De Nazaré à Belharra, le photographe shoote les plus grosses vagues d’Europe et les surfeurs qui les affrontent, les « chargeurs ». Des clichés forts à découvrir dans le cadre de « La route des géantes », exposition présentée à Anglet, au Pays basque.
“Je suis un fils des Cavaliers (l’une des plages mythiques d’Anglet, ndlr)”, lance d’emblée Laurent Masurel, l’un des maîtres européens de la photo de surf. Si l’on se fie au nombre de personnes venues le saluer pendant l’interview, on le croit bien volontiers.
S’il photographie aujourd’hui principalement des surfeurs, lui a toujours préféré le bodysurf, une forme épurée, sans planche : “j’aime le contact direct avec l’eau et les sensations que cela procure. On se fait souvent malmener par les vagues, mais c’est ce qu’on aime aussi !”.
À 11 ans et demi, il faisait son premier “drapeau rouge”. Traduction : les jours où l’océan est trop agité et les vagues trop imposantes, le drapeau rouge est de sortie, signifiant que la baignade est interdite. “Ces journées-là sont les plus excitantes, on sait qu’on va avoir de belles conditions”.
À 13 ans, il réalise sa première photo avec un Nikonos V, un appareil conçu pour la photo de plongée. “Idéal pour apprendre, car tout était manuel. Le numérique était encore loin, il ne fallait pas trop se tromper, ça obligeait à être rigoureux”.
Quatre ans plus tard, Laurent Masurel vend ses premières photos à des magazines de surf, mais surtout à des sociétés de carte postale.
Très tôt, il est fasciné par les grosses vagues. En matière de surf, la taille compte. Le “big wave surfing”, pratique consistant à surfer des vagues XXL, est très populaire. Les pionniers, les Américains Laird Hamilton et Darrick Doerner, ont vite fait des émules, au point qu’en 2009 la World Surf League lance un circuit mondial. “C’est très spectaculaire, et il y a une dimension de risque qui plaît à la fois au public et aux surfeurs”.
D’abord pratiqué à Mavericks, dans le nord de la Californie, et à Hawaï, c’est en Europe que tous les regards se tournent désormais. “Quand Garrett McNamara est venu surfer à Nazaré, au Portugal, en novembre 2011, personne ne connaissait ce spot. Aujourd’hui c’est la référence mondiale”, confie Laurent Masurel.
Dès lors, le photographe décide de se consacrer aux grosses vagues du continent européen. Entre l’hiver 2013-2014 et l’hiver 2017-2018, il parcourt la côte atlantique, depuis Guéthary au sud de Biarritz, jusqu’à Nazaré, en passant par Guipuzcoa ou la Biscaye. L’hiver est la période où les vagues sont les plus grosses en Europe, explique-t-il. « Entre octobre et mars, c’est l’idéal ».
L’idée de l’exposition est de rendre hommage à l’océan mais aussi aux surfeurs. D’où le mix de photos d’actions et de paysages. Parmi les athlètes représentés : la Française Justine Dupont, l’une des rares femmes à surfer les plus grosses vagues du monde. « C’était naturel d’inclure Justine et Fred David (son compagnon et celui qui la tracte en Jet-ski lorsque cela est nécessaire, ndlr), c’est l’une des meilleures au monde et elle représente le surf français. »
Pour certains clichés, Laurent Masurel a fait appel à deux de amis photographes, les Basques Javier Pactwo Munoz et Mitxel Andreu. « Shooter sur un spot de surf n’est pas une science exacte. On peut passer une journée entière à attendre qu’un surfeur se jette à l’eau et repartir bredouille. »
Une acharnement payant : les photos sont saisissantes.
Exposition en accès libre sur l’Anglet Surf Avenue jusqu’au 30 septembre 2019.
Photo d'en-tête : © Laurent Masurel- Thèmes :
- Photographie
- Surf