Deux nouveautés cette année au programme de l’emblématique compétition de VTT freeride : elle se déroulera sur deux jours et surtout, elle va inclure des épreuves féminines. Une victoire pour les rideuses qui se battent depuis des années pour plus d’inclusion.
« À la Red Bull Rampage que des mecs cette année …. Une fois de plus ! » titrions-nous en septembre dernier. Il faut croire que les rideuses, très remontées, ont réussi à se faire entendre, car l’organisation vient d’annoncer que pour la première fois dans l’histoire de l’événement, on va voir en octobre prochain les meilleurs athlètes mondiaux de freeride, hommes et femmes, descendre sur le terrain dantesque de Virgin, dans le sud-ouest de l’Utah, dans le cadre d’un événement élargi à deux jours.
Une petite révolution dans le monde du freeride. Car le 13 septembre dernier lorsque Red Bull avait annoncé la liste des 18 participants à l’édition 2023, l’absence totale de femmes avait, une fois de plus, déçu. D’autant qu’en début d’année, la marque avait déjà annulé la « Red Bull Formation », le pendant féminin non compétitif de la Rampage, après seulement trois éditions !
Les rideuses envoient de plus en plus gros
En 2018, le cofondateur de la Rampage, Todd Barber, expliquait à Outside que, bien qu’il ne soit pas interdit aux femmes d’y concourir, il n’y en avait tout simplement pas eu une seule capable de rider le terrain de Rampage comme le font les hommes (sic !). Élargir considérablement le champ d’action pour accueillir des participantes serait, selon lui, un défi étant donné le calendrier serré d’une journée. Mais les rideuses qui envoient de plus en plus gros, et leurs fans, pensaient qu’il était grand temps de rendre le programme inclusif. Voilà qui est fait, et cela va en réjouir plus d’une mais aussi plus d’un.
« Red Bull cherche à repousser les limites, or quoi de plus extrême que de voir arriver une femme à la Rampage », commentait déjà en 2023 Alex Showerman, un rider du Vermont qui a participé à shaper les lignes et à produire du contenu pour la « Formation » et pour la Rampage. « C’est évident, les femmes vont permettre de faire évoluer la discipline ».
Plus de visibilité pour faire monter le niveau de la pratique féminine
Rappelons que le manque de représentativité des femmes dans les compétions élites est particulièrement prononcé, mais que le problème est généralisé à l’ensemble de la communauté du VTT. Aux États-Unis, seuls 17 % des vététistes sont des femmes (contre 40 % de l’ensemble des athlètes d’autres disciplines) et 80 % des vététistes professionnelles ont été victimes de sexisme au cours de leur carrière.
Or si l’industrie du mountain bike veut élever le niveau de la pratique féminine et élargir le champ d’action, les athlètes ont besoin de ressources et de visibilité. La Rampage pourrait offrir cela, mais les femmes ne peuvent pas mettre le pied dans la porte sans, vous l’avez deviné, accéder au plus haut niveau. Si l’équipe masculine est très étoffée, c’est le fruit de la visibilité, des sponsors, des prix et de l’infrastructure qui existent depuis des décennies pour les aider à repousser les limites de leur sport.
« Nous voulons non seulement être à égalité avec les hommes, mais faire progresser la pratique », expliquait en 2023 Chelsea Kimball, rideuse professionnelle qui a participé à la « Formation » en 2021 et 2022. Chelsea sait de quoi elle parle, chaque hiver, elle gare son van à Virgin, dans l’Utah, pour rider le spot emblématique, et depuis des lustres elle espérait un jour participer à la Rampage.
« La Red Bull formation » ? Des femmes en lice pour un high five…
Ça fait des années que les femmes se battent pour plus d’inclusion dans le freeride, sous l’impulsion d’athlètes telles que Casey Brown, qui en 2018 avait adressé une pétition au comité de sélection de la Rampage pour obtenir une place. Faute de pouvoir participer à la Rampage, les rideuses s’étaient organisées. En 2019 Rebecca Rusch et Katie Holden, deux multi-médaillées, avaient cofondé la « Formation ». Un évènement organisé pour aider les femmes à progresser, plutôt que pour couronner un vainqueur, offrant ainsi aux athlètes des « outils et des ressources » pour « faire progresser sport féminin », selon Red Bull. C’était un rassemblement pour envoyer des tricks incroyables, mais il ne bénéficiait pas du budget de la Rampage. « Les femmes s’attaquent aux lignes de Rampage lors de » Formation », mais elles n’obtiennent qu’un high five, un sweat-shirt, quelques videos très cools sur Instagram ou YouTube », racontait Alex Showerman.
Les éditions de la Red Bull « Formation » se sont déroulées dans la même zone que la Rampage. Les femmes pouvaient rider les mêmes lignes que les meilleurs riders masculins, même si elles ne réalisent pas les mêmes tricks. (Caroline Buchanan a été la première femme à réussir un frontflip aux MTB Worlds en 2021, et Robin Goomes a envoyé le premier backflip lors de la « Formation » en 2022).
En 2023, Chelsea Kimball ne prétendait pas être meilleure que les riders masculins invités cette année-là, ni même vouloir prendre la place d’un homme. « C’est vrai que je ne fais pas de backflips sur un drop de 9 mètres », expliquait-elle, tout en rappelant que de nombreux participants masculins à la Rampage avaient ridé, eux, toute leur vie. Chelsea, 32 ans, a enfourché son premier VTT alors qu’elle avait déjà une vingtaine d’années. « J’ai appris à sauter en 2017 et je fais déjà des sauts de la même taille que les garçons », insiste-t-elle. En 2023, elle avait organisé un rassemblement non officiel dédié aux rideuses, dans l’Utah, pendant la semaine précédant le début des préparatifs de la Rampage. Une cinquantaine de filles s’y étaient inscrites.
Peu d’informations circulent encore sur le programme de la Rampage 2024 mais nul doute qu’elle sera suivie comme jamais.
Photo d'en-tête : Re Wikstrom / Red Bull Content Pool- Thèmes :
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