Très attendu, le premier livre de l’institution québécoise, signé Blaise Dubois, Frédéric Berg et Alexis Berg, est enfin disponible. Présenté il y a quelques jours à Chamonix, lors de l’UTMB, l’ouvrage s’impose déjà comme une référence à l’heure d’améliorer vos méthodes d’entraînement et de choisir vos chaussures. Outside l’a eu entre les mains, la rédaction est conquise.
Contre le « trop, trop vite », premier vecteur de blessures dans le milieu de la course à pied, il y a un remède : « La Clinique du coureur » et ses conseils qui s’appuient sur des études scientifiques et sur l’expertise de Blaise Dubois, président de cette institution canadienne. Bardé de diplôme, le président de la clinique, un Canadien québécois à l’accent à couper au couteau est une pointure de la course à pied et de l’athlétisme qu’il a étudié, analysé et disséqué. Son CV, digne de la NASA du runner (étude de la science du programme de physiothérapie de la faculté de médecine de l’Université Laval, Prix d’excellence de la filière musculo-squelettique, diplôme en physiothérapie du sport et titre de résident de la « Canadian Academy of Manipulative Therapy », maîtrise en médecine expérimentale, publications scientifiques), lui octroie une légitimité qu’il a mise à profit du grand public et des professionnels de santé pour lutter contre les blessures récurrentes dans ce sport.
« On bouleverse les pratiques »
Depuis 2008 au Canada, « La Clinique du coureur » dispense ses modules de formation où l’on apprend le pourquoi des blessures générées par la course à pied mais surtout le moyen très simple de les diminuer. « La course à pied, est une activité accessible à tous, et la plus adaptée à la physionomie de l’homme », rappelle Blaise Dubois ajoutant que dans ses formations « on bouleverse les pratiques, parce qu’on est des scientifiques, des réviseurs de la littérature scientifique et qu’on met en lumière le meilleur des pratiques médicales ». Il faut comprendre à travers les mots de Blaise que ce « bouleversement » vient des fausses idées véhiculées par les grandes enseignes du milieu, les sites internet et autres forums où la parole libérée et le pouvoir des marques diffusent de fausses vérités et engendrent des blessures.
« Pourquoi l’option la plus simple ne serait-elle pas la meilleure ? »
Les 496 pages de cette nouvelle référence de la course à pied appellent à mieux consommer, à mieux choisir et à mieux se préserver des blessures en prônant la simplicité avant tout. « Pourquoi l’option la plus simple ne serait-elle pas la meilleure ? », s’interrogent les auteurs. Comprendre que la semelle la plus plate, la plus droite et ayant le moins de « drop » possible (différence de hauteur entre l’avant de la chaussure et le talon de celle-ci, exprimée en centimètres) peut s’avérer la meilleure pour votre santé.
Chaque petit chapitre s’imbrique parfaitement et se lit très vite. Le livre tient plus de l’encyclopédie que du roman. On peut ouvrir n’importe quelle page à n’importe quel moment de la journée et y trouver son bonheur. Du chapitre portant sur la « gestion de l’effort : viser le plaisir », à la « prescription de la chaussure » en passant par le très intéressant « addiction à la course » et « les étirements et la performance », le lecteur en a pour son argent. Ce bloc notes géant et intelligemment adapté à tous les niveaux de coureurs et de pratique ravira certainement les professionnels de la santé comme les kinésithérapeutes et les ostéopathes, tout comme les médecins et les entraineurs d’équipes professionnels, sans parler bien sûr des amateurs de trail.
Le petit supplément d’âme vient de la cinquantaine de témoignages venant de tous les horizons de la course à pied. De Patrick Basset, directeur médical de l’UTMB, président de la commission de l’ITRA (International Trail Running Association) et président de l’Ultra Sports Science Foundation, à Eric Lacroix, le « prof du trail » – que nous avons tous deux eu la chance d’accueillir à l’occasion de la conférence « Outside – Strava » à l’UTMB – en ajoutant Thomas Lorblanchet, kinésithérapeute et coureur d’ultra-trails, tous apportent un éclairage scientifique sur leurs domaines de prédilection. Les superbes photos d’Alexis Berg apportent une touche esthétique à cet ouvrage déjà riche en graphiques détaillant les problèmes et les solutions inhérents à la pratique de la course à pied.
« Un pavé dans la mare »
Reste que le livre ne fera pas que des heureux, à commencer par certaines marques de chaussures de course à pied qui, sous la pression économique, vendent de plus en plus de chaussures sophistiquées, au risque d’accroitre les blessures des néophytes. David contre Goliath ? En quelque sorte … « La Clinique du coureur » joue les trouble-fêtes en jetant un pavé dans la mare d’une industrie en pleine expansion. » Quand tu expliques scientifiquement que les pratiques des vendeurs de chaussures sont inadéquates, qu’elles ne sont pas basées sur des données probantes, et qu’elles devraient changer leur pratique, ça ne ravie pas les détaillants de chaussures « , avoue Blaise Dubois.
A noter qu’un « label » permet désormais aux professionnels de santé, experts ou magasins « compatibles » de se référencer sur le site internet de « La Clinique du coureur » (https://lacliniqueducoureur.com/).
Par ailleurs, la plateforme en ligne de la clinique fournit une aide très complète pour choisir sa paire de chaussures selon son profil.
« La clinique du coureur » s’impose aujourd’hui comme une référence en matière de prévention, d’autant que la discipline se démocratisant, les blessures sont plus nombreuses que jamais. « Courir, c’est vivre en meilleure santé. C’est aussi vivre plus intensément », concluent les trois auteurs. On ne va pas les contredire…
« La clinique du coureur. La santé par la course à pied. » Blaise Dubois avec Frédéric Berg , photos Alexis Berg, Editions Mons, 496 pages, 35,90€.
Photo d'en-tête : Emily Maye