogging » durant les événements – c’est-à-dire fournir des kits pour ramasser des déchets pendant une course. « Nos compétitions sont également qualificatives pour le championnat du monde de plogging », affirme l’organisation. Un concept que l’on avait largement vu se développer pendant le premier confinement, d’ailleurs.
Tout comme son homologue français l’UTMB, le Tor X inclus le verre personnel dans l’équipement obligatoire, et ce, dès les premières éditions, supprimant ainsi les verres jetables. « Par la suite, toute la vaisselle a été remplacée par des modèles en matériaux totalement biodégradables », ajoute le Tor X. « Chaque point de ravitaillement est desservi par une collecte séparée des déchets, surveillé par un responsable de la coopérative Erica – société travaillant sur la gestion des déchets, la prévention des risques, le cycle de l’eau et la durabilité environnementale – pour encourager une bonne gestion des déchets. Nous encourageons l’utilisation de batteries rechargeables pour les appareils tels que les GPS et les lampes frontales en installant des colonnes de recharge spéciales dans chaque base vie. Et dans le règlement, toute personne qui laisse des déchets le long du chemin est passible de disqualification. Nous avons également mis en place le poste de « l’éco-balai » qui, avec le service de clôture de la course, accompagne le dernier coureur et ramasse les déchets éventuels sur le parcours »; un nettoyage opéré dès la fin de la course, évitant ainsi au vent de les disperser.
Concernant les transports, les coureurs mais aussi les accompagnateurs peuvent bénéficier de navettes pour rejoindre les points de courses, et des véhicules électriques hybrides sont disponibles pour les athlètes dans la ville de Courmayeur. « La Charte de Courmayeur – une déclaration d’intention pour l’organisation d’événements sportifs durables – a d’ailleurs été rédigée et signée, en collaboration avec le Ministère de l’Environnement.
Le Tor X s’adresse aussi à des partenaires locaux pour certains produits de ravitaillement, comme Latte Pellissier, Acqua Mont Blanc et Les Bières du Grand Saint Bernard. « Pour l’eau, nous utilisons des réservoirs, et un système de distribution de bière ». Faire local, c’est aussi le mot d’ordre pour fabriquer les t-shirts des finishers, « fournis par KARPOS, un vêtement durable fabriqué en Polartec® Delta, un tissu recyclé et innovant. »
➖/ Les points faibles :
À réviser, l’aspect alimentaire. Aucune solution alternative à la consommation de Coca-Cola n’est proposée, et les paniers de « ravitos » manquent de précision sur l’origine de tous les produits alimentaires.
Les points sur lesquels se penchent les organisateurs :
Le Tor X ne calcule pas encore son propre bilan carbone, mais travaille avec Cooperativa Erica depuis 2015 pour réfléchir à des initiatives pour rendre ses événements plus durables. « En 2019, nous avons ainsi réalisé une recherche sur la présence de microplastiques dans des champs de neige, en collaboration avec l’Institut européen de recherche et l’AICA International Association for Environmental Communication », explique l’organisation.
Le balisage pourrait également être encore amélioré. Des matériaux en plastique sont utilisés pour le marquage des routes, « mais nous les collectons tous à la fin de la course et nous les réutilisons les années suivantes. Nous tenons aussi à souligner que les dispositions actuelles du Covid sont tout sauf durables, incitant l’utilisation de matériaux jetables et de nourriture scellée en portions individuelles », concluent-ils.
Avec 2300 participants « seulement » en 2019, l’événement italien est sans doute plus facile à gérer que les manifestations internationales plus populaires, reste que les organisateurs semblent multiplier les champs de recherches pour réduire son impact, en misant, notamment sur les solutions locales.
La MaXi-Race, un exemple français
Nombre de participants en 2019 : 9000
➕/ Les points forts :
Le ravitaillement est sans aucun doute l’un des atouts majeurs de la MaXi-Race : associé à Greenweez, une enseigne de produits biologiques en ligne installée au bord du lac d’Annecy, les produits alimentaires sont « 100% bio ou issus de produits locaux ». De la charcuterie et des fromages évidemment locaux, aux soupes, bières et limonades, tout est bio. Même le cola est distribué en bouteilles en verre ou en fût. Et l’eau est aussi l’une des premières priorités de l’événement. « Dès la création de la course en 2011, nous avons par exemple mis en place des rampes d’eau spécifiques qui avait deux objectifs : économiser l’eau et réduire l’utilisation de bouteilles plastiques. Pour 2021, l’objectif est d’atteindre le seuil minimum incompressible de 3000 bouteilles plastiques pour plusieurs dizaines de milliers de litres de liquides bus par les coureurs de l’ensemble des courses », explique l’organisation. Et, en plus de limiter la consommation de bouteilles en plastique, la MaXi-Race utilise des éco-cups fabriqués à base d’algues.
Les outils de balisages – rubalises en tissus et jalons – sont eux aussi réutilisables ou écoresponsables depuis 10 ans. De plus, « la moitié des parcours sont basés sur un système de boucle permettant de ne pas utiliser de véhicule pour se rendre au départ. Pour les autres parcours, un système de bus obligatoire ou optionnel a été mis en place suivant les formats », indique l’organisation, qui offre également un système de ligne de bus pour la gestion des abandons entre les points stratégiques du parcours et le village, le départ et l’arrivée.
Concernant les sentiers, un premier nettoyage est réalisé quelques semaines avant l’événement. « Puis lors des courses, les serre-files effectuent un ramassage méticuleux après le passage des coureurs, puis un autre contrôle dans les 10 jours suivant l’évènement. Chaque jalonneur ou orienteur est équipé d’un éco-sac pour récupérer les détritus que les coureurs leur donne et ramasser les déchets éventuellement tombés. »
Les cadeaux pour les coureurs ont aussi été repensés. « Cette année, nous avons opté pour des médailles finishers en bois fabriquées en France », rapportent-ils. « Et, bien que 50% des coureurs souhaitent encore conserver le t-shirt finisher (sondage réalisé en 2019 auprès de 9000 coureurs), c’est la dernière année que nous réalisons des t-shirts d’accueil. Car après avoir analysé précisément auprès de différentes structures la fabrication de la matière bio recyclée, nous nous sommes rendus à l’évidence qu’il n’y a pas une réelle différence si on prend le processus global de fabrication. Beaucoup d’eau est utilisée dans le cycle de fabrication de textile bio. Concernant le textile en produit recyclé, l’Europe manque encore d’unités de production, donc ces produits sont souvent fabriqués en Asie, ce n’est donc pas une option pérenne. »
➖/ Les points faibles :
Malgré toutes les initiatives mises en place, on pourrait cependant regretter l’absence d’étude de bilan carbone, ce qui permettrait d’avoir une approche plus précise, mieux ciblée. Ce à quoi les organisateurs répondent que « après enquête au niveau d’un organisme spécialisé, nous nous sommes rendu compte qu’il était quasiment impossible de réaliser un calcul de l’empreinte carbone réaliste et exact ».
Autre point, l’éternelle question des transports : la MaXi-Race a bien tenté d’instaurer « un système favorisant la venue des coureurs en train (associée à une réduction sur le tarif de course), malheureusement ce système n’a pas eu le succès escompté, il n’a donc pas été reconduit. », regrette l’organisation.
Les points sur lesquels se penchent les organisateurs :
Sans suprise, la priorité reste les transports. Côté voitures électriques, l’événement est pour le moment doté de « véhicules électriques tout au long de l’année pour les déplacement liés à l’organisation ». Mais durant l’événement, c’est plus complexe. « Nous avons besoin d’accéder en 4×4 à des secteurs escarpés en montagne, nous utilisons des mini-bus abandons et autre fourgons qui n’ont pas les capacités électriques suffisantes de nos jours. »
Dans la lignée des transports en commun, la course travaille avec son partenaire Transdev, un groupe français multinational de transport, « pour utiliser dans l’avenir des bus à impact carbone réduit », et collabore actuellement avec les pouvoirs publics » afin d’obtenir la gratuité des transports publics pour les coureurs lors du week-end de l’évènement. »
Avec 9000 coureurs au rendez-vous en 2019, l’événement haut savoyard qui clôt ce week-end la saison des grandes courses de trail, a un impact non négligeable. Les organisateurs semblent bien l’avoir compris et se montrent prêt à multiplier les approches – quitte à se casser parfois le nez sur certains postes, les transports par exemple – et surtout à appliquer des mesures assez radicales pas forcément très populaires (la disparition des tee shirts finisher). Louable, et courageux.
Le Marathon du Mont-Blanc, un bon élève qui peut encore mieux faire
Nombre de participants en 2021 : 10 500
➕/ Les points forts :
Des navettes gratuites sur réservation depuis le lieu d’hébergement jusqu’au départ de la course, pour les coureurs comme aussi pour les accompagnants allant vers les différents points de ravitaillement et d’assistance ; des toilettes à copeaux ; des postes de tri des déchets ; des balises réutilisables et des bombes de craies respectueuses… Ces normes sont également les bases du Marathon du Mont-Blanc. L’événement, qui accueille près de 10 500 compétiteurs par an, pénalise ceux aperçus en train de jeter leurs déchets dans la nature avec une pénalité de temps ou une disqualification ; et impose d’amener son propre contenant pour supprimer les gobelets en plastique et en carton depuis 2019.
« Chaque année, à l’issue de la manifestation, un bilan est réalisé afin d’identifier les axes d’amélioration. C’est suite à celui de 2019, qu’un constat navrant a été fait sur le nombre de bouteilles plastique encore utilisées par l’organisation (40 000 bouteilles soit 40 palettes) sans parler du transport pour les acheminer à Chamonix. L’équipe technique du Club des Sports a pris à bras le corps ce problème. Après avoir trouvé la solution pour supprimer les bouteilles d’eau plate en investissant dans des cuves de 1000 litres dotées de robinet et de pistolets afin que les bénévoles puissent servir les coureurs, il fallait résoudre le problème de l’eau pétillante. Plusieurs mois de recherches ont été nécessaires – en s’appuyant sur des brasseurs de bière – pour trouver la solution. Nous avons réalisé un investissement de 50 000€ dans l’achat de futs et tireuses transportables sur les ravitaillements. L’équipe technique du Club des Sports a fabriqué 11 000 litres d’eau pétillante dans laquelle des sels minéraux ont été ajoutés grâce à notre partenaire Ta Energy. De ce fait, nous avons supprimé le transport initial des palettes et évité le recyclage de 40 000 bouteilles plastiques », expliquent les organisateurs.
Le Marathon explique travailler avec des producteurs locaux pour certains produits, comme « le fromage, qui provient de deux fermes de la Vallée de Chamonix – les fermes de Montroc et de Vallorcine – le pain vient de la boulangerie Richard située à Chamonix, ou encore le saucisson, qui vient de Magland à environ 30km de Chamonix ». La partie du « matériel non pour l’habillage des barrières est fabriqué en France à partir de matériaux recyclés et est également recyclable. »
➖/ Les points faibles :
Comme de nombreuses courses, on regrette le manque de calcul du bilan carbone de l’événement – qui n’indique pas de projet d’en réaliser non plus. Et le problème concernant la consommation de Coca-Cola n’a pas été évoqué par les organisateurs, qui n’ont pas suffisamment détaillé non plus la confection et l’origine des t-shirts, médailles et autres cadeaux.
Les points sur lesquels se penchent les organisateurs :
Au-delà des nombreux efforts déjà fournis, l’organisme du Marathon souhaite approfondir l’utilisation de voitures électriques, travailler davantage avec des producteurs locaux, acheter des fruits de saison et locaux. Enfin, ils réfléchissent à une solution pour fabriquer du cola eux-même avec système de gazéification de l’eau, et entament à ce sujet une série de tests pour les goûts et qualité. Un sujet trés sensible si l’on juge par l’ensemble des commentaires recueillis auprès des différentes courses de notre enquête. A noter aussi que cette année, la crise sanitaire a imposé de revenir aux modes d’emballements individuels des aliments aux ravitaillements mais, explique le Marathon du Mont-Blanc, « certains coureurs nous ont demandé ne plus fonctionner comme ça pour les éditions à venir ». Un point intéressant qui met en évidence la sensibilisation croissante des trailers à l’urgence climatique.
Le Grand Raid de La Réunion, un précurseur sur le bilan carbone qui a pris du retard
Nombre de participants en 2021 : 6884
➕/ Les points forts :
Le Grand Raid de La Réunion est l’une des premières organisations de trail à avoir réalisé une étude de son bilan carbone, et ce dès 2013, via l’université de la Réunion. Son constat est édifiant. Cette étude a permis d’établir que « l’évaluation de l’empreinte carbone et écologique prouve que, avec 4 433 233 tonnes de carbone dioxyde et près de 4981,782 hectares globaux “Le Grand Raid 2013“ a laissé une empreinte significative derrière son organisation. Par rapport à un grand événement sportif comme les JO, l’impact du Grand Raid semble négligeable mais, par rapport à un autre événement sportif annuel en plein air, comme le Tour de France 2007, l’impact par personne du Grand Raid s’avère 9 fois plus élevé. » Ce qui donne à réfléchir pour l’UTMB, autre événement international majeur, plus important encore au niveau de la fréquentation.
Pour protéger les sites naturels sensibles, un système de bus – uniquement pour les concurrents – a été mis en place par le Grand Raid afin de ne pas perturber les écosystèmes. Durant la course, des équipes sont envoyées sur les sentiers afin de ramasser les déchets en « direct », qui sont ensuite triés avec des sociétés partenaires. Aucun marquage au sol ne figure sur le parcours, afin de protéger les sols.
Enfin, point très intéressant, le Grand Raid élabore des tests pour limiter la propagation « d’espèces envahissantes, un gros problème local » explique l’organisation. « Sur environ un kilo de terre récolté sous les chaussures des 115 coureurs, 586 graines d’espèces végétales exotiques ont germé après une mise en culture. Un grand nombre provenait d’espèces exotiques envahissantes ou très envahissantes. » explique Adrien Chatenay, chargé de mission écotourisme au Parc national de La Réunion, au journal réunionnais Le Quotidien. Des sortes de « pédiluves » sont ainsi installés en amont des forêts primaires, par exemple.
➖/ Les points faibles :
Avoir réalisé une étude du bilan carbone en 2013 était novateur, mais pourquoi n’a-t-elle pas été reconduite depuis ? D’autant plus que le transport aérien est obligatoire pour près de 3000 coureurs qui participent au Grand Raid : 2525 viennent de l’Hexagone et 282 de l’étranger.
D’autres points noirs figurent malheureusement sur la liste. Si les efforts se concentrent sur la préservation de la biosphère, l’organisation n’utilise pas de voiture électrique, ne travaille pas spécialement avec des partenaires locaux pour le ravitaillement en nourriture, ne propose pas de dispositions ni de réflexion sur la consommation de Coca-Cola, et les goodies sont sous-traités en Asie. Des mesures que de nombreux trails ont pourtant repensées depuis plusieurs années, ou sont en passe de le faire.
Les points sur lesquels se penchent les organisateurs :
Le transport aérien est inévitable pour les coureurs de l’Hexagone et de l’étranger. L’organisation souhaiterait donc améliorer sa compensation carbone : « Sans entrer dans une démarche analytique, nous avons des démarches avec des partenaires, les structures locales (ONF, Parc..) afin de compenser et de déployer des actions sur des questions environnementales importantes sur l’île (en particulier sur les déchets) ». Ainsi, le Grand Raid voudrait constituer, « dans les éditions futures, une commission spécifique traitant de l’évolution de l’empreinte carbone ». Louable, mais encore assez flou.
Concernant la nourriture, défaut majeur de la course, les produits locaux (surtout les fruits) font partie des préoccupations de l’organisation. Cette dernière indique aussi envisager des rubalises écologiques, et enfin, mettre en place un « label » pour mieux faire respecter les consignes environnementales durant l’événement.
La Western States Endurance Run, peut vraiment mieux faire
Nombre de participants en 2021 : 320
➕/ Les points forts :
La suppression des gobelets jetables n’est pas la mesure la plus originale de la Western States, mais les organisateurs remarquent un fait intéressant comparé à l’Europe : aux États-Unis, « certains bénévoles refusent de travailler pour des courses qui proposent encore des gobelets jetables, ou encore pour des courses qui ne recyclent pas leur carton et leur papier ». Depuis 2016, la course utilise également des marquages réfléchissants (nocturnes) réutilisables, et du ruban de marquage compostable.
Autre originalité non observée auprès des autres trails, « les maillots WSER 2021 ont été produits par une entreprise située dans le même État que l’événement » – du local pour le textile, donc, qui manque cependant de précision sur la composition et l’origine des tissus.
➖/ Les points faibles :
Vu le nombre peu important de participants, on aurait pu espérer que des véhicules électriques soient plus facilement utilisés lors de la course, or ils sont pour le moment totalement inexistants sur la Western States. Par ailleurs, l’organisation ne renseigne ni sur la provenance des produits alimentaires aux ravitaillements, ni sur le type d’agriculture choisie pour ces produits.
Les points sur lesquels se penchent les organisateurs :
Comparé à d’autres géants du trail comptant des milliers de participants, la WSER fait l’effort de préparer une étude de leur bilan carbone pour 2023. « Les mesures d’atténuation ou compensation seront en vigueur à partir de 2024. Notre “comité vert“ élabore des directives à mettre en œuvre au cours des cinq prochaines années. La première difficulté est l’analyse quantitative de toutes les fournitures de course sur tous les sites. La deuxième est la résistance au changement », rapporte l’organisation.
Course relativement confidentielle, vu le nombre de participants, mais à fort impact médiatique au sein de la communauté trail, la Western States est encore loin d’être au niveau qu’on pourrait en attendre en matière de mesures pro environnement.
Marathon des Sables, de gros chantiers en perspective pour le « Dakar du Trail »
Nombre de participants : entre 700 personnes
➕/ Les points forts :
Comme son homologue réunionnais, le Marathon des Sables a réalisé un calcul de son empreinte carbone il y a une dizaine d’années, validé par un organisme officiel (chiffre non précisé). Et, pour compenser son bilan carbone, l’événement organise depuis trois ans maintenant des opérations de reboisement d’arbres en Amériques du Sud, au Pérou, via son partenaire pour les vols, l’agence Terres d’aventure.
Le désert est un écosystème particulièrement fragile. C’est pourquoi l’événement applique des pénalités en cas de jet de déchets afin de dissuader les coureurs, derrière lesquels repassent des équipes de nettoyage après la course. Cet événement est sans doute le seul à ce jour à numéroter toutes les bouteilles (et leur bouchon !) au numéro de chaque participant afin de tracer chaque déchet.
Les pisteurs s’occupent également de ramasser les piquets en bois et bâtons lumineux utilisés lors de l’événement, et ont recours à une peinture biodégradable pour le balisage.
Au niveau alimentaire, si les participants sont en autonomie pendant les six jours de course, les équipes assurant la logistique et la sécurité, sans parler des médias, doivent être nourris. Point assuré en local avec la société Xaluca (sans précision sur la qualité bio ou non)
➖/ Les points faibles :
Etre parmi les premiers événements de trail à effectuer le bilan de son empreinte carbone était un excellent point pour le Marathon des Sables, mais pourquoi n’a-t-il pas été reconduit ? Et pourquoi ne pas avoir inclus l’impact des hélicoptères et des véhicules pendant la course ? Alors même que l’organisation tient par exemple une comptabilité précise du poste « hélicoptère ». A savoir » un forfait de 20h et un autre de 15h sur la course. Soit 35 h auxquels il faut ajouter 4 heures pour la mise en pale. Total, 40 heures de vol + 40 000 euros de carburant. », nous explique la direction de l’événement.
Et si l’eau minérale de la marque « Sidi Ali », est bien locale, un bon point, comment comprendre que cet événement n’est pas encore résolu le traitement des 120 000 bouteilles en plastique consommées pendant l’événement autrement que par le biais d’un four à autocombustion, dont « les émanations devraient être compensées », reconnait le MDS.
Enfin curieusement, cette longue course reposant sur une lourde logistique -frigos, énergie nécessaires aux médias, à la sécurité etc – peine encore à exploiter la principale ressource énergétique que lui offre le désert : l’énergie solaire.
Ajoutons enfin que l’organisation ne sert que de l’eau pendant la course mais avoue gratifier les concurrents d’un coca frais à l’arrivée. Pas de quoi plomber un bilan carbone, c’est vrai, et cela reste dérisoire comparé aux autres postes nettement plus lourds et complexes à gérer, sur cette course. Mais à l’heure où certains trails ont complètement supprimé cette boisson, ne serait-ce qu’en terme d’image, le message n’est pas bon.
Les points sur lesquels se penchent les organisateurs :
La gestion des déchets doit être une priorité pour le Marathon des Sables. L’organisation reconnait « qu’au démarrage de l’événement, nous n’avions pas beaucoup de moyens. On brûlait les déchets. Aujourd’hui, nous avons un four à autocombustion et brûlons 3,5 T de déchets. Mais on pourrait encore compenser la fumée du four… »
Vient ensuite, la question de l’eau. En plein désert où les températures peuvent dépasser les 50°C et sur six jours de course, installer des cuves d’eau et assurer leur potabilité – question de sécurité sanitaire -n’est certes pas facile, mais la question devra être traitée autrement que par la combustion des déchets, reconnait l’organisation qui a exploré d’autres pistes, mais apparemment sans succès à ce jour. « On a essayé de travailler avec une société turque qui pourrait récupérer le plastique pour le recycler », nous dit-on. « Mais le problème, c’est que cela impliquerait de faire venir un camion supplémentaire – ce qui est compliqué dans le désert et alourdit encore le poste transports. Ce sont donc des sacs entiers qui sont brûlés tous les jours. »
Enfin, au pays des panneaux solaires, on n’attend plus que le Marathon des Sables s’en serve ! Dans le passé, le MDS avait bien établi il y a quelques années un partenariat avec une société suisse, mais elle est aujourd’hui disparue, explique l’organisation. L’événement serait donc aujourd’hui en recherche de solutions pour produire de l’énergie », souligne l’organisation.
Dire que le Marathon des Sables n’est pas conscient de son impact environnemental serait faux. Les organisateurs multipliant les (petites) initiatives et la communication sur le sujet auprès des participants. Reste que la nature même de cet événement, s’adressant à une très large majorité de coureurs étrangers et organisé sur une durée exceptionnellement longue dans un milieu au climat extrême, la met nécessairement dans le rouge au niveau environnemental. Dès lors, compte tenu de l’avancement au niveau des transports, de la production de l’énergie et de la gestion des déchets, on voit difficilement comment l’organisation pourrait mettre les indicateurs au vert à court terme. Ce qui pose alors une question de fond : à l’heure où la planète brûle, faute de solutions rapides, pouvons-nous encore nous permettre l’organisation de tels événements ?
Les 12 points à retenir de notre enquête
1 – Une prise de conscience générale
De gré ou de force, et parfois sous la pression des coureurs ou des volontaires participant à l’événement ( c’est le cas de Western States par exemple ), toutes les courses de trail interrogées se rendent à l’évidence : leur activité a un impact négatif sur l’environnement. Seul hic, chez certains, cela se résume à des « mesurettes » insuffisantes.
2 – Des bilans carbones encore très rares
A ce jour ( 2021 !) peu d’organisations ont pris le temps de procéder à une évaluation précise de leur impact. Une opération pas toujours simple, considérant le nombre de paramètres en jeu, mais possible. Question de moyens financiers diront certains. Un argument non recevable provenant de certaines organisations internationales dont la rentabilité n’est plus à démontrer.
3 – Un impact environnemental réel
Plus personne n’en doute et les évaluations réalisées par le Grand Raid de La Réunion, pour ne citer qu’elles, le prouvent.
4 – Certaines mesures semblent acquises par une très large majorité d’événements
- Suppression des verres, couverts et bouteilles en plastique
- Ramassage et recyclage des déchets ( total ou partiel)
- Matériaux à moindre impact sur le balisage
- Recours aux produits locaux pour les ravitos, repas avant course et stands alimentaires
- Usage des navettes en bus pour les coureurs, et parfois les accompagnants
- Efforts sur les « goodies »
- Informations auprès des coureurs et des volontaires
5 – Encore des blocages psychologiques chez une frange des coureurs
La suppression du Coca Cola est un vrai casse-tête pour les organisateurs.
Même problème pour le tee-shirt finisher. Souvent de piètre qualité, rarement parfait au niveau du style, il est peu porté en dehors de l’événement et finit la plupart du temps au fond d’un placard. Reste que beaucoup de coureurs semblent y tenir encore. La solution peut-être ? Faire du beau et du bon (bio, recyclable).
6 – Des expériences pas toujours concluantes
L’UTMB par exemple a fait des essais ou entamé des réflexions sur plusieurs solutions qui se sont avérées impossible à appliquer. Notamment l’étude d’un « tapis » pour protéger l’érosion des sentiers : pas pratique du tout. Remplacement du Coca-Cola par des Colas locaux, peu appréciés par les coureurs. Des balises mangées par les vaches (sic !). Des toilettes sèches, mises aux mauvais endroits. Résultats : elles n’étaient pas ou mal utilisées et transformées en déchetterie. Pour éviter les héliportages l’organisation a fait monter le matériel à dos de mulet, mais le matériel médical arrivait cassé.
Côté transport, la MaXiRace a fait deux tentatives : « Le train à la place de la voiture » ou « prenez le bus entre l’hôtel et le lieu de récupération des dossards ». Mais ces actions n’ont pas eu l’adhésion escomptées et l’organisation y a donc renoncé.
7 – Des solutions originales et encourageantes
La Maxi-Race a mis au point des rampes d’eau spécifiques afin d’économiser l’eau et réduire l’utilisation de bouteilles plastiques.
De son côté le Marathon du Mont-Blanc a trouvé la solution pour supprimer les bouteilles d’eau plate en investissant dans des cuves de 1000 litres dotées de robinet et de pistolets afin que les bénévoles puissent servir les coureurs. Mieux, comme l’UTMB, elle a résolu le problème de l’eau pétillante, mais en s’appuyant sur l’expérience des brasseurs de bière et en achetant des futs et tireuses transportables sur les ravitaillements. Coût de l’investissement : 50 000€.
Le Grand Raid de La Réunion a installé en amont des forêts primaires un pédiluve pour limiter la propagation dans l’île d’espèces envahissantes apportées par les chaussures des coureurs.
8 – Des points noirs difficiles à résoudre
Les postes les plus sensibles restent, sans surprise, les transports. Des vols pris par les coureurs aux hélicoptères dédiés à la sécurité ou aux médias en passant par les 4×4 de la logistique. Sur ces points on attend des efforts de la part des organisateurs, mais aussi des pouvoirs publics. A commencer par la SNCF, dont les tarifs restent souvent prohibitifs comparés à ceux de l’avion. Sans parler des horaires parfois incompatibles avec les courses, ou pire, de la faiblesse du réseau train/bus sur certaines zones totalement abandonnées (notamment autour de Millau où se déroule le Festival des Templiers).
9 – Les événements les plus vertueux ne sont pas forcément les mieux dotés financièrement
Question de volonté, mais aussi d’imagination.
10- Pour certaines courses, le problème est structurel
Comment rendre plus « vert » le Marathon des Sables ? Le chantier semble énorme, voire impossible à résoudre, sauf à investir lourdement et très rapidement. Mais en avons-nous encore le temps ? Les experts disent que non.
Même problème, mais dans une moindre mesure, pour une course comme le Grand Raid de La Réunion, dont le poste transport aérien semble incompressible. Sauf à compenser intelligemment ?
11 – Les grandes courses internationales ont un rôle majeur à jouer
A commencer par l’UTMB, mais pas que. Question de responsabilité au vue du poids de l’événement, de sa résonance internationale et de son influence. L’UTMB, qui se veut le laboratoire en la matière, semble être sur la bonne voie, mais au regard de cette enquête, elle a encore beaucoup de chemin à faire. On attend donc avec impatience son bilan carbone. Et surtout les mesures concrètes qui en découleront dont nombre de courses pourront également s’inspirer.
12 – Le calendrier des compétitions internationales est à repenser
Interviewé sur cette option, qui permettrait de limiter les déplacements des coureurs, source de pollution, voici ce que répondait le traileur le plus médiatisé de la planète, Kilian Jornet, en octobre 2020, à l’occasion de la création de sa « fondation de préservation de l’environnement et des montagnes ». « Il faut repenser le modèle du sport en tant que circuits professionnels mais aussi en amateur. On voit par exemple que sur l’étude de Pamela Wicker de 2018 sur l’empreinte carbone des pratiquants sportifs, les sports nature, dont les sports montagne étaient ceux qui avaient une empreinte carbone la plus importante, et cela malgré une prise de conscience plus élevée. Et au niveau des circuits en général il faut repenser le modèle du sport. En tous cas, j’ai dans mes prochains projets de discuter avec les différents acteurs du sport pour trouver un modèle plus responsable. »
Un an plus tard, la question est plus que jamais d’actualité.