Mercredi 24 juillet, un guide et son client ont trouvé la mort sur les pentes du Cervin (4 478 m), le sommet mythique du Valais suisse. Conséquence directe du changement climatique, le pilier rocheux sur lequel ils étaient encordés s’est détaché, les propulsants dans le vide. À l’image du massif du Mont-Blanc, la situation devient de plus en plus critique, ce qui interroge sur le futur de ces ascensions.
Les chutes de pierres sont courantes sur le Matterhorn (nom alémanique du Cervin), mais cette fois-ci il ne s’agissait pas de simples éboulis. C’est tout un bloc qui a lâché, cause du dernier drame en date sur la montagne qui domine Zermatt. Il ne s’agissait pas de négligence de touristes mal équipés voulant à tout prix atteindre le sommet.
Comme le rapporte le quotidien suisse Le Temps, qui a interrogé Adam George, l’un des guides de l’association valaisanne des guides de montagne, sur place lors des faits, “ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment”. Simple malchance ? Une chose est sûre, ce type d’écroulements ne va aller qu’en augmentant et il est plus difficile (pour ne pas dire impossible) à anticiper que les avalanches.
Caroline George, guide elle aussi et compagne d’Adam George, considère que le Cervin est souvent sous-estimé en termes de difficulté. Tout le monde n’est pas capable, comme Kilian Jornet, de faire l’aller-retour en moins de trois heures (2h52’02 pour être précis), en simple basket. Elle aussi interviewée par Le Temps, elle ajoute “qu’il présente des dangers objectifs importants qui s’accentuent avec le réchauffement climatique”. Même bien accompagné, ce sommet mythique pourrait bien devenir trop dangereux.
Même constat dans le massif du Mont-Blanc
La problématique touche aussi le massif du Mont-Blanc, terrain de jeu favori des alpinistes sur le territoire français. Ce n’est pas une nouveauté, mais la situation est de plus en plus critique. Depuis l’effondrement, tristement célèbre, du pilier Bonnatti au-dessus de Chamonix en 2005, les accidents se succèdent.
Une étude publiée en juin par Jacques Mourey, géographe doctorant au laboratoire EDYTEM, sous la direction du géomorphologue Ludovic Ravanel, révèle que sur les “100 plus belles courses” dans le massif du Mont-Blanc, recensées dans les années 1970 par Gaston Rébuffat, 93 sont affectées par le changement climatique et 26 le sont de façon très inquiétante, et 3 n’existent plus.
Quel avenir pour les guides de montagne ?
Face à cette situation de plus en plus périlleuse, le métier de guide va devoir évoluer. Il y aura toujours des clients pour tenter des voies mythiques comme celles évoquées précédemment, mais qu’en sera-t-il du côté des professionnels ? Caroline George insiste sur ce point : «L’augmentation de ces dangers est une réalité qui remet en question certains aspects de la pratique du métier de guide. Certains collègues envisagent une réorientation professionnelle».
Il faudra probablement se résoudre à déplacer certaines courses, traditionnellement réalisées l’été, vers le printemps, l’automne et même l’hiver; voire éviter certaines zones, trop exposées. Et plus largement, profiter de la montagne autrement.