Après avoir fait la tournée des plus grands festivals à l’automne, « Insitu », le film de Marion Haerty réalisé par PVS company est désormais disponible sur YouTube. La snowboardeuse française, double championne du monde sur le Freeride World Tour signe une oeuvre originale, très artistique, qui tranche avec ce que l’on a l’habitude de voir en matière de snow. Elle nous raconte les dessous de ce film.
C’est depuis Tenerife où The North Face avait réuni tous ses athlètes que la championne française nous a répondu. Après un gros mois de préparation physique au CERS, elle a remis les pieds sur son snowboard ces dernières semaines grâce aux chutes de neige précoces. À un mois et demi de la première manche du Freeride World Tour au Japon, elle revient sur ce premier gros projet de film, qui pourrait être le début d’une longue série.
Comment te sens-tu en ce début de saison ?
Ça va super, j’ai la forme. On a de la chance cette année avec la neige, on a pu commencer à rider tôt. À la rentrée j’avais un peu de mal à me remettre à 100% sur l’objectif Freeride World Tour, ça demande beaucoup d’engagement et de sacrifices, mais au fur et à mesure de la préparation j’ai retrouvé la motivation.
Tu as profité de l’automne pour faire le tour des festivals pour présenter “Insitu”. C’est un film assez différent de ce qu’on voit d’habitude dans le monde du snow, comment t’en est venue l’idée ?
En sortant du High Five, l’année dernière; j’y avais vu de super films, mais je me suis posé la question : “Qu’est ce que je peux faire de différent ?”. J’ai réfléchi et pensé à un film artistique et poétique plutôt que de la performance pure comme on en a l’habitude en snowboard. J’ai regardé les grosses productions d’Absinthe et autres pendant des années, mais ça ne me fait plus rêver. Je suis à la recherche d’émotions.
Tu as fait ce film avec PSV Company, pourquoi ce choix ?
J’ai rencontré peu après Mathilde (Fiet, ndlr) et Vincent (Ricci, ndlr) à qui j’ai parlé de l’idée de faire quelque chose de différent. Ils ont tous de suite été emballés par ce projet, je pense d’ailleurs que c’est le côté “original” qui les a accrochés. En plus ils sont basés à Saint Gervais, tout près de chez moi. Ca faisait vraiment sens de produire ce film ensemble.
En parlant de proximité, où as-tu tourné les images du film ?
Je voulais rester dans la vallée de Chamonix ou en tout cas ne pas trop m’éloigner. C’est là où j’habite, où je m’entraîne principalement et le terrain de jeu est tellement incroyable que je ne voyais pas bien pourquoi aller à l’autre bout du monde. Au départ j’ai pensé à la face nord de l’Obergabelhorn, en Suisse, puis on s’est concentré finalement sur l’aiguille de l’Amône dans le massif du Mont-Blanc.
Tu as tourné le film l’hiver dernier. Ce n’est pas trop compliqué de gérer un tel projet en même temps que le Freeride World Tour ?
C’est vrai que tourner un film prend beaucoup de temps et d’énergie. Le résultat final fait six minutes alors que chaque séquence a demandé cinq à six heures de tournage avec trois ou quatre personnes à chaque fois derrière la caméra. Mais à la différence de l’escalade ou du ski de fond ou d’autres discipline encore, le Freeride World Tour, ce n’est que cinq étapes dans l’hiver, ce qui laisse finalement pas mal de temps pour faire autre chose. Bien sûr il y a l’entraînement et la récupération à prendre en compte, mais en s’organisant, c’est faisable.
Lors de la conférence “Femmes et montagne” organisée dans le cadre du Winter Film Festival, tu évoquais tes difficultés à trouver des partenaires pour te suivre sur ce projet de film. Comment l’expliques-tu ?
Il y a plusieurs raisons à cela, selon moi. La première et la plus importante c’est le timing. J’ai lancé le projet un peu trop tard, pendant l’hiver. Les marques débloquent les budgets pendant l’été, par anticipation. Quand je suis arrivée, elles les avaient déjà alloués à d’autres choses. Ensuite, l’originalité du sujet a sûrement un peu freiné. Mais c’est vraiment quelque chose qui me tenait à coeur, et finalement The North Face m’a permis de le mener à son terme.
C’était ta première expérience en la matière?
Quasiment, si l’on exclut un petit film réalisé par Yucca il y a deux ans. Un simple portrait, rien à voir avec ce qu’on a fait ici. En tous les cas, cette première grosse expérience m’a donné envie de m’impliquer dans ce genre de production dans le futur. Raconter une histoire, une aventure, une expédition, ça me plaît vraiment.
De là à mettre la compétition de côté ?
Non, ce n’est pas le projet à court terme. Pour le moment j’ai encore envie d’être compétitive sur le Freeride World Tour. Ce n’est pas tant l’idée d’être une nouvelle fois championne du monde qui m’intéresse, mais plutôt celle de progresser, de sortir des runs encore plus aboutis. J’en parlais récemment avec Victor (De Le Rue, ndlr), la compétition apporte une certaine excitation qu’on ne retrouve pas ailleurs. Et puis c’est une belle vitrine pour mettre son sport sur le devant de la scène, et essayer de le faire grandir.
Marion Haerty commencera sa saison au Japon pour la première manche du Freeride World Tour, du 18 au 25 janvier prochain.
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