Les compagnies aériennes et internet ont permis à toute une population de s’envoler vers des destinations de rêve pour y travailler les pieds dans l’eau. Pas tout à fait expat’, pas non plus un touriste, le digital nomad est un travailleur à distance qui déclare le paradis comme adresse professionnelle. Au risque d’en oublier que l’enfer, c’est les autres… Nia Howard, fraîchement diplômée d’une université californienne, paraît tout à fait à l’aise. Elle est à 13 000 kilomètres de chez elle et vit avec un groupe de parfaits inconnus, pour la plupart assez âgés pour être ses parents. Son existence quotidienne, près de Canggu, à Bali, est rythmée par la randonnée au milieu des rizières, les baignades de la mi-journée et l’ingestion de tonnes de fruits tropicaux. Une vie en apparence éloignée de son métier de relectrice dans une agence éditoriale américaine, pour laquelle elle travaille à distance 40 heures par semaine, améliorant l’orthographe, la grammaire et la syntaxe de textes juridiques, médicaux et scientifiques. Nia n’est pas follement amoureuse de son job ; elle a des ambitions plus créatives. « Mais j’ai toujours cherché le moyen d’éviter les emplois de bureau », explique-t-elle, affalée dans un canapé en suédine au milieu d’une luxueuse villa, sûre d’elle. La porte-fenêtre est ouverte, laissant entrer dans la maison le bruit des coqs, des carillons qu’agite le vent et des voisins, qui crient en indonésien. Il est midi à peine passé. Des gens entrent et sortent sans cesse du salon, envisageant vaguement de commander à manger. Sara Pezzolesi, photographe et designer italienne, la trentaine bien entamée, se remplit un verre d’eau et remet en place son attelle au poignet. J’ai d’abord cru qu’elle souffrait d’un syndrome du canal carpien. En fait, elle s’est tout simplement blessée en visitant un temple. Un co-worker entre, en maillot de bain, termine les restes d’une pizza restée dans le frigo depuis plusieurs jours, et déchire consciencieusement le…
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