Écouter son corps, suivre son feeling et renoncer quand tout vous dit, que non, ce n’est pas le bon moment. C’est ce que Kilian Jornet et l’Allemand David Goettler, partis fin avril pour tenter la traversée Lhotse-Everest, viennent de faire. Une décision toujours difficile mais courageuse, qu’on ne peut que saluer.
Le 28 avril, Kilian Jornet annonçait dans un tweet un peu sibyllin qu’il était sur « un projet que l’on peut résumer à : « Une idée simple avec un risque d’échec important ». En équipe avec l’Allemand David Goettler, tout laissait entendre qu’il était sur le point de tenter la mythique traversée Lhotse-Everest, sans oxygène. Un exploit jamais réalisé à ce jour sur lequel Moro et Urubko s’étaient déjà cassés les dents. Plus d’un mois plus tard, Kilian et David ont dû se rendre à l’évidence et jeter l’éponge, eux aussi, comme l’a annoncé hier l’Allemand David Goettler sur Instagram.
« Non, nous n’avons pas fait l’ascension de l’Everest », raconte l’alpiniste. » Après avoir longtemps attendu que les cyclones tropicaux passent et que la neige se stabilise, nous avons fait une tentative, mais en arrivant au col Sud, nous avons tous deux décidé d’arrêter. kilian Jornet était parti du camp de base et moi du camp 2. Nous avons tous les deux grimpé pendant la nuit pour nous retrouver au col Sud. Mais là nous avons eu tous deux le même sentiment : nous ne sentions vraiment pas bien, ou pas assez en forme. C’était vraiment étrange de se retrouver au col sud et de partager le même ressenti. A ce stade, prendre la décision de renoncer au sommet n’a pas été difficile. Car poursuivre plus haut dans notre état aurait été insensé. Vous ne pouvez pas faire l’ascension de l’Everest dans notre style (sans oxygène, ndlr) si vous ne vous sentez pas à 100%. Heureusement, nous savons très bien tous les deux quelle attitude adopter en altitude », explique-t-il.
« Nous avons donc arrêté notre ascension et nous sommes redescendus. Bien sûr nous pourrions accuser le vent de nous avoir empêchés de continuer (il y avait beaucoup de vent au col Sud). Mais le vent n’est pas en cause. Pas plus que le mauvais temps ou les mauvaises conditions sur la montagne. Ce qui a nous a fait renoncer ce jour-là, ce sont les messages envoyés par notre corps. Or il est capital de savoir écouter son corps et de le respecter ». En haute altitude, poursuit David, le corps « est une pièce majeure à caser dans un puzzle difficile ». Et quand les marges de sécurité sont aussi minces, si une pièce ne rentre pas parfaitement, vous ne pouvez pas finir le puzzle. Si on est déçus? Bien sûr. Si nous avons des regrets ? Pas du tout. » conclut-il.
Photo d'en-tête : David Göttler- Thèmes :
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