Le comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024 (COJO) a annoncé hier que Tahiti et sa mythique vague de Teahupoo seraient le site hôte des épreuves de surf. Berceau de la discipline et eldorado des passionnés, ce choix a été très bien accueilli par la majorité des surfeurs, dont le meilleur Français actuel, Jérémy Florès. Mais chez les observateurs, les avis sont plus mitigés, certains pointant notamment la difficulté de la vague.
S’il faut encore attendre la validation par le Comité international olympique (CIO), qui se réunira à Lausanne le 8 janvier prochain, puis attendre décembre 2020 pour être sûr que le surf sera toujours un sport olympique en 2024, le choix de confier à Tahiti les épreuves de surf a provoqué de nombreuses réactions.
Depuis le mois d’août et les déclarations de la ministre des sports, Roxana Maracineanu, expliquant au cours d’un déplacement à Lacanau, au micro de France 3, avoir « envie d’associer les territoires d’outre-mer à ces aventures des Jeux olympiques », on savait l’île de Polynésie française en pôle position. Face à elle se trouvaient quatre autres candidatures : Biarritz, Lacanau-Bordeaux, La Torche et Hossegor-Seignosse-Capbreton.
Tony Estanguet, triple champion olympique de canoë et président du comité d’organisation de Paris 2024, a été le premier à se réjouir de la validation de ce choix par le conseil d’administration du COJO (réunissant le COJO, le CIO, l’État, les collectivités, le mouvement sportif).
Tahiti, berceau du surf
Si le monde du surf est globalement unanime sur ce choix, c’est l’aspect culturel qui est le plus souvent mis en avant. Jérémy Florès, meilleur surfeur français actuel, vainqueur du Quicksilver Pro France à Hossegor début octobre, a déclaré : “Ça va faire rêver de voir une épreuve olympique à Tahiti. On est là sur les plus belles vagues au monde. Et puis, il y a la culture tahitienne, le public tahitien. Pour l’image de notre sport et pour le sport en lui même, Tahiti est un bon choix”.
Michel Bourez, surfeur originaire de Tahiti et qui représentera la France aux JO 2020 de Tokyo, va dans le même sens : “Personnellement, je trouve que c’est magique. Le surf vient de Tahiti. C’est un retour aux sources. Dans les racines mêmes du surf. Je suis content”.
Teahupoo, une vague mythique, mais qui effraie
Aussi admirée que crainte, Teahupoo, vague qui a fait la renommée de l’île, suscite quant à elle des réactions contrastée. Si le COJO explique ce choix par la réputation internationale du site, il pointe également le fait qu’à cette période (26 juillet au 11 août 2024), il y a l’assurance d’avoir des conditions de vagues exigeantes permettant d’organiser une compétition de qualité. Il est vrai qu’à la même période, en métropole, il y a le risque que la houle ne soit pas assez importante.
Pascal Bourricaud, ancien surfeur de haut niveau et aujourd’hui directeur de l’animation et des prestations des plages à Anglet, salue ce choix tout en s’interrogeant quant à la difficulté de la vague : “Pour l’image, c’est évidemment extraordinaire que Tahiti accueille le surf pour les JO, mais aujourd’hui, hormis pour quelques surfeuses, la vague est trop exigeante. Même certains surfeurs ne sont pas rassurés à l’idée de surfer Teahupoo”. La vague, qui figurait sur le circuit pro féminin au début des années 2000, a ainsi été retirée en 2006 par les organisateurs, qui la jugeaient trop dangereuse pour les femmes.
Cette opinion est partagée par de nombreux observateurs, mais aussi des surfeurs en activité. Interrogé par Ouest France, la surfeuse tahitienne Vahine Fierro explique : « La vague est assez épaisse donc elle est puissante et elle peut te blesser facilement. Si tu tombes, tu peux te couper sur le récif, tu peux rester longtemps sous l’eau, c’est l’une de mes plus grandes frayeurs. […] Pas beaucoup de filles la surfent”.
“Esprit de Coubertin”, impact carbone, des questions qui font débat
Pascal Bourricaud s’interroge également sur le choix de délocaliser si loin une épreuve olympique : “l’esprit des JO c’est aussi que les athlètes de toutes les disciplines puissent être ensemble, se mélanger, échanger. Si l’on avait choisi un site en métropole, il n’aurait pas été très compliqué d’un point de vue logistique que les surfeurs rentrent à Paris pour recevoir leur médaille et profiter de l’événement”.
Autre problématique, celle de l’environnement, même si c’est plus l’impact global des JO qui pourrait être questionné plutôt que cette simple délocalisation. Tony Estanguet a d’ailleurs réagi aux critiques sur ce point. Interrogé par l’Équipe, il explique que Tahiti accueillera moins de spectateurs, ce qui limite les déplacements, et que lorsque tous les éléments sont pris en compte, l’impact n’est pas différent que si cela était organisé en métropole.
Photo d'en-tête : © Fédération Française de Surf- Thèmes :
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