Sans nouvelles depuis le mardi 26 octobre des alpinistes français – Louis Pachoud, Gabriel Miloche et Thomas Arfi – le monde de la montagne se mobilise. Prodiges de la discipline et membres du GEAN, Groupe Excellence Alpinisme National, une équipe parfaitement « soudée et entraînée » dirigée par la FFCAM, ils gravissaient l’un des derniers sommets vierges de l’Himalaya, le Mingbo Eiger (6 017 m).
Mis en place par la FFCAM (Fédération Française des Clubs Alpins et de Montagne), le Groupe Excellence Alpinisme National (GEAN) est le lieu de formation des plus grands alpinistes français depuis 1991. Après deux ans d’apprentissage et divers stages techniques dans les Alpes afin d’acquérir « les compétences et savoir-faire nécessaires pour pratiquer un alpinisme plus engagé », les athlètes ont pour habitude d’organiser une expédition sur une montagne lointaine – Himalaya, Pérou – à la fin de leur parcours. Une aventure sportive et humaine pour une équipe « parfaitement soudée et entraînée » précise la FFCAM dans un communiqué.
Pour les huit membres de la promotion 2019-2021 du GEAN, partis le 30 septembre au Népal, dans la région du Khumbu (non loin de l’Everest), l’objectif était l’ascension de plusieurs sommets entre 5000 et 6000 mètres d’altitude situés au sud de l’Ama Dablam (6 814m m), explique la fédération. Après plusieurs jours d’acclimatation, le groupe avait défini les objectifs du séjour, en fonction des conditions d’enneigement des faces. Mi-octobre, les alpinistes gravissaient l’arête sud-ouest du Cholatse (6 440 m) et ouvraient une voie sur l’arête nord-est du Nare Ri Star (6 005 m).
Que s’est-il passé ?
Le 24 octobre, une cordée de trois alpinistes, Louis Pachoud, Gabriel Miloche et Thomas Arfi, s’engage sur la face ouest d’un sommet himalayen jamais atteint, le Mingbo Eiger (6 017 m) pour une ascension prévue en quatre jours. « Après une journée entière de repérages à la jumelle pour évaluer les conditions d’enneigement et s’assurer de la fenêtre météo, ils décident de se lancer dans l’ascension » détaille le communiqué. Le mardi 26 octobre, le groupe envoie via son dernier bivouac un dernier signe de vie « All right. Grosse journée. Bivouac à 5 650. Goulotte géniale. Maintenant place à l’arête. Bise ».
Samedi 30 octobre, la FFCAM, sans nouvelles lance une mission de repérage par hélicoptère qui ne peut que constater « les traces d’ascension ainsi que les débris d’une avalanche d’une grande ampleur dans la face ». Dimanche 31 Octobre et lundi 1 novembre, deux tentatives de localisation des victimes sont lancées. Après survol de la voie, leurs traces sont identifiées « jusqu’à 5 900 m sur l’arête qui mène au sommet. Elles montrent que les alpinistes ont fait demi-tour, après une avalanche et ont entamé leur descente par leur itinéraire de montée » précise la FFCAM. « Les traces se perdent ensuite dans les débris de l’avalanche ».
« C’est une petite avalanche au départ qui a dû se transformer en une plus grosse. L’alpinisme présente toujours ce risque qu’on ne peut pas réduire à zéro » explique Blaise Agresti, expert reconnu du secours en montagne à France 3. « Au pied de la face, les secouristes ont trouvé trois sacs, ainsi que le matériel du bivouac. L’espoir de retrouver des survivants est à présent quasi nul » estime la FFCAM qui continue les recherches. Difficile de survivre à plusieurs jours passés sous une avalanche, même pour les plus chevronnés, regrette le monde de la montagne, en deuil.
Louis Pachoud : « Attaché à la polyvalence, une source de motivation et de découverte »
Ingénieur en mécanique de 27 ans, originaire de Chambéry, Louis Pachoud est passionné d’escalade depuis ses 15 ans, une discipline qui le conduira vers la haute montagne, un lien selon lui entre l’aspect purement technique de la grimpe « à des notions d’engagement, de stratégie ». Après de belles réalisations dans les Alpes et dans les massifs de Colombie-Britannique et de Patagonie, il est depuis 2019, un aspirant-guide « attaché à la polyvalence, une source de motivation et de découverte » selon lui. Cette expédition népalaise devait clore son apprentissage.
Gabriel Miloche : « Eprouver une sensation de vie et de liberté »
Installé en Haute-Savoie, Gabriel Miloche, est ingénieur produit chez Décathlon où il développe du matériel de ski de randonnée. Âgé de 27 ans, il a pratiqué l’escalade en compétition pendant plusieurs années avant se tourner vers l’alpinisme en intégrant l’équipe Espoir des Hautes-Alpes en 2012, lui permettant d’approfondir ses connaissances sur la montagne, « ses techniques, ses dangers, de rencontrer des personnes motivées pour développer une réelle passion […] et d’éprouver une sensation de vie et liberté, dans un environnement unique ».
Thomas Arfi : « Vivre des grands moments avec mes compagnons de cordée »
Guide de haute montagne, Thomas Arfi est le plus expérimenté du groupe. Alpiniste élite, il encadre le GEAN, Groupe Excellence Alpinisme National, pour étancher sa soif de partage et d’aventure. Parallèlement à cela, le niçois de 34 ans est titulaire d’un diplôme bac +5 en gestion des risques naturels. Loin d’être une tête brûlée, il est poussé par « l’envie de découvrir de nouveaux massifs à travers le monde et de vivre des grands moments avec des compagnons de cordée ».
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