Sans surprise, la France est l’unique pays qui reste dans la course aux JO d’hiver organisés en 2030. Exit donc la Suisse et la Suède, dont les candidatures auraient été soumises à des référendum/votations, ce qui laissait planer un doute sur le soutien des Suisses et des Suédois. Le soutien populaire ? Voilà un détail qui ne semble pas poser problème pour la candidature portée par les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur, Laurent Wauquiez et Renaud Muselier en tête, qui ont annoncé ne pas la soumettre à un referendum.
Le France, grande nation olympique ? C’est ce que laisse penser la récente décision du CIO qui vient d’attribuer à l’Hexagone, et plus précisément aux Alpes françaises, les Jeux Olympiques d’hiver de 2030. « Comme vous le savez, quatre pays sont intéressés pour les JO d’hiver : France, États-Unis, Suède et Suisse [seules trois, la France, la Suède et la Suisse, concernaient les JO 2030, ndlr] » expliquait Karl Stoss, président de la commission de futur hôte des Jeux d’hiver au sein du CIO. « La commission a été impressionnée par les quatre dossiers présentés. Ce qui a été remarquable dans le projet des Alpes françaises, c’est la vision pour l’expérience des athlètes et les soutiens locaux. La commission a estimé que les autres dossiers profiteraient d’avoir plus de temps pour améliorer l’expérience des athlètes à l’avenir et travailler les soutiens politiques ». Si la ville de Salt Lake City (États-Unis) a été retenue pour 2034, candidature fermement soutenue de la part de la municipalité, de l’Utah et du gouvernement fédéral, y compris du président Biden, il semblerait qu’il manque à la Suède et la Suisse un soutien populaire, ces deux pays ayant annoncé leur intention de soumettre se projet à l’approbation de sa population.
Mais quid du côté de la France ? Selon un sondage Ifop commandé par la région Paca, 73% des Français seraient favorables aux Jeux dans les Alpes du Sud. Or ce sondage semble avoir peu de poids. Car la question posée aux sondés était « Êtes-vous pour ou contre des JO respectueux de l’environnement ? » Répondriez-vous « non », vous, à un sondage qui vous demanderait : « Si la Terre n’est plus habitable, seriez-vous partants pour une vie sur Mars ? » s’insurge le collectif NO JO qui réclame un référendum, à l’instar de la Suède et de la Suisse. Car, explique le collectif dans son manifeste. « Toute cette fébrilité évince malheureusement la seule question qui vaille : quel projet pour nos régions montagnardes à l’heure du réchauffement climatique ? Le modèle économique fondé sur le loisir et le tourisme développé à partir des années 1960 a atteint ses limites, environnementales et sociales. M. Muselier prétend, au contraire, que les JO sont « un projet de territoire qui tirera les Alpes vers le haut ». Mais pour qui ? Et pour combien de temps ? Investir autant d’argent dans des infrastructures pour « une présence de la neige dans les soixante-cinq stations de notre région jusqu’en 2050 », est-ce raisonnable ?
Il faut savoir que le Comité International Olympique ne demande pas aux candidats de fournir des éléments chiffrés concernant le soutien populaire. « Ce travail c’est nous qui l’effectuons » expliquait récemment Christophe Dubi, directeur exécutif du CIO. « Les sondages sont effectués par le CIO et ils ont montré un fort soutien populaire pour les Alpes françaises. […] Pour les JO de Paris, nous ne voyons certainement pas le soutien populaire en chute libre. Il est normal qu’il y ait débat à l’approche des Jeux, mais le soutien populaire reste incroyablement fort en France ».
L’inverse a pourtant été démontré dans un sondage publié cet été, d’après lequel 58% des Français jugent que les JO de 2024 sont une bonne chose, soit 11 points de moins qu’il y a trois mois et 18 points de moins qu’il y a dix-huit mois. Car les Jeux Olympiques de Paris ont eux aussi été attribués sans que l’on demande l’avis de la population, contrairement à Boston, Toronto, Rome et Budapest. Toutes candidates à l’organisation des JO 2024, ces dernières ont abandonné la partie sans avoir combattu… faute de soutien populaire.
Où vont avoir lieu les épreuves des JO 2030 ?
Le projet des Alpes françaises se déploie autour de quatre pôles (Haute-Savoie, Savoie, Briançonnais, Nice Côte d’Azur). Avec notamment le ski alpin (Courchevel, Méribel et Val d’Isère pour les slaloms), le biathlon (Le Grand Bornand), le ski de fond (La Clusaz), le bobsleigh, skeleton, luge, saut et combiné (La Plagne), snowboard cross, ski freestyle (Isola 2000), patinage artistique, hockey sur glace, short track, curling (Nice). La décision officielle devrait tomber avant la prochaine session du CIO, initialement prévue en marge des Jeux 2024. Mais plus aucun obstacle ne semble empêcher cette réussite. Un match écrit d’avance ?
Une journée de mobilisation contre la candidature des Alpes françaises aux JO 2030, organisée par le collectif NO JO, les Soulèvements de la Terre et Extinction Rebellion, est prévue samedi 2 décembre à Albertville. Des réunions publiques seront en parallèle organisées à Briançon ainsi qu’à Gap. Plus d’infos ici.
Article initialement publié le 29 novembre, mis à jour le 30 novembre
Photo d'en-tête : Erich Spiess- Thèmes :
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