Les travaux de la nouvelle, et déjà très controversée, tour des juges, édifice en aluminium de 14 mètres en plein lagon, auraient dû commencer à Tahiti hier, lundi 4 décembre. Ils sont suspendus jusqu’à nouvel ordre, suite aux incidents survenus vendredi dernier. Lors du passage de la barge des officiels sur le récif de Teahupoo pour une phase d’essai avant l’implantation de cette construction destinée aux épreuves de surf des JO, des coraux ont été cassés, comme le craignaient les opposants au projet. L’office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique s’est donc vu confié une enquête.
Des coraux brisés, une barge coincée sur le récif et, juchés sur la plateforme, des officiels visiblement accablés par le désastre, le tout sous le regard, et la caméra, d’une association de défenseurs de Teahupoo : ces images désolantes ont été largement partagées et commentées depuis leur mise en ligne ce week-end. Dans la foulée, les autres essais prévus le week-end derniers ont immédiatement été annulés par le président polynésien Moetai Brotherson, et le parquet de Papeete a décidé d’ouvrir une enquête, révèlent nos confrères de Tahiti Infos. Elle est fondée » sur un article du code de l’environnement de la Polynésie française qui repose sur le fait que ‘ne pas respecter une des prescriptions ou interdictions édictées par la réglementation de l’espace naturel protégé lorsque cela a causé une atteinte non négligeable à l’environnement » est un délit. En charge. : les enquêteurs de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) et les gendarmes de la brigade de Taravao. »
Coïncidence du calendrier, le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) de Paris 2024 – qui avait dû revoir sa copie suite aux critiques concernant la nouvelle tour des juges – avait partagé le jour même de nouvelles informations au sujet des solutions à l’étude. A savoir, une réduction de la taille et de du poids de la construction, mais aussi de nouvelles fondations insérées dans les intervalles des plots existants, au même endroit que l’ancien édifice. « Les nouveaux plots permettront au corail de se fixer et de se développer, comme cela est déjà le cas pour les fondations actuelles », expliquait le communiqué qui décrivait la zone de travaux « à faible sensibilité écologique », raison pour laquelle elle avait été choisie.
Les destructions occasionnées vendredi ont rapidement démontré le contraire, malheureusement. D’ailleurs, la ministre des Sports de la Polynésie française, Nahema Temarii, n’a pu que reconnaitre l’authenticité de la vidéo, et s’excuser pour cette destruction. « Je vois et je constate avec vous », a-t-elle écrit. « Ça n’effacera rien de ce qui s’est passé. Il va falloir assumer, réparer et repenser. » Quant à la directrice du site de Tahiti pour Paris 2024, Barbara Martins-Nio, elle a dû admettre que : « Les associations ont raison, l’accessibilité au site est complexe, nous souhaitons leur tendre la main en leur suggérant une collaboration technique étroite afin de retrouver la sérénité », a-t-elle déclaré à l’AFP.
Pour l’heure, il n’est pas question de revoir le projet selon Moetai Brotherson qui a, lui aussi, « regretté » cet incident, mais qui refuse de faire marche-arrière, précisant que l’utilisation de l’ancienne tour en bois était impossible pour des questions de sécurité du personnel amené à y intervenir mais que des solutions étaient encore à l’étude.
Photo d'en-tête : Depositphotos