Touché mais pas coulé ! Il faut bien plus qu’une enquête de la télévision suisse sur « la face cachée de l’aventurier » pour déstabiliser l’ex membre des forces spéciales sud-africaine devenu une star des médias. Reste que deux semaines après la diffusion de cette émission qui a fait grand bruit de l’autre côté des Alpes, Mike Horn s’est senti obligé de donner sa version des choses. Dans une vidéo de 14 minutes, comme il sait le faire.
Le 19 janvier dernier, la RTS, Radio Télévision Suisse, a diffusé une enquête très fouillée sur la jeunesse de Mike Horn, alors qu’il servait en Afrique du Sud, pays alors sous le régime de l’apartheid dans une unité très spéciale. Un passé un peu trouble que l’aventurier dit « assumer parfaitement » et qui n’a sans doute pas ému ses milliers de fans, mais qui a laissé un certain malaise du côté de Château-d’Oex, sa ville d’adoption dans le canton de Vaud.
Que lui reprochaient les enquêteurs de « Temps Présent », émission très sérieuse comparable à notre Envoyé spécial ? D’avoir eu, alors qu’il faisait son service militaire obligatoire, un rôle actif dans le bataillon 101, une unité de contre-insurrection réputée pour sa dureté. Il avait alors 18 ans et s’était retrouvé à intervenir à la frontière nord de la Namibie, pays alors occupé par l’Afrique du Sud, moyennant une tactique s’apparentant à la chasse à l’homme, selon l’ancien supérieur de Mike Horn, Waal de Waal, interviewé dans l’émission. Sans compter, selon les enquêteurs, que le fameux bataillon 101 était directement impliqué dans l’assassinat, le 30 novembre 1986, du leader indépendantiste namibien Immanuel Shifidi, un ancien prisonnier politique incarcéré 18 ans dans la même geôle que Nelson Mandela.
Mike Horn a-t-il été impliqué dans cette opération ? S’interrogeait l’émission. Enfin, a-t-il participé à des opérations d’infiltration secrète une fois son service militaire terminé, avant de quitter brusquement l’Afrique du sud pour la Suisse, un des rares pays à ne pas exiger de visa des Sud-africains et où il s’installera définitivement ?
Autant de zones sombres que l’aventurier, interviewé dans l’émission, tente parfois d’éclairer avec une maladresse à laquelle il nous a peu habitué. Laissant, de fait, planer un doute que sa vidéo mise en ligne il y a cinq jours a sans doute mission de dissiper.
Force est de constater que ces 14 minutes un rien sentimentales, voire poétiques (sic !) n’apportent guère d’éléments nouveaux mais sont assez efficaces. Mike Horn a l’habileté de s’adresser aux jeunes, sa principale cible au cours des dernières années, via le média le plus adapté, la vidéo. Il rappelle, à juste titre d’ailleurs, qu’il n’était qu’un jeune homme à l’époque (18 ans) soumis sans doute à la pression du contexte de l’époque (la Guerre froide), dans un pays sous le régime de l’apartheid ; tout comme tant de jeunes sont aujourd’hui impliqués dans des conflits qui leur échappent parfois, en Russie ou en Ukraine, explique-t-il. Et s’il dément formellement avoir participé à l’assassinat du leader indépendantiste namibien, il n’apporte aucune réponse à la question portant sur son rôle dans les opérations d’infiltration secrète évoquées dans l’émission suisse. Mais s’attendait-on vraiment à ce qu’il en fournisse ?
« Bonjour tout le monde, aujourd’hui, on va parler de la guerre », annonçait-il en début de son intervention. Une entrée en matière qui laissait entendre qu’il allait répondre… tout en se laissant le loisir de botter en touche. Sur ce plan, disons que c’est assez réussi. Car loin des caméras suisses, Mike Horn reprend la main.
Photo d'en-tête : Mike Horn / Youtube