Sidérant dans « El Salto del Maule », la descente d’une cascade de 41 mètres, un exploit réussi en février dernier, le kayakiste freestyler américain vient de s’attaquer, toujours au Chili, à un autre challenge : le Rio Claro, un fleuve tumultueux et surtout extrêmement étroit dont certaines sections ne sont accessibles qu’en kayak. Il n’en fallait pas plus pour titiller le champion du monde de canoë-kayak libre, toujours en quête de nouveaux spots. Il en est revenu avec un film de 7 minutes dont on retiendra moins les commentaires (en anglais et … très sonores !) que les images, saisissantes.
Une enfance américaine sur les routes, en camping-car, une mère qui lui fait l’école (un peu) et un père, pagayeur olympique, qui l’entraîne (beaucoup) : le chemin était tout tracé pour Dane Jackson.
En 2011, il remporte le Whitewater Grand Prix – compétition organisée depuis près de dix ans au Canada réunissant la crème de la crème du kayak extrême – depuis, il domine toutes les compétitions, détenant, entre autres, le titre de champion du monde de canoë-kayak libre.
Bien drivé par papa, fondateur de la société Jackson Kayaks, l’Américain de 26 ans a marqué tous les esprits en février cette année en descendant « El Salto del Maule », une cascade de 41 mètres, au Chili. Un cran nettement au-dessus de ses précédents exploits, six cascades d’au moins 30 mètres de haut.
Aussi s’attaquer au Rio Claro, toujours au Chili, pourrait ressembler à un jeu d’enfant pour Dane Jackson. Mais il n’en n’est rien, tant le site est engagé, comme on le découvre dans son film. « C’est un fleuve dont on ne peut apprécier toute la puissance qu’en le parcourant en kayak », explique l’athlète. « Incroyablement étroit, il faut s’y engager à fond. C’est l’un de mes parcours préférés au monde, et de loin l’un des plus beaux. L’eau cristalline serpente entre les roches abruptes. C’est un lieu absolument unique ». explique-t-il.
Flash back : en février Dane saute la cascade « Salto del Maule », haute de 41 mètres
Pendant quatre ans, il n’a eu de cesse d’y penser. En février dernier, toutes les conditions étaient enfin réunies pour tenter la descente d’El Salto del Maule, au Chili, une cascade 41 mètres de haut, la deuxième plus haute chute jamais franchie. Interviewé par Redbull, son sponsor, le kayakiste pro raconte comment il s’est préparé à cette épreuve et comment il l’a vécue.
Extraits choisis.
Comment as-tu trouvé cette cascade, et qu’est-ce qui la rend si spéciale ?
À chaque fois que vous découvrez une cascade qui n’a pas été faite, une question s’impose : est-ce possible ? Je suis déjà tombé sur ce genre de chutes d’eau plusieurs fois, mais quand j’ai découvert le Salto del Maule, il y a 4 ans, c’est la cascade qui m’a le plus obsédé – je n’arrêtais pas de me renseigner, de regarder des photos et des vidéos pour essayer de m’en faire une idée. Elle avait l’air si parfaite et l’endroit est à couper le souffle. Mais il restait beaucoup de points à éclaircir, notamment sur la profondeur de l’eau. C’est d’ailleurs ce qui m’a empêché de m’y rendre à l’époque. En janvier, on m’a encore parlé de cette chute et j’ai su qu’il était temps que je m’y rende.
Comment se prépare-t-on mentalement à quelque chose d’aussi effrayant ?
Le plus important est de s’assurer de faire le nécessaire pour que tout soit envisagé, même ce qui pourrait mal tourner. Il faut s’assurer de la sécurité, et en discuter pour voir si je suis sûr à 100 % d’y arriver. En couvrant tout ça, en me sentant optimal à 100 %, en me préparant à ce qui pourrait arriver, et en l’acceptant, ça me permet de m’assurer que je le fais pour les bonnes raisons. Pour le Salto del Maule, tout ça s’emboîtait parfaitement, la sécurité était bonne, et c’était une chute de rêve, donc je savais que c’était ce que je voulais faire, et rien d’autre.
Quel a été ton sentiment au bord du gouffre, juste avant le grand saut ?
C’est difficile à décrire car ça se passe très vite mais, plus que tout, c’est le moment où tout se met en place. C’est le moment où il faut voir si tout se passe comme on l’a imaginé, et il faut réagir correctement si ce n’est pas le cas. C’est aussi le moment le plus glorieux où l’on franchit l’horizon à l’aveuglette et où l’on regarde la bête. Dans la plupart des cas, on a de l’eau dans le visage et, en réalité, on n’a une vision claire qu’en franchissant la chute. C’est le moment dont vous vous souvenez le plus et le Maule est le plus intense que j’ai jamais vécu.
Tout s’est déroulé comme prévu ou il y a eu des problèmes ?
En fin de compte, la descente s’est passée aussi parfaitement que je l’avais imaginé. Malheureusement, après coup, ma jupe s’est détachée ce qui a rempli mon bateau d’eau. Même si je suis resté dedans quand j’ai surgi de l’eau, j’ai fini par en sortir, ce qui n’empêche pas que la ligne ait été parfaite. Avec une cascade de cette puissance et de cette hauteur, la façon dont les choses se sont déroulées reste une victoire pour moi, même si la fin aurait pu être un peu mieux.
C’est l’expérience de kayak la plus forte en adrénaline que tu aies jamais vécue ?
C’était certainement l’une de mes plus grandes expériences. Mais je ne dirais pas nécessairement que c’était un autre niveau d’adrénaline, étant donné que je devais me concentrer sur ce que j’avais fait avant. Je ne connaissais pas non plus la hauteur, car je voulais attendre d’avoir terminé pour la mesurer. Je voulais attendre après parce que, en la regardant, j’avais l’impression qu’elle faisait la même taille que toutes celles que j’avais faites avant. Tout ça m’a donné confiance pour bien faire la ligne, ce qui m’a permis de faire exactement ce que j’avais à faire. Si je l’avais mesurée au préalable et que j’avais réalisé que c’était la plus grande chute que j’avais faite, peut-être que j’aurais été plus nerveux ou hésitant. J’aurais quand même fait une belle ligne, mais je n’aurais peut-être pas eu la même confiance.
Poursuis-tu le record du monde de Tyler Bradt à Palouse Falls (58 m) ?
Je n’appellerais pas ça une poursuite, bien que je sois sûr qu’il y en a une quelque part. Il va être difficile de trouver une chute aussi parfaite que Palouse. Si je la trouve, et que l’occasion se présente, je jetterai peut-être un coup d’œil, mais je ne suis pas dans cette quête là, car j’ai beaucoup d’autres choses à faire.
Photo d'en-tête : Dane Jackson- Thèmes :
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