Il y a quelque temps déjà que les fidèles du Festival du film et du livre d’aventure de La Rochelle ont compris que les territoires de l’aventure ne se limitaient pas aux montagnes et aux océans. Pour cette 21 édition, ils ne vont pas être déçus, au contraire. Car le spectre de cet événement désormais incontournable semble s’être encore élargi cette année. Et personne ne s’en plaindra, car au travers des 150 rendez-vous et films programmés du 10 au 17 novembre, on va voyager, c’est sûr. S’étonner. Apprendre. Partager. Et toujours s’émouvoir.
En 2023, le FIFAV fêtait ses 20 ans. Des rétrospectives marquantes, une programmation exigeante et, comme toujours, une ambiance festive : La Rochelle avait fait les choses en grand. Un an plus tard, une plongée dans la programmation confirme ce que l’on pressentait déjà. Comme un besoin pour ce festival phare de monter d’un cran et de sortir d’un « créneau aventure », devenu soudain trop étroit. Ce qu’exprime fort bien Stéphane Frémont, son directeur et cofondateur.
« L’aventure ? Un prétexte, un moyen. La nature ? Un socle, devenu enjeu, une fin. La culture ? Un univers de création sans limite, une aventure en somme. Le tout ? Un écosystème, un environnement en mouvement qui permet au FIFAV (comme à bien d’autres festivals), de partager des histoires à travers des œuvres allant d’une esthétique à l’autre : film, livre, photographie, etc. Le dénominateur commun ? L’humain peut-être. Partager, découvrir, sensibiliser, transmettre. Le FIFAV est un bateau dont les hublots ouvrent sur bien des horizons… »
L’ouverture ? Elle est effectivement partout. Et notamment dans sa programmation de films. Car si comme chaque année cette édition apporte son lot d’inédits et d’avant-premières. Si les grands noms du documentaire y sont présents. Le FIFAV trouve encore les moyens de nous étonner. Qu’on en juge.
Le jury officiel fait le grand écart
De l’écrivain réalisateur & grand reporter Olivier Weber, au clown, acrobate & highliner Anicet Leone. Soit un président, les deux pieds dans l’actu. Et un poète, toujours sur le fil, membre des Flying Frenchies. Avec eux au jury, pour apprécier les 24 films en compétition et décerner les 10 prix, Sophie Planque, réalisatrice, auteure & photographe, et Marta Guemes, navigatrice et ingénieure. Nous l’avions suivie sur la Via Sedna, un projet Mer-Montagne 100% féminin, elle dirige aussi Ocean Peak, une association qui initie des jeunes en difficulté à la navigation.
Il n’y a pas que l’océan à La Rochelle
Montagnes du monde, Himalaya, Mont-Blanc… la sélection de films de montagne monte en puissance. Vraiment. Et il va falloir jouer serré pour y décrocher des places, car certains affichent déjà complet, ou presque. Pas étonnant quand on voit au programme « Chronoception », de Guillaume Broust. Le très attendu « Les jours sauvages », de Yohan Guignard, co-écrit par Alex Marchesseau. Ou, en avant-première « Le Cavalier sans tête », avec Charles Dubouloz et Symon Welfringer. Sans parler du dernier opus de Gilles Chappaz : « Maurice Baquet, l’accordé », un beau regard sur un homme toujours en mouvement, articulant sa vie autour de deux fils rouges : le violoncelle et la montagne.
Une superwoman de 1,60 m
Nouria Newman dans un film Inédit « Big Water Theory ». La kayakiste extrême et deux amis d’enfance, tout au long de leur expédition sur l’une des sections de rivière les plus difficiles au monde : la Gorge Rondu de l’Indus, au Pakistan. «Big Water Theory» documente la première descente intégrale de cette section de rivière par une femme, un exploit qui fait entrer Nouria encore plus dans la légende de son sport. Le film est une véritable anatomie de l’esprit d’aventure et du kayak de gros volume, qui offre au grand public une immersion sans précédent dans le monde méconnu de ce sport spectaculaire.
Un film de Emile Dominé. 83 min.
Le mental plus fort que tout : « Beyond prognosis »
Promis à une carrière mondiale dans le VTT de descente, Yannis Pelé n’a que 17 ans quand il fait une chute terrible en pleine compétition. Le diagnostic est sans appel : des vertèbres sont fracturées et la moelle épinière est touchée. Yannis a perdu l’usage de ses jambes et avec, son rêve de devenir athlète. Mais Yannis refuse d’y croire et s’accroche, c’est le début d’une course contre la montre.
Un film de Alexandre Silva & Morgan Le Faucheur. 55 min.
Berhaud-Chappaz: le coup d’œil dans le rétro qu’on attendait
« Gilles Chappaz nous raconte Patrick Berhault en trois films… ». « Berhault est à Chappaz ce que Tintin est à Hergé », explique le FIFAV. « Un favori, un sujet, une passion ? Durant les années 2000 le réalisateur Gilles Chappaz consacre trois films à l’alpiniste Patrick Berhault. En 2001, La Cordée de rêve relate la fantastique traversée de l’arc alpin réalisée par Berhault, en compagnie de l’autre Patrick, Edlinger. Berhault et Edlinger, point d’orgue d’une épopée quasi fraternelle. En 2004, Sur le fil des 4000, Patrick Berhault et Philippe Magnin (déjà présent dans l’entreprise précédente) se lancent dans l’enchaînement by fair means des 82 sommets de plus de 4000m des Alpes. Hors normes, à l’image des bonhommes. Mais au soixante-sixième sommet, tout bascule. Patrick Berhault quitte le fil. C’était il y a vingt ans. En 2008 tel un aboutissement, une conclusion, Gilles Chappaz signe au sens propre comme au sens figuré la biographie filmique sobrement intitulée Berhault. Comme un dernier hommage au premier des deux Patrick à avoir quitté le fil… »
Un rappeur en apnée
Avec « En immersion avec Akhenaton », film présenté en avant-première, c’est un duo inattendu qu’on découvre. Akhenaton, leader du groupe de rap I AM, a tout connu : les galères, l’ascension sociale fulgurante, les doutes, les succès, les tournées internationales, les remises en question au fil des années. Il a surmonté ses stress, ses peurs, relevé le défi du renouvellement, de la longévité, du dépassement de soi. Mais il en reste un auquel il ne s’est jamais confronté. La rencontre avec Morgan Bourc’his est l’occasion de s’en affranchir. Le triple champion du monde d’apnée embarque l’artiste pour une déconnexion, une introspection, un « lâcher prise » et un émerveillement qui vont le changer.
Un film de Jérémy Frey. 52 min.
Que sont-ils devenus ? De “Water get no enemy” à “We the surfers “
Trop souvent, à la fin d’un documentaire on s’interroge : une fois le dernier plan bouclé, le film vit sa vie en salle. Mais quid de ses protagonistes ? C’est la question que s’est posée Arthur Bourbon, coréalisateur avec Damien Castera de « Water Get No Enemy ». Un film multiprimé, racontant comment dans un petit village du Libéria, pays dévasté par deux décennies de guerre civile des surfeurs locaux tentent de changer leur destin ainsi que celui de leur village grâce à la création d’un club de surf. Cinq ans après, le surfeur et réalisateur Arthur Bourbon retourne sur les lieux de son tournage. Son but ? Revoir ses amis et documenter l’évolution du surf dans le village. Une démarche rare.
Un film de Arthur Bourbon. 51 min.
Bernard Moitessier raconte Bernard Moitessier
« Bernard Moitessier, une certaine rencontre » : un documentaire composé d’images d’archives uniques et de sons inédits relatant la rencontre du réalisateur Luc Sola avec le marin de légende Bernard Moitessier en 1980 en Polynésie. L’occasion ici de découvrir son parcours et l’impact qu’il eut sur toute une génération. Une aventure humaine hors du commun, hors du temps.
Un film de Luc Sola. 58 min.
Descente dans les coulisses des tournages
Avec les Coulisses de tournage, le FIFAV invite à découvrir l’envers du décor en présence de réalisateurs chevronnés. Un tout nouveau rendez-vous, qui s’ouvre avec la découverte de deux backstages. Celui de « Un pasteur », film de Louis Hanquet qui a reçu le Grand prix de la compétition nationale et le prix de la meilleure musique originale au Fipadoc ainsi que la « Gentiane d’or » du meilleur film au Trento Film Festival. Mais aussi celui de « Sophie Lavaud, le dernier sommet », de François Damilano. Tournage réalisé à plus de 8000 mètres.
Pour en savoir plus sur la programmation complète du FIFAV et réserver vos places, c’est ici.
Photo d'en-tête : FIFAV