Les Américains le surnomment le « Super Bowl du trail running ». Et on comprend pourquoi ! En 20 ans d’existence, l’UTMB est devenu une grosse machine qui s’exporte désormais à l’étranger. Véritable moteur économique pour toute la vallée, cette grand messe du trail, se déroulant chaque année, fin août, à Chamonix, attire 100 000 spectateurs, dont près de 10 000 coureurs. Sans compter les 2500 bénévoles et les 160 marques présentes sur le Salon de l’Ultra-Trail. Si bien que certains s’inquiètent : le trail a-t-il été aspiré dans le monde du sport-business ? Au vu d’une année 2022 de tous les records, aussi bien en termes de retombées économiques que médiatiques, difficile de dire le contraire. Entrée d’Ironman, firme américaine à l’origine des plus grands triathlons au monde, dans le jeu, création des « UTMB World Series », circuit international de trail ou encore contrats à sept chiffres avec certains équipements outdoor et même nouvelle dénomination de l’événement rebaptisé récemment « Dacia UTMB Mont-Blanc », suite au renforcement de son partenariat avec le constructeur automobile : décryptage de l’empire UTMB.
28 août 2022. Effervescence dans les rues de Chamonix. Plus de 30 000 personnes ont fait le déplacement pour assister au départ de l’UTMB Mont-Blanc, course reine de l’autoproclamé « sommet mondial du trail ». Les coureurs sont rassemblés au pied de l’église, ces 2627 passionnés venus du monde entier sont tous portés par le même rêve : décrocher le Graal, le statut de finisher. Certains partageront fièrement leur aventure sur les réseaux sociaux. Mais ce que l’on ne verra pas sur Instagram, c’est que cette course est bien plus qu’un ego trip. Et cela ne s’explique pas, ça se ressent.
Sur la ligne de départ, il y a cette énergie particulière, cette vibration, cette tension dramatique même. Des visages fermés sont projetés sur les écrans géants. Nombreux sont les traileurs à avoir les larmes aux yeux. On les comprend. Après des années de travail, de sacrifices diront certains, et d’innombrables courses qualificatives, arborer le dossard a déjà un goût de victoire. Se lance alors « Conquest of Paradise », musique de Vangelis à jamais associée à cette course mythique. De quoi faire monter un peu plus la tension avant le départ.
1. Le rituel est bien huilé. Et ça fonctionne
2. L’UTMB : un engouement sans mesure
3. Le trail, LE sport du XXI siècle
4. Des traileurs passionnés à l’origine de l’UTMB
5. Le profit avant le sport ?
6. « Nous ne voulons pas que Chamonix devienne Disneyland »
7. Vers une « ironmanisation » du trail ?
8. Les « UTMB World Series », un fonctionnement plus fermé
9. Et l’esprit trail dans tout ça ?
Le rituel est bien huilé. Et ça fonctionne
Au-dessus des milliers de traileurs trône une arche immense. Près d’une dizaine de marques, d’équipementiers sportifs (mais pas que), ont, pour certaines, versé des sommes à sept chiffres pour y voir leur logo affiché. Car gardons en tête que derrière la magie, l’UTMB, c’est aussi des chiffres vertigineux, la présence de grandes multinationales, de Hoka à Dacia en passant par Ironman et un village d’exposants démesuré où se bousculent les visiteurs aussi bien attirés par les nouveaux gadgets que par les produits dérivés, allant du tee-shirt souvenir à la paire de crocs. Et on l’a vu : l’année 2022 a marqué un tournant d’un point de vue business. Ce qui pousse ses détracteurs, de plus en plus nombreux, à s’inquiéter : l’UTMB perd-il son âme ? Pire encore, l’événement pourrait-il venir dénaturer le trail, sport en pleine expansion ? Afin d’y voir un peu plus clair, nous avons enquêté sur l’écosystème de ce groupe tentaculaire, son fonctionnement et l’évolution de son organisation, un moyen d’en savoir plus, par quelques retours historiques indispensables, sur ses motivations.
LA SEMAINE DE L’UTMB 2022 EN CHIFFRES
10 000 coureurs attendus
104 nationalités représentées
2500 bénévoles (France, Suisse, Italie)
100 000 spectateurs sur place
55 000 personnes sur le Salon de l’Ultra-Trail
8 courses phares
23 millions d’euros de retombées directes sur le territoire (les 18 communes traversées)
2 fois plus d’impact médiatique que lors de l’édition 2021 (qui avait déjà pulvérisé tous les records)
460 médias accrédités venant de 34 pays
18 millions de vues sur les différents réseaux sociaux d’UTMB Group
100 millions de minutes de vidéos visionnées (UTMB Live et highlights) sur la nouvelle plateforme live.utmb.world
Source : UTMB
L’UTMB : un engouement sans mesure
Prolonger la haute saison touristique au-delà du 15 août était l’un des objectifs affichés lors de la création de la course, en 2003. Pari réussi ! Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 55 000 nuitées dans les hôtels de Chamonix, 23 millions d’euros de retombées directes (en ne prenant en compte que la consommation des coureurs et de leurs accompagnants), +30 % du chiffre d’affaires commercial… sans compter les 100 000 personnes comptabilisées sur toute la semaine (les coureurs se déplaçant rarement seuls). Participant « très largement à l’économie locale » selon son fondateur, Michel Poletti, l’événement a redonné une bouffée d’air à la vallée, confrontée au déclin de l’alpinisme, « en raison du réchauffement climatique, qui rend cette activité de plus en plus compliquée à pratiquer » explique-t-il.
Et le rayonnement de l’UTMB ne s’arrête pas au mois d’août. Dans les questionnaires remplis après la course, environ 80% des participants déclarent vouloir revenir dans la vallée, et surtout en hiver. Il en va de même pour les étapes de l’ « UTMB World Series ». Une étude a chiffré à 2,5 millions d’euros l’impact du seul événement de Nice, dont la première édition a eu lieu l’an dernier.
Si les territoires voient généralement d’un très bon œil la visibilité offerte par l’événement, il importe tout de même de nuancer. C’est bien simple : pendant la semaine de l’UTMB, Chamonix se sent envahi. « 13 000 personnes vivent dans la vallée, qui peut accueillir jusqu’à 82 000 visiteurs. À l’occasion de l’UTMB, on se rapproche de cette limite, atteinte sinon uniquement pendant les périodes de vacances les plus importantes : les deux premières semaines d’août et Noël » explique Doug Mayer dans son récent ouvrage « Le Trail devenu légende ». Mais en réalité, il n’y a pas plus de touristes à Chamonix pendant la semaine de l’UTMB que pendant les trois autres semaines d’août. C’est juste que tout le monde est au même endroit au même moment : dans le centre-ville, pour regarder toutes les courses. Autre conséquence, et pas des moindres : les déplacements des visiteurs dans la vallée pouvant créer de véritables embouteillages. Les locaux se sentent parfois étouffés par l’afflux de monde. Ce que dénonce le maire de Saint-Gervais, Jean-Marc Peillex, qui, en septembre 2022, s’était exprimé avec virulence, n’hésitant pas à alerter Emmanuel Macron.
LE COUP DE GUEULE DE JEAN-MARC PEILLEX, MAIRE DE SAINT GERVAIS APRES L’UTMB 2022
Dans une longue lettre envoyée à Emmanuel Macron fin septembre 2022, Jean-Marc Peillex, le maire de Saint-Gervais, s’était insurgé à la suite de la 19e édition de l’UTMB. « Chaque année, une course de plus, chaque année encore plus de coureurs venus du monde entier, chaque année plus d’accompagnants… Toujours plus ! À la montagne de digérer cette foule d’urbains dont on l’inonde quel qu’en soit l’état de dangerosité ou de sécheresse, alors même que trop nombreux sont ceux qui n’en connaissent pas les codes. Mais business is business […] De peur d’écorner le sacro-saint principe de la liberté, peu d’élus osent demander que cela cesse et que des limites encadrent tant les accès à certains sites que les événements sportifs outdoor qui s’y déroulent ». Car « il ne s’agit pas d’interdire », insiste Jean-Marc Peillex, « il nous faut réguler ». À commencer par l’UTMB, rappelle-t-il dans une interview accordée à « 20 minutes », où il entre carrément dans le vif du sujet.
Peillex martèle : « Cela ne rapporte pas d’argent à la commune, cela en coûte car on leur donne des subventions. Toutes nos équipes techniques mettent une, voire deux journées à tout mettre en place. En termes de retour, il n’y en a que pour la commune de Chamonix. Que ce soit les Contamines-Montjoie, Saint-Gervais ou les Houches, il n’y a aucune retombée. Par contre, ça rapporte aux commerçants, aux restaurateurs et aux cafetiers parce que, pendant quelques heures, ils font une très belle recette. L’UTMB, c’est 10 000 personnes qui courent, 20 000 à 30 000 accompagnateurs, 50 000 au ‘salon de la pantoufle’ [le salon des marques, ndlr]. A un moment il faut que ça s’arrête » tonne-t-il.
Le trail, LE sport du XXI siècle
Ces dernières années, la pratique du trail a explosé. World Athletics, l’organisme mondial régissant les épreuves d’athlétisme, estime à ce jour qu’il y a 20 millions de traileurs dans le monde et que ce sport connaît une croissance de 15 % par an depuis le milieu des années 90. « En 2002, l’année précédant le premier UTMB, l’association allemande d’ultra-running, la Deutsche Ultramarathon Vereinigung, avait enregistré 47 470 finishers individuels d’ultra-marathon » explique Doug Mayer dans son ouvrage (cité plus haut). « En 2019, ce chiffre était presque multiplié par neuf, avec un total de 430 652. […] Tout cela est assez logique. Le trail est peut-être l’un des sports les plus anciens de l’humanité, il est également parfait pour le XXIe siècle. Les puristes apprécient sa simplicité : un coureur, des chaussures, un chemin. Et beaucoup de personnes ressentent le besoin d’échapper à une vie moderne toujours plus trépidante. C’est également une activité taillée sur mesure pour les réseaux sociaux. Ce sport solitaire est devenu une passion partagée sur Facebook, Strava et Instagram, où de magnifiques photos de runners dans des endroits spectaculaires peuvent être partagées à l’infini.
Une montée en puissance également remarquée à l’échelle de la France. D’après l’Union Sport & Cycle, syndicat d’entreprise liées au sport, 13 000 coureurs ont participé à l’un des 62 ultra trails organisés dans l’Hexagone en 2022.
Et il en va de même pour l’UTMB, course où le nombre d’inscrits s’est envolé au même rythme que le développement de la discipline trail. Ainsi, si en 2006, il fallait attendre trois semaines avant que la course de 170 kilomètres affiche complet, plus aucune place n’était disponible après seulement neuf minutes en 2008. Ce qui a conduit l’organisation à établir, dès l’année d’après, des conditions d’entrée, demandant aux coureurs et coureuses de justifier d’une participation à deux courses de 50 km ou à une course de 80 km. Fut ensuite instauré, en 2010, le tirage au sort. Un engouement déroutant. Mais il faut dire que cette épreuve est tombée à point nommé.
Des traileurs passionnés à l’origine de l’UTMB
L’UTMB Mont-Blanc ne doit pas sa renommée uniquement à la croissance du nombre de traileurs. Mais en grande partie au cadre exceptionnel dans lequel il se déroule. Imaginez, 170 kilomètres autour du toit de l’Europe Occidentale, en traversant trois pays. Une idée qu’avait eue René Bachelard, l’un des fondateurs d’une course relais à sept autour du Mont-Blanc, ayant eu lieu en 1997. Mais il n’y avait que Michel Poletti, un traileur originaire de la vallée, pour envisager une course en continu. Et en creusant dans les archives, ce dernier découvrit que deux Chamoniards, Jacky Duc et Christian Roussel, avaient effectué, en 1978, le tour du Mont-Blanc en 24 heures et 45 minutes. Ce qu’il entreprit de faire, en partie accompagné d’amis, avant de finalement abandonner à Ferret, en Suisse.
Août 2003. « Alors que les journées raccourcissaient et que l’automne s’annonçait, l’activité battait son plein » raconte Doug Mayer dans son ouvrage. « Les bénévoles allaient et venaient dans la maison Poletti où la table de la cuisine était le centre névralgique du nouvel événement. Leur fille, Isabelle, et son mari, Mickaël, créèrent le site web dont Catherine avait élaboré le contenu. L’équipe trouva quatre volontaires pour le traduire en quatre langues : allemand, anglais, espagnol et italien. Sur le terrain, Michel Poletti se chargeait de la reconnaissance, cherchant des sentiers qui pourraient remplacer le goudron. Il trouva des itinéraires entre le col de Voza et Les Contamines, et entre Trient et Vallorcine ».
Quelques jours plus tard, le 30 août, à 4h du matin, Catherine Poletti, la directrice de course, lance, sous la pluie, le compte à rebours au micro. Sans fanfare ni musique, 722 coureurs s’élancent pour une épreuve dantesque que seuls 67 participants parviendront à terminer. Très vite, l’UTMB acquiert une réputation mondiale de par son originalité, sa difficulté et son décor grandiose. Flairant le bon coup, les organisateurs multiplient les épreuves, la plus « petite » faisant 15 km (pour près de 1200 D+). Et la plus longue, la PTL, près de 300.
QUI ETAIT LE COUPLE POLETTI AVANT L’UTMB ?
Printemps 1976. Des répliques de mai 1968 secouent encore les campus universitaires. Michel Poletti, un idéaliste progressiste chamoniard en passe d’obtenir son diplôme d’informatique y participe activement. Il y rencontre Catherine Causse, qui avait rejoint la cause en vendant des crêpes pour soutenir les grévistes. « Nous allions à Paris lancer la révolution » explique cette dernière. « C’est peut-être la première fois que nous avons réalisé tous les deux que nous aimions organiser des événements ».
Trois ans plus tard, en décembre 1979, compte tenu de leur passion commune pour la musique, le couple ouvre un magasin de disques à Chamonix, le Violni. Leurs revenus étant modestes, ils font évoluer leur commerce pour y inclure une activité de location de vidéos, proposer certains des premiers jeux sur PC et même vendre les premières générations d’ordinateurs professionnels. Ce qui les conduira à créer, en 1987, une société d’informatique, Algol, qui développe des logiciels de gestion pour les magasins de disques et la location de skis dans la vallée de Chamonix : un énorme succès commercial qui leur donnera une assise financière. Au même moment, Michel se met au parapente, un détail qui a toute son importance. Surgit alors une idée : organiser une compétition internationale. Ce qu’ils réaliseront avec brio. « On s’est rendu compte qu’il était très difficile d’organiser une grande compétition internationale en tant qu’association à but non lucratif. C’était plus compliqué pour trouver des sponsors », détaille Catherine. « Nous savions que si nous devions un jour organiser un autre événement, il faudrait que ce soit par l’intermédiaire d’une société professionnelle. » Et Michel d’ajouter : « Si vous voulez faire quelque chose dans les règles de l’art, vous devez le faire dans un cadre professionnel ».
Source : « Le Trail devenu légende »
Le profit avant le sport ?
Un événement très convoité par des marques qui y injectent des dizaines de milliers d’euros chaque année
« Dès 2003, nous avons vu le développement de l’ultra-trail comme une opportunité, d’abord parce qu’il y avait des besoins en matière de développement de matériel technique, avec des chaussures capables d’assurer un amorti et une stabilité en terrain hostile » expliquait en juin Guillaume Meyzenq, vice-président du département footwear de Salomon, au Monde. On comprend donc pourquoi les marques ont répondu présentes dès les balbutiements de l’événement.
Ainsi, dès la première édition, en 2003, l’UTMB a un sponsor, et pas des moindres : The North Face. « J’étais à Chamonix pour le Marathon du Mont-Blanc [qui se déroule généralement fin juin, ndlr] » racontait récemment Karla Valladares, alors directrice marketing de The North Face pour l’Europe de l’Ouest, à Doug Mayer. « Catherine et Michel Poletti avaient une petite table dans le centre sportif, avec les autres exposants. Ils étaient venus avec quelques brochures faites maison et parlaient de leur événement. J’ai cru que c’était juste de la rando […] Catherine et Michel pensaient que j’envisageais de courir. Nous avons discuté pendant une demi-heure avant que je demande s’ils avaient un sponsor. […] Je leur ai demandé de me laisser six heures. De ne pas parler à d’autres marques et de me faire confiance. On s’est serré la main, et voilà comment ce projet m’a séduite. Je savais que ça allait être grand ».
Cet heureux hasard permit aussi aux Poletti de se lier d’amitié avec un champion influent : Topher Gaylord, directeur général EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique) de The North Face et ultra-runner depuis quelques années déjà. Mais après douze ans de partenariat, le géant américain change de stratégie marketing. Topher Gaylord n’a pourtant pas dit son dernier mot. À ce moment-là, il passe chez Columbia, autre entreprise outdoor américain. Résultat ? Un partenariat sur sept ans, jusqu’en 2020.
Désormais, l’UTMB est en partenariat avec Hoka (chaussures et textile). Il se dit en coulisses que le contrat avec cette dernière dépasserait largement les sept chiffres par an. Rien d’étonnant quand on sait que la semaine de l’UTMB coûte trois millions d’euros à produire (entre en compte principalement les 300 à 400 prestataires). Mais si la présence de sponsors n’étonne, ni ne choque, plus personne – tous les événements sportifs y sont désormais contraints – on peut s’interroger sur le renforcement de certaines collaborations. C’est le cas de celle qui, depuis 2022, lie l’UTMB au constructeur automobile Dacia. Cette année, le « sommet mondial du trail » a cédé à nouveau au « naming » – elle l’avait déjà fait à ses débuts avec The North Face – et s’est rebaptisé cette fois « Dacia UTMB Mont-Blanc ». Un pas de trop pour beaucoup d’athlètes, et non des moindres, qui ne se sont pas privés de le faire savoir.
Mercredi 16 août Kilian Jornet relayait sur Instagram un post de l’athlète pro américaine Hillary Girardi. La championne de skyrunning aujourd’hui installée en France (connue notamment pour le record féminin de l’ascension du Mont-Blanc) commentait une pétition en ligne lancée par les « Green runners Chamonix Mont-Blanc », (association comptant des athlètes tels que Jasmin Paris, sixième de l’épreuve en 2017) pour que l’UTMB renonce à ce mariage bien mal assorti. « Il est vraiment décevant de voir l’UTMB s’associer à un sponsor à forte émission de carbone et je leur demande de mettre fin à leur relation avec Dacia. » pouvait-on lire dans le post des « Green runners » sous la plume de Jasmin Paris, cofondatrice de cette organisation. « En s’associant à Dacia, l’UTMB fait la promotion de produits à forte teneur en carbone. L’UTMB Mont Blanc, en tant que plus grand ultra-marathon du monde, dispose d’une plateforme énorme, mais au lieu de l’utiliser pour un changement positif, ils choisissent de se contenter de belles paroles et de donner la priorité au profit plutôt qu’aux personnes et à la planète. Signez notre pétition et dites non au greenwashing ! ». Ce qu’en d’autres termes Hillary Girardi exprimait ainsi dans son post (voir ci-dessus) : « L’UTMB peut choisir d’être un miroir pour notre société (reflétant la réalité actuelle du sponsoring d’événements ou une fenêtre (vers un modèle meilleur et plus durable). « Que voulons-nous voir ? ».
Un discours que Kilian Jornet (qui ne pourra finalement pas participer à l’UTMB pour des raisons de santé, a-t-il annoncé hier) reprend à son compte dans une story, expliquant que « les endroits où l’on pratique nos activités changent drastiquement du fait du changement climatique et de la pollution. La vallée de Chamonix a un énorme problème de pollution de l’air par des particules, alors que ses glaciers et ses écosystèmes se détruisent rapidement. » Certes, il a lui aussi été « sponsorisé par les fabricants automobiles », précise-t-il, « mais aujourd’hui, si nous avons le luxe de choisir (nos sponsors, ndlr), nous devons choisir ceux qui œuvrent pour des bénéfices futurs. Le rôle des athlètes d’élite, des fédérations et des organisateurs de gros événement va au-delà de nos propres activités, et les conséquences futures sont aussi de notre responsabilité. » Une prise de position qui a fait grand bruit hier sur les réseaux. Et qui n’est sans doute que le début d’un débat que les athlètes ne manqueront pas d’alimenter. De quoi faire réfléchir les Poletti ? Ce serait bien avisé.
« Nous ne voulons pas que Chamonix devienne Disneyland »
La signature, fin 2021, d’un contrat avec Hoka, devenu partenaire chaussure et textile de l’UTMB World Series cette année, témoigne d’une réelle montée en puissance. « C’est la reconnaissance de l’excellence de l’UTMB et une très bonne nouvelle » se réjouissait à l’époque Frédéric Lénart, le directeur général du groupe UTMB. En 2022, la marque s’est montrée ultra-présente et très active pendant toute la durée de l’événement. Aussi bien du côté des traileurs que des spectateurs.
Exit donc les traditionnels feux de joie à Notre Dame de la Gorge, au 30e kilomètre de la course, manière symbolique de redonner de l’énergie aux coureurs lors de la première nuit de course. À la place, Hoka a installé un tunnel lumineux coloré que les traileurs ont traversé. Certains, sur les réseaux sociaux, se sont plaints du caractère exagéré ou inapproprié d’une telle installation. Mais la plupart des coureurs et des spectateurs en ont été ravis. Et la patte d’Hoka s’est également retrouvée dans le Salon Ultra-Trail, paré aux couleurs de la marque. Impossible en effet de passer à côté !
« Notre présence ici ne se résume pas à un gros logo », expliquait Steve Doolan, au contrôle de la stratégie commerciale de la marque. « C’est un investissement important pour nous. Nous avons un beau stand, nous organisons plusieurs opérations tout au long de la semaine… Nous voulons affirmer notre appartenance à la communauté ».
Conséquence : l’année dernière, tout est passé à la vitesse supérieure. En témoigne l’ampleur du Salon de l’Ultra-Trail, organisé en marge de l’UTMB. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il était tentaculaire. Un bel outil marketing, très captif, qui permettait aux marques de toucher les consommateurs (pas moins de 55 000 visiteurs annoncés sur la semaine) au cœur même de leur passion sportive. Tests produits, séances de dédicaces et avant-premières étant au programme. Un moyen de découvrir les plus grandes marques et d’échanger avec les spécialistes de la discipline réunis au grand complet pour présenter leurs dernières innovations.
Outre Hoka, le principal sponsor, plus de 160 exposants étaient présents. Certains étant venus avec des athlètes, des équipes de marketing et de développement de chaussures. C’est le cas d’Asics, de Brooks, d’On, d’Altra, de Merrell, d’Adidas-Terrex, de Salomon, de The North Face et de La Sportiva, pour ne citer qu’eux. Et l’UTMB à fort à faire pour gérer l’effervescence des marques. « Nous ne voulons pas que Chamonix devienne Disneyland », soulignait récemment Catherine Poletti.
À voir le nombre de personnes faisant la queue pour s’acheter un t-shirt ou un mug logoté dans la tente officielle de merchandising UTMB, il y a tout de même de quoi s’interroger. Là-aussi, l’UTMB Group a passé un cap à l’événement. Ce qui est certainement dû à l’influence d’Ironman, à qui l’on doit l’organisation du plus circuit de triathlon au monde, qui a rejoint de UTMB Group le 6 mai 2021.
Vers une « ironmanisation » du trail ?
L’idée d’un circuit mondial de trail running n’est pas nouvelle. Sa mise en application remonte à 2014 où l’UTMB rassemble dix des meilleures courses d’ultra-trail du monde pour former l’Ultra-Trail World Tour. L’avenir est en train de prendre forme. Mais il n’y a guère de liens entre les épreuves, avec un esprit, des règles et des sponsors différents. S’ajoute à cela un modèle pas viable financièrement : les frais payés à chaque course n’étant pas suffisants pour couvrir les coûts de gestion du Tour. Il faut donc tout revoir.
L’arrivée d’un entrepreneur ambitieux, Rémi Duchemin, PDG de la société suisse de marketing OC Sport, pionnière dans l’organisation d’événement sportifs, va faire bouger les choses. Le 28 avril 2017, l’UTMB et OC Sport annoncent la création d’un circuit mondial de courses de trail sous licence UTMB. Un an plus tard, en septembre 2018, tous les actifs de l’UTMB sont placés dans une nouvelle entreprise appelée UTMB Group, intégrant UTMB International, LiveTrail, une société de services informatiques pour les courses de trail qui propose également ses services à d’autres événements dans le monde entier, Ultra-Trail World Tour, et, bien sûr, l’UTMB Mont-Blanc des origines.
C’est à ce moment-là que des grandes multinationales du marketing sportif, bien plus expérimentées et désireuses de se faire une place dans le trail running, commencent à s’intéresser à l’univers du trail running. Spartan, organisateur des célèbres courses d’objectif, Virgin Sports, Motiv Sports, ASO, les propriétaires du Tour du France et Ironman, la franchise aux triathlons longue distance. Mais quelle que fût l’offre, la réponse des Poletti est la même « L’UTMB n’est pas à vendre et ne sera pas vendu ».
Rémi Duchemin se tourne alors vers Télégramme, groupe de presse français, déjà détenteur d’une partie d’OC Sport qui fera l’acquisition de 40 % de l’UTMB par l’intermédiaire d’une augmentation de capital, dont le produit fut directement versé à la société. Un moyen pour l’UTMB d’avoir les reins solides en cas de crise. Notons que parallèlement à cela, un nouvel objectif prend forme : la transmission de la société à la génération suivante, les enfants de Michel et Catherine Poletti, David et Isabelle.
Mais la vente des parts de l’UTMB Group ne fait pas cesser les sollicitations. Une société insiste particulièrement : Ironman Group. Cette entreprise de marketing sportif, à la valeur estimée à plus de 700 millions d’euros, basée à Tampa, en Floride, a fait du triathlon un phénomène en proposant un circuit international. Et à cette époque, son modèle s’essoufflant peu à peu, elle voit dans l’essor du trail une opportunité, une communauté différente, qui n’irait jamais s’épuiser sur un Ironman (3,8 kilomètres à la nage, 180 km en vélo et 42 kilomètres en courant). En guise de test, elle fait, le 15 mai 2018, une première acquisition : l’Ultra-Trail Australia. Et le groupe est conquis par ce sport à la croissance rapide !
Si bien que ses dirigeants veulent coûte que coûte pénétrer sur ce marché. Avec ou sans l’UTMB. Et l’avenir étant, en 2020, pour le moins incertain, en raison de la pandémie de Covid, les Poletti acceptent vite de devenir associés. Ils ne souhaitent certainement pas avoir le géant Ironman comme concurrent direct. Le groupe Télégramme cède donc ses parts à Ironman (40%), et la famille fondatrice en vend 5% supplémentaire. La famille Poletti reste donc majoritaire. « Nous bénéficions de leur savoir-faire, puisqu’ils ont un temps d’avance dans les sports de grande endurance. Et eux voulaient se développer sur le trail, où ils étaient peu présents », expliquait Isabelle Viseux-Poletti, directrice d’UTMB France, fille des cofondateurs du groupe.
Lorsque l’accord est annoncé, le 6 mai 2021, la polémique fait rage dans l’univers du trail running. On s’interroge : les valeurs d’Ironman correspondent-elles vraiment à celles du trail ? Une inquiétude résumée par John Kelly, un Américain finisher de la Barkley en mars 2023, également adepte, il y a quelques années, des triathlons longue distance, dans un tweet mettait en lumière la réputation d’agressivité d’Ironman : « Monopolisation des événements par le biais de qualifications exclusives à la course ‘reine’, entraînant des frais d’inscription astronomiques et la disparition de courses indépendantes, un mépris total pour les sites d’accueil, l’expérience et la sécurité des athlètes, comme pour tout ce qui peut entraver le chiffre d’affaires – cultures ou objectifs différents ». Le Circuit « UTMB World Series » est né.
Les « UTMB World Series », un fonctionnement plus fermé
À ce jour, les « UTMB World Series » comptent 36 courses réparties sur les cinq continents. La principale reste celle du Mont-Blanc. « Notre territoire n’est pas dimensionné pour accueillir plus que les 10 000 à 11 000 coureurs annuels sur les sept courses du Mont-Blanc », prévient Isabelle Viseux-Poletti. « Il s’agit d’un sport en plein essor. Nous préférons donc opter pour une stratégie mondiale, en organisant aux endroits où sont les coureurs, l’UTMB devenant l’étape ultime, que chaque coureur ne pourra pas disputer chaque année ».
« En multipliant les rendez-vous, l’UTMB a aussi changé de dimension » détaillent Les Echos. « L’entreprise est passée d’une dizaine d’employés en 2019 à quasi 70 [69 exactement nous a précisé l’organisation, ndlr] à l’international. Le chiffre d’affaires du groupe s’est élevé à 14 millions d’euros en 2022 [d’autres sources officielles, notamment Societe.com, affirment que ce montant s’élève plutôt à 10 millions d’euros, à savoir que l’organisation ne communique pas sur le chiffre d’affaires de la semaine UTMB elle-même, ndlr], dont près de la moitié issue des inscriptions – dont le montant varie de 40 à 300 euros -, les autres recettes provenant de partenariats avec des grandes marques, de revenus institutionnels ou de droits médias ».
De la jungle mexicaine aux rizières thaïs, en passant par les lacs néo-zélandais, les coureurs partent à l’aventure dans le but de décrocher les fameux Running Stones, un système de points propre à l’ « UTMB World Series ». Chaque course accomplie parmi quatre catégories (20K, 50K, 100K et 100M) équivaut à une Running Stone qui, par la suite, donne une chance d’être tiré au sort pour participer aux UTMB World Series Finals à Chamonix.
La raison d’une telle usine à gaz ? Un système d’inscriptions pour l’UTMB Mont-Blanc qui « atteignait sa limite » explique Frédéric Lénart, directeur général UTMB Group. « En 2020, nous avions 32 000 candidats pour 10 000 places. Pour éviter de gérer trop de frustrations à l’avenir, nous avons mis en place ce nouveau système pyramidal. L’UTMB Mont-Blanc est désormais une finale mondiale […] Le fonctionnement est plus fermé qu’auparavant. Il n’y a plus les 4000 courses qualificatives du début [le système de points. ITRA ayant été dissocié de l’UTMB, ndlr], mais quelques dizaines d’évènements sur l’UTMB World Series. Ceux-ci fournissent des Running Stones, tickets pour le tirage au sort. En parallèle, nous avons mis en place une qualification par la performance. Ainsi, les athlètes qui font un podium sur un événement by UTMB ont automatiquement une invitation pour l’UTMB de Mont-Blanc. Nous conservons la cohabitation entre athlètes et amateurs qui nous est chère ».
COMMENT PARTICIPER À L’UTMB MONT-BLANC, LA COURSE REINE ?
1. Créer un compte My UTMB
2. Courir dans les courses ByUTMB afin d’obtenir des Running Stones (au moins une) et d’avoir un UTMB Index validant la catégorie dans laquelle on veut s’inscrire (en participant par exemple à une course de 100 kilomètres).
3. Se préinscrire à l’UTMB Mont-Blanc avant le 31 décembre pour l’été suivante. (Plus l’on a de Running Stones, plus l’on a de chances d’être tirés au sort)
4. Attendre les résultats du tirage au sort (publiée au début du mois de janvier) :
– Si l’on est tiré au sort : confirmer sa place et payer son inscription sous les dix jours. Ce qui vient remettre à zéro son compte de Running Stones.
– Si l’on n’est pas tiré au sort : toutes les Running Stones restent sur le compte du coureur. Il pourra à nouveau tenter sa chance l’année suivante.
Et l’esprit trail dans tout ça ?
Ce nouveau fonctionnement ajoute une barrière supplémentaire. Avoir une chance de participer à la course reine de l’UTMB a désormais un coût puisque le circuit UTMB World Series nécessite de voyager pour obtenir des Running Stones (seulement 4 courses en France à ce jour – Trail Alsace Grand-Est by UTMB, Trail du Saint-Jacques by UTMB, Restonica Trail by UTMB, Nice Côté d’Azur by UTMB) et de payer des montants d’inscriptions élevés (le 100 km du Trail Alsace Grand-Est, coûte par exemple 170€). Ce qui n’est pas accessible à tous les traileurs.
Outre une discrimination économique, cela implique également que les coureurs consacrent une grande partie de leur saison à l’UTMB. À savoir que pour espérer échapper au tirage au sort, ils doivent avoir fini dans le top 3 d’une course World Series ou dans le top 10 des courses UTMB World Series Majors (plus compétitives), et ce dans les quinze mois précédant l’UTMB Mont-Blanc. On ne peut que saluer la démarche commerciale : tirer parti d’un départ convoité à Chamonix pour inciter des coureurs de renom à participer à des courses moins prestigieuses (en apparence du moins). En résumé : pour espérer courir sur la course reine fin août, vous devez courir le circuit « By UTMB », au détriment d’autres courses non affiliées au système (Grand Raid des Pyrénées, Echappée Belle, Diagonale des Fous, etc).
PARTICIPER À L’UTMB, COMBIEN CA COÛTE VRAIMENT ?
Exemple d’un coureur parisien, désireux d’optimiser au maximum son budget, qui viendrait sur Chamonix du 31 août (veille de course) et qui en repartirait le 3 septembre.
– Inscription à la course : 355 € (hors frais de dossier)
– Transport (aller-retour) : 198 € (160 € de train de Paris Gare de Lyon à Genève – seconde classe – et 38 € de bus de Genève à Chamonix)
– Logement : 500 €
Total : 1053 €
Sans compter la nourriture, la venue d’un proche, la reconnaissance éventuelle de la course en amont, ni l’argent dépensé sur le circuit UTMB World Series permettant de décrocher les précieux Running Stones. Et encore moins l’équipement (voire même les achats sur le Salon de l’Ultra-Trail lors de l’événement, les photos souvenirs vendues après la course, etc.). Le budget peut donc très vite exploser. Autre coût d’une telle course à prendre en compte : celui sur l’environnement. Pour plus d’infos, relire notre enquête à ce sujet.
Source : Outside.fr
L’UTMB était-il en train de détruire le fameux « esprit trail », à savoir la joie de passer du temps ensemble dans la nature ? Est-il en passe d’être le géant qui absorbe tout sur son chemin ? Se dirige-t-il tout droit vers un avenir sombre, dominé par des capitalistes ? Les courses qui ne font pas partie du circuit UTMB World Series vont-elles être considérées comme mineures ? Difficile à dire.
Mais que l’on soit un fan du « sommet mondial du trail » ou que l’ « ironmanisation » nous donne de l’urticaire, on ne peut qu’affirmer que loin des contrats à sept chiffres, des arches où se côtoient les logos d’équipementiers outdoor et de constructeurs automobiles, la magie reste (pour le moment) encore la même pour la plupart des coureurs.
Notons qu’ironiquement, l’une des questions les plus controversées autour de l’UTMB est celle des primes attribuées aux meilleurs coureurs. À l’origine, l’absence de récompense financière découle d’une noble intention ! À savoir offrir les mêmes cadeaux à chaque finisher. Mais au fil du temps l’UTMB a fini par se rendre à l’évidence. De 2019 à 2021, la course offrit des primes allant de 500 à 2000 € pour les dix premiers arrivés, hommes comme femmes. En 2022, elles allaient de 1000 € pour les concurrents ayant terminé entre la sixième et la dixième place, à 10 000 € pour le vainqueur de la course ‘reine’. Le géant Ironman est-il à l’origine de ce changement ? Ou bien est-ce simplement la conséquence directe d’un sport en plein développement, et donc en pleine professionnalisation ?
Rappelons également, si tant est que cela s’impose, que les coureurs demeurent libres de courir ailleurs que sur les courses « By UTMB ». Et que cet événement mythique fait également la beauté de ce sport et permet d’en écrire de belles lignes. Espérons que les organisateurs trouveront le bon compromis et ne céderont pas à la tentation du « toujours plus ». Mais est-ce encore possible ? Maintenir l’équilibre entre business et valeurs s’apparente à marcher sur une ligne de crête. D’un côté l’appât du gain, de l’autre, l’organisation de courses à perte… ou à moindre gains. Et la machine ne semble pas prêt de s’arrêter, au contraire. Pour les cinq à dix prochaines années, l’objectif pour l’ UTMB est d’organiser une cinquantaine d’événements dans le monde. « Cela peut passer par des créations de partenariats ou des achats », précise la dirigeante Isabelle Viseux-Poletti. « Nous visons plutôt des territoires comme l’Europe de l’Est, où nous ne sommes pas encore présents. » Avec une croissance prévue aussi sur chaque épreuve : « De 1 000 coureurs, nous pouvons monter jusqu’à 5 000. » Le chiffre d’affaires du groupe devrait, lui, grimper à 40 ou 50 millions d’euros à cet horizon, « en restant sur notre coeur de métier, qui est l’organisation d’événements » précise-t-elle. Vous avez dit « sport-business » ?
Article publié le 18 août 2023, à 8h56, mis à jour à 20h30. Nous précisons dans le paragraphe sur la pétition des « Green Runners » que Hillary Gerardi ne fait pas partie de cette organisation mais qu’elle a relayé et commenté cette pétition. Par ailleurs, le mardi 29 août, nous avons apporté une précision sur le chiffre d’affaires du groupe.
Photo d'en-tête : Franck Oddoux / UTMB- Thèmes :
- Enquête
- Société
- Trail Running
- UTMB