Les Oules de Freissinières, l’un des canyons les plus techniques de France. C’est là, tout près de chez elle, aux portes du parc national des Écrins que la triple championne du monde de kayak extrême est allée chercher un saut de 23 m, profitant de conditions exceptionnelles pour la saison. Un site « très intimidant », raconte celle qui il y a quelques mois seulement battait en toute discrétion le record du monde féminin de saut, 31 mètres …
« La semaine dernière, j’ai dû y aller deux fois, raconte Nouria Newman. « La première, je ne l’ai pas sentie, je n’avais pas la bonne ligne », explique-t-elle. La seconde sera la bonne. Assistée seulement au niveau sécurité par son amie l’alpiniste Thiphaine Duperier – « c’est un peu juste » concède-t-elle, « mais bon, parfois, ce n’est pas bon non plus d’avoir trop de monde autour » – la kayakiste s’est attaquée à un saut mythique dans les Oules de Freissinières, un canyon considéré comme l’un des plus difficiles de France. Situé en face du torrent de Chichin, près du petit village de Dormillouse, il surprend par la force de son courant et son encaissement.
Il faudra d’ailleurs attendre 2011 pour que Mathieu Coldebella se risque, le premier, sur ce saut de 23 mètres. Suivi plus tard par quelques pointures, tels que Stéphane Pion ou Raphael Thiebaut. Mais pour Nouria, c’était une première. « Avant, je n’étais pas au niveau », dit avec la modestie qui la caractérise celle que ses pairs viennent de consacrer aux Whitewater Awards en lui attribuant le titre de meilleure pagayeuse du monde pour la cinquième année consécutive. Accessoirement, la Savoyarde de 29 ans est aussi la première femme à sauter une chute en kayak de plus de 30 mètres. Un exploit réalisé en toute discrétion en début d’année en Équateur, où elle était partie faire des repérages pour une expédition prévue pour cet automne avec Ben Stookesberry, « the » référence en kayak d’expédition. Là, elle a passé une chute de 31 mètres, la cascade de Don Wilo.
Plutôt aguerrie, malgré une année 2020 forcément chaotique, la kayakiste appréhendait pourtant un peu ce saut dans les Oules de Freissinières, un site très étroit jouissant la semaine dernière d’un fort débit. « On en trouve peu de ce niveau en France », raconte Nouria qui depuis le confinement s’évertue à trouver les meilleurs spots autour de chez elle. L’an dernier, on l’a vue ainsi franchir le saut du Doubs, une cascade de 27 mètres, lors de conditions exceptionnelles. Explorer le Verdon, sous un angle totalement nouveau. Ou encore descendre les gorges de la Daille sur l’Isère. Sans parler d’une expédition givrée en Islande, où elle s’est entraînée sur les plus belles – mais aussi les plus impressionnantes – cascades de cette terre de feu et de glace. Sa façon à elle de préparer les championnats d’Europe et les championnats du monde de kayak extrême prévus d’ici quelques semaines, respectivement en Italie et en Norvège. Des étapes clef après trois ans sans chrono ni départ. Nul doute que Nouria y sera très attendue, même si elle ne peut s’empêcher de se demander si elle sera encore capable d’aller vite. Etonnante Nouria !
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Photo d'en-tête : Nouria Newman- Thèmes :
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