Ça y est, Lonely Planet se met au « microvoyage » ! Coup de marketing à l’heure où les « micro aventuriers » surgissent à tous les coins de rue, ou vraie inspiration d’un éditeur qui n’a plus rien à prouver en matière de voyage ? Entre un guide de la Corée et un sur l’Auvergne, voici qu’arrive « L’art de voyager sans partir loin » ou « 50 microvoyages à expérimenter près de chez soi ». Avec un titre pareil, Outside a forcément eu envie d’éplucher ses 219 pages. Parfois surprenant, cet ovni s’avère plutôt convainquant. Voici pourquoi.
C’est bon pour mon bilan carbone
« Voyager, sans partir loin », le concept séduit de plus en plus, d’autant qu’ici il est décliné sous les formes les plus inattendues, de la cueillette urbaine à l’ascension de « l’éminence la plus haute de votre ville ». En l’occurrence le cimetière du Calvaire à Montmartre (130 m !) pour le contributeur parisien, Julien Lannoy, qui, sans doute un peu cossard, a choisi ce « voyage ». Pas trop éprouvant, pas besoin d’acclimatation et le panorama est sublime.
C’est bon pour mon budget
Si l’on étend le concept de « micro-voyage « au sens le plus large – qui peut donc couvrir l’exploration de votre banlieue à l’aide d’une carte ancienne comme la méditation dans le centre bouddhique de votre ville – vous pouvez vous évader pour presque rien, voire rien du tout, comme le propose le challenge du « sans bourse délier » ; ou comment profiter à 100% de votre ville en ne dépensant pas un sou.
C’est bon pour le moral
Entrer dans ce guide, c’est décider de se laisser porter par votre humeur du moment, explique Anita Isalska, coordinatrice de l’ouvrage. Nous, on ajouterait : c’est aussi décider de ne pas se prendre au sérieux et de penser le voyage, l’aventure, comme une expérience, un voyage au-delà des frontières de ses habitudes et pas forcément d’ajouter un nouveau « 8000 » à votre palmarès. Aussi, inutile de chercher ici la moindre logique géographique à laquelle les auteurs ont préféré un découpage en cinq grands thèmes : « Chiche », ou dix façons de repousser ses limites. « Odyssées culturelles », plongez dans l’art et l’histoire du lieu où vous vivez. « Les sens en éveil », laissez-vous guider dans vos découvertes par les odeurs, les sons et les saveurs. « Voya-jouez aux dés », titre un peu faible quand même, qui suggère différentes manières de laisser le hasard vous éloigner de la routine. Et enfin « En bonne compagnie » vous invite à entraîner votre famille ou vos amis dans l’aventure.
C’est du vécu
En lançant ce projet, Lonely Planet a mobilisé ses contributeurs aux quatre coins de la planète. Chacune des 50 expériences est donc mise en oeuvre sur le terrain et racontée en détail. C’est sans doute l’un des points les plus intéressants du guide. Le Suisse Rodolphe Bacquet, détaille ainsi sa « roulette du voyageur » dont le principe se résume à « pourquoi s’ennuyer à planifier son voyage ? Il est bien plus excitant de sauter dans le premier train venu en vous laissant guider par le hasard ». Résultat : parti de Lausanne, il finira en six coups de dés en Suisse alémanique. Potentiellement du grand n’importe quoi, mais grisant quand même.
C’est du pratique
Pour s’y retrouver dans ce labyrinthe du voyage, Lonely Planet a gardé ses bons réflexes Pour chaque expérience, le guide détaille ainsi : ce qu’il vous faut ; la marche à suivre ; la difficulté ; le témoignage ; les plus et les moins. Avec une objectivité louable. Notamment quand le plan choisi s’avère désastreux. L’Australien Kachael Antony, dans « Cap sur le K2 » – rien à voir avec la redoutable ascension dans la karakoram, mais plutôt avec l’exploration du secteur K2 d’un atlas des rues de Melbourne, sa ville – se retrouve à explorer le club Cheltenham-Moorabbin de la Ligue des anciens combattants d’Australie. Conclusion, écrit-il dans la rubrique « les plus et les moins » : positif, une acceptation très large du terme « expédition ». Négatif, la banlieue monotone et la nourriture insipide.
C’est instructif
Fidèle à sa philosophie, le Lonely ne résiste pas à l’idée de nous instruire au passage. Au chapitre « La vie des autres – Durant une journée, échangez votre vie avec celle d’un ami et mettez de côté vos habitudes et vos loisirs », on apprend tout sur un certain George Pasalmanazar, un des plus célèbres imposteurs qui sévit en Grande-Bretagne au XVIII siècle en prétendant être un explorateur tour à tour irlandais, puis japonais (sic). Pas de quoi bouleverser votre journée, mais l’anecdote peut toujours servir au détour d’une conversation un peu languissante.
C’est graphique
Certes l’ouvrage est un peu lourd pour être glissé dans un sac, mais ce n’est certainement pas l’idée qui animait les auteurs. Truffé de photos et de dessins, le guide a un je sais quoi du livre de cuisine nouvelle tendance. Il se parcourt rapidement, il est multi entrées et on sent bien que le principe ici est de glaner une idée, un conseil et de s’arrêter au passage sur un court récit. En bref, de s’évader, le temps de la lecture. Pas vraiment une aventure en soi, mais peut-être un « microvoyage » dans votre imaginaire.
« L’art de voyager sans partir loin » ou « 50 microvoyages à expérimenter près de chez soi ». Prix : 15,90 €
Photo d'en-tête : Rana Sawalha/Unsplash- Thèmes :
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