Qui aurait cru que la Suisse était le pays comptant le plus de surfeurs comparé au nombre d’habitants ? Dépourvu d’accès à la mer, le pays a tout misé sur la pratique du surf de rivière, et en bassin artificiel, où se retrouvent quelques 45 000 surfeurs actifs helvétiques. De quoi séduire aussi les professionnels, comme Justine Dupont ou Marion Haerty… au moins le temps d’un ride.
La Suisse est sûrement l’un des derniers pays au monde où l’on penserait trouver la plus grande communauté de surfeurs par rapport au nombre d’habitants : 45 000 pratiquants sur 8,545 millions de Suisses. Un record surprenant pour un pays enclavé et entouré par les Alpes, mais possible, grâce à ses 65 000 kilomètres de cours d’eau et ses bassins de vagues artificielles.
Mais comment les Suisses font-ils pour surfer ? Plusieurs solutions existent. D’abord, le surf de rivière – un concept très peu répandu en France, mais qui regroupe beaucoup d’adeptes chez nos voisins. Cette pratique exige de trouver un cours d’eau formant des vagues statiques, en fonction de la topographie de son lit. Les surfeurs glissent alors à contre-courant de l’eau qui fuse. Non sans risques, compte tenu des débris qui pourraient s’y cacher, branches et autres déchets plus ou moins naturels. Pas convaincus ? Jetez un œil sur la webserie« Landlocked -Swiss surfing « , dont le premier épisode vient de sortir.
Autre méthode pour utiliser le courant des rivières : le surf de pont. Aussi appelé « bungee surf », il s’agit pour les surfeurs de fixer un long câble depuis un pont, et de s’y accrocher avec une poignée. Ainsi, on peut à nouveau se servir du contre-courant pour se hisser sur sa planche – bien souvent des foils pour cette pratique.
Mais le surf en rivière est exposé aux limites météorologiques, et n’est donc pas praticable toute l’année à cause des chutes de températures et des crues. Les bassins à vagues artificielles sont moins sujets à ces contraintes, et se popularisent à grand pas en Suisse. L’argument qui séduit les surfeurs ? La possibilité de choisir ses vagues et de les adapter en fonction de son niveau. Des modes « Waikikis » et « Malibu » pour les débutants, au vagues « turns » pour les surfeurs intermédiaires, jusqu’aux tubes et « aerials » pour les experts, chacun pourrait y trouver son bonheur pour s’entraîner et s’améliorer – en attendant de retrouver les côtes du littoral, pour certains.
La première vague artificielle du pays a vu le jour en septembre 2018, au « Mall of Switzerland », à Ebikon, au centre de la Suisse. Deux autres bassins majeurs, Wave Up à Regensdorf, non loin de Zurich et Alaïa Bay près de Sion, sont sortis de terre en mai 2021. Justine Dupont et Marion Haerty s’étaient même retrouvées, en mars dernier, dans l’une de ces piscines à vagues à Verbier, lors du Freeride World Tour, le temps d’un « défi ski vs surf ».
Entre les spots de rivières et les vagues artificielles, le surf suisse s’est suffisamment consolidé pour former la « Swiss Surfing Association » (SSA) dès 1992, reconnue par l’« International Surfing Association » (ISA). Elle organise chaque année les Championnats suisses de surf … en Espagne (sic), et les Championnats suisses de wavepool, mais sur son territoire cette fois. De quoi soutenir le niveau d’athlètes suisses sélectionnés pour participer aux mondiaux de surf de l’ISA. Parmi eux, Alena Ehrenbold – devenue réalisatrice de films sur la discipline – ou encore Rachel Bonhote-Mead, sacrée six fois championne de Suisse de 2012 à 2019.
Où pratiquer le surf de rivière en Suisse ?
Pour vous essayez aux vagues de rivières, rendez-vous à Bremgarten, Thoune, Bâle, Lucerne et enfin Berne, l’une des villes préférées des Suisses pour pratiquer – surtout sur l’Aar. Si vous débutez, veuillez à toujours être accompagné et renseignez-vous sur les conditions météorologiques du jour même, mais aussi des jours précédents, les précipitations pouvant avoir une incidence sur les courants.
Photo d'en-tête : Dom Daher