Hier, vendredi 27 novembre, vers 21h25, le champion catalan s’est arrêté sur la piste de Måndalen en Norvège, où il tentait de battre le record détenu depuis 23 ans par l’athlète grec Yiannis Kouros. Après un peu plus de 10 heures de course, il comptabilisait 134,80 km et 337 tours de piste. Retour sur une course éprouvante.
C’est une performance que Kilian Jornet qualifiait lui-même d’« absolument dingue » qu’il tentait hier de surpasser : 303,506 kilomètres, officiellement la plus longue distance jamais courue en 24 heures, un record établi en 1997 par le légendaire Yiannis Kouros. « Ça fait tellement de kilomètres que je n’arrive même pas à me le représenter », déclarait le Catalan peu avant la course dans un communiqué. « J’ai vu les temps intermédiaires de Yiannis, je vais essayer de m’y tenir aussi longtemps que possible. Je connais la vitesse horaire que je dois maintenir, donc je connais le rythme pour chaque kilomètre et chaque tour. Bien entendu, les 10 premières heures seront plus rapides, puis je ralentirai toutes les heures. J’ai un plan et je sais à quelle allure je veux courir chaque heure. L’essentiel est de ne pas avoir de problèmes musculaires et d’arriver à manger sans avoir de grosses périodes de relâchement. »
Très éprouvé par son entraînement
Des troubles digestifs, des nausées, c’est justement ce qui semble l’avoir affecté hier, et non point des douleurs au genou comme on a pu le craindre. Les causes sont sans doute multiples, si l’on en juge par les images de la course organisée sur la piste de Måndalen, en Norvège, retransmise en direct depuis hier 11h.
Déjà très éprouvé par un entraînement intensif sur route, on se souvient qu’il y a quelques semaines encore Kilian Jornet doutait de pouvoir relever ce challenge sur route qu’il s’était lui-même imposé. « Je pense que le plus grand défi est de réussir à s’entraîner régulièrement sans se blesser car la transition vers le plat est très dure pour les muscles », confiait-il. « L’entraînement a été un peu frustrant ces derniers mois, où j’ai enchaîné les blessures. J’avais de bonnes périodes, puis je me retrouvais avec une blessure qui me condamnait au repos. Après la course de 10 km, j’ai dû arrêter l’entraînement pour guérir une blessure. Maintenant, mon plan consiste à faire une bonne semaine d’entraînement et voir comment mon corps réagit, puis à laisser les tissus musculaires se reposer et récupérer avant la tentative. »
Un démarrage rapide
Il voyait juste, mais il faut croire que sa récupération n’a pas été suffisante, malgré un plan bien établi. Parti hier, vendredi 27 novembre à 11h aux côtés de cinq autres coureurs, les Norvégiens Sebastian Conrad Håkansson, Jo Inge Norum, Didrik Hermansen, Simen Holvik et Harald Bjerke, Kilian a effectivement démarré la course à un rythme soutenu, par une température de zéro degré. Au cours de la première heure, il a parcouru 13,7 kilomètres, en un peu moins de 35 tours. Proche alors de Yiannis Kouros, qui lui avait couvert 14 km au cours des premières 60 minutes. Dès la seconde heure, il atteignait la performance de l’athlète grec, soit 28 km. Au bout de 9 heures de course, Kilian bouclait son 120e km, mais son allure avait quelque peu ralenti. Vers 21h25, apparemment atteint de troubles digestifs et de nausées, il dut s’arrêter après 10h19 de course, au bout de 134, 800 km. Quarante minutes de soin prodigués par son médecin et son kiné lui permirent de se remettre sur pieds, mais les malaises persistant, Kilian Jornet préféra déclarer forfait alors que les cinq autres concurrents poursuivaient leur course avec, en tête, le coureur norvégien Sebastian Conrad Hakanson.
« Nous, les sportifs de montagne, nous avons un gros moteur, donc c’est facile côté cardio et endurance », expliquait récemment le triple champion de l’UTMB (…) « mais la façon dont on court sur le plat est très différente de la course en montagne, où on lève les jambes plus haut pour franchir les obstacles et avec des appuis différents à cause des variations du terrain », concluait-il. Malgré un entraînement sans faille, Kilian s’est effectivement trouvé nettement moins à l’aise sur la piste que sur les sentiers. Il en paye durement le prix aujourd’hui. Mais connaissant la ténacité et l’intelligence de l’homme, nul doute qu’il saura tirer le maximum d’une épreuve au cours de laquelle il n’a pas hésité à se remettre radicalement en cause. Preuve, s’il en fallait, qu’on a affaire à un grand champion.
Suivre la fin de la course en direct
Le 24 h sur piste organisé à Måndalen en Norvège, devrait s’achever à 11h aujourd’hui, samedi 28 novembre. Après le forfait de Kilian Jornet, cinq coureurs restaient en lice, hier soir.
Photo d'en-tête : Salomon- Thèmes :
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