L’affaire vient d’être classée sans suite par le parquet de Chambéry, mais Michel Morlot, père de Julien Morlot, mortellement percuté par un bateau alors qu’il nageait dans le lac du Bourget, le 9 septembre 2019, veut que justice soit faite : « l’auteur doit se dénoncer », dit-il. Un appel qui résonne à l’heure où le partage des eaux, sur lac comme en mer, semble de plus en plus difficile à gérer.
Trois ans déjà depuis l’accident qui a coûté la vie à Julien Morlot, 31 ans, percuté par un bateau à moteur le 9 septembre 2019 alors que, parfaitement équipé pour être visible, il nageait dans le lac du Bourget, non loin de Tresserve, en Savoie. Mais pour ses parents, impossible de faire le deuil, car le pilote n’a jamais identifié.
Nageur expérimenté, familier des longues distances, Julien Morlo nageait début septembre dans les eaux du lac avec en surface une bouée de signalisation orange. Parti de la plage du Lido, il s’apprêtait ce jour-là à profiter d’une journée parfaite, la météo étant au rendez-vous, mais il sera heurté par un bateau, le dos tranché par son hélice. Aucun secours ne lui sera porté par le pilote qui prend alors la fuite. Ce sont des passants qui, depuis le rivage, vont repérer son corps à la dérive dans une zone très fréquentée par les jet-skis, paddles, kite-surf, mais aussi bateaux de pêche et de plaisance ; près de 4000 embarcations à moteur seraient en circulation sur ce lac.
L’enquête est alors confiée à la brigade des recherches de Chambéry, sous l’autorité du parquet de Chambéry qui lance un appel à témoin. En vain. Or, explique à France Bleu Michel Morlot, le père de la victime, « le pilote s’est rendu compte de ce qu’il avait fait, il a même, selon un témoignage arrivé tardivement, téléphoné à la capitainerie du lac ». Mais sans toutefois alerter sur l’accident. »Cette personne doit avoir ce boulet, ce poids sur sa conscience et elle peut se libérer en se faisant connaître, l’auteur peut faire preuve d’humanité cette fois » ajoute-t-il. « Il a laissé notre fils dans l’eau après l’avoir percuté, il ne lui a laissé aucune chance de survie alors qu’il y avait une très bonne visibilité et que Julien avait une bouée pour se signaler. (…) On a besoin de savoir, moi, sa maman qui souffre énormément, ses deux grandes sœurs, ses amis ; il faut qu’on puisse faire notre deuil » précise-t-il. « Il était très visible, on ne comprend pas comment ça s’est passé, on a besoin de savoir pour avancer (…). L’erreur est humaine, mais cette lâcheté, rester dans le déni, c’est vraiment inhumain », poursuit-il. « On espère qu’il entendra cet appel ou que des proches qui seraient au courant, parce qu’il en a forcément parlé à certaines personnes, puissent nous aider ».
L’accident reste isolé, heureusement, mais nombre de nageurs en haut libre se sont fait régulièrement des frayeurs, dans un lac comme en mer, alors qu’ils étaient dans les zones autorisées à cette activité, et parfaitement identifiables car dotés des équipements de sécurité qui s’imposent. C’est notamment le cas à Marseille où en mars 2021, l’association « Les libres nageurs » a mené une action plage des Catalans pour protéger les nageurs en eau libre dans la rade de la ville. « « Etre un nageur en mer, c’est pire que d’être un cycliste »., confie Florence Joly, membre de l’association. Or les nageurs ne demanderaient que des mesures simples, qui ne coûteraient pas très cher et qui « permettraient un accès à la nage à un plus grand nombre, dans une ville où l’on connaît l’état et le manque cruel de piscines », poursuit-elle.
Que demandent les nageurs en eaux vives de Marseille ? L’aménagement d’un parcours aquatique public autour de la digue des Catalans, l’installation généralisée de « bouées avec poignées » pour les nageurs et « des bouées des 300 m réellement positionnées à 300 m sur toute la longueur du littoral ». Et surtout respectées, car quantité de bateaux passent outre la réglementation, selon Benjamin Clasen, qui a fondé l’association après le premier confinement, suite à la fermeture des piscines.
Ce à quoi, répond Hervé Menchon, élu en charge de la mer et du littoral, sur la question des bouées à 300 mètres « il peut y avoir un chenal qui nécessite de modifier les zones réservées à la baignade surveillée », mais au-delà de cette limite, explique-t-il, « la compétence relève non plus de la ville de Marseille mais des affaires maritimes ».
La question est donc loin d’être tranchée. Reste que pour nager en hauts libres en toute sécurité, il faut respecter quelques règles de base qui, à défaut d’assurer une sécurité parfaite, minimise les risques. Nous les rappelons ici.
5 règles de base à garder en tête avant de vous jeter à l’eau
1- Evitez les zones réservées aux activités nautiques motorisées et privilégiez les zones de baignades surveillées.
Elles sont plus rares en haut libre où vous veillerez à ne pas nager au-delà de la limite des 300 mètres où bateaux à moteurs et autres jet skis ont le droit de circuler.
2- Equipez-vous
Comme à la piscine, un maillot de bain, mais aussi une combinaison en néoprène. Elle va améliorer votre flottabilité et votre hydrodynamisme, vous protéger du soleil et du sel sans limiter votre liberté de mouvement. L’idée est que vous soyez aussi à l’aise que possible dans l’eau et donc prompt à réagir en cas de danger. C’est là qu’une bonne paire de lunettes s’impose également, par confort, et surtout par sécurité, car vous devez pouvoir vous diriger facilement sans être ébloui par le soleil ou gêné par le sel afin de rester dans les zones sures, de ne pas vous écarter de votre objectif et de repérer un danger éventuel.
3- Soyez toujours très visible
Indispensables : un bonnet fluo ou de couleurs vives et une bouée qui va vous rendre plus visible et augmenter votre flottabilité. Certains modèles permettent par ailleurs de transporter une gourde ou une barre de céréales, de quoi vous hydrater ou combler un petit creux.
4- Vérifiez la météo
Annonce de coups de vents ou d’orage, en mer, comme sur un lac, les conditions peuvent vite changer la donne. Pour vous, nageur, comme pour ceux qui naviguent autour de vous dont la visibilité peut décroitre. Donc dans le doute, on reporte sa sortie.
5- Nagez en groupe
Vous serez nettement plus visible pour un bateau à moteur. A défaut, comme en montagne, toujours prévenir un proche de votre sortie (lieu et heure de retour prévue).
Photo d'en-tête : Nabaiji / Decathlon- Thèmes :
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