Éviter de partir à l’aube, optimiser sa trace, ne pas skier derrière un animal… Les bons gestes pour perturber au minimum la vie sauvage en hiver sont nombreux, mais souvent méconnus. Session de rattrapage aux côtés de Vivian Bruchez, skieur pro et guide de haute montagne, et Daniel Rodrigues, écologue et directeur de la Compagnie des Guides de Chamonix.
Tétras-lyre, chamois, lagopède, lièvre variable… Certaines espèces sont particulièrement vulnérables en période hivernale. « L’hiver en montagne peut être rude, les animaux qui y vivent s’y sont adaptés et ont développé des caractéristiques morphologiques ou comportementales en réponse à l’hostilité du milieu » précise la Ligue pour la Protection des Oiseaux. « En cette saison, il est important pour chaque espèce de pouvoir économiser son énergie, difficile à renouveler par manque de nourriture. Toute fuite dans la neige demande une ressource énergétique importante ».
Peut-être avez-vous déjà croisé la trace de cette faune sauvage lors de votre dernière sortie en ski de randonnée. Des rencontres inopinées avec des pratiquants, de plus en plus nombreux, qui ne sont pas sans danger pour la biodiversité. À titre d’exemple, la course d’un chamois dans une pente enneigée avec 50 centimètres de poudreuse lui demande 60 fois plus d’énergie que la marche normale sur terrain plat. Et cette source de stress, conjuguée à une mauvaise condition physique (due à la période hivernale), peut abaisser le taux de reproduction, provoquer des maladies et même entraîner la mort par épuisement.
On comprend donc pourquoi de nombreuses initiatives ont émergé. Dans le Parc Naturel Régional de Chartreuse mais aussi dans divers massifs (Écrins, Vercors, Belledonne). Leur objectif ? Limiter le dérangement sur certaines zones sensibles en les matérialisant sur site. Mais ce n’est pas toujours le cas. Il en va donc de la responsabilité de chacun d’adapter sa pratique.
« Bien souvent, quand il y a de la neige fraîche et qu’il fait froid ou encore quand le vent souffle en altitude, le skieur à tendance à skier en forêt. Parce qu’il y a potentiellement moins de risques au niveau de la neige et une meilleure visibilité. Or c’est l’habitat et la zone refuge des animaux » explique sur Instagram Vivian Bruchez, skieur pro et guide de haute montagne. « Paradoxalement ce qui est le mieux pour le skieur est le moins bon pour les animaux ! Alors on peut se poser la question de la cohabitation, faune/skieur en hiver ».
Invité par la Compagnie du Mont-Blanc à se former sur ce sujet l’année dernière, il revient, aux côtés de Daniel Rodrigues, écologue, accompagnateur en moyenne montagne et directeur de la Compagnie des Guides de Chamonix, sur les bonnes pratiques à adopter afin de maintenir une cohabitation harmonieuse avec les habitants des cimes. Le tout dans une vidéo de 5 minutes très pédagogique.
Photo d'en-tête : Montage à partir de captures d'écran de "La Face Sauvage"