Étudiant en journalisme atteint d’un cancer du système lymphatique, Vincent Guerrier vient de publier « Malades de sport. Un remède contre le cancer ». Une étude passionnante, menée en collaboration avec sa compagne, Léa Dall’alglio.
En 2016, Vincent Guerrier, étudiant en journalisme, apprend qu’il a un lymphome de Hodgkin, un cancer du système lymphatique. Il n’a alors que 23 ans et découvre par la voix de son médecin ce que l’avenir lui réserve. Les effets secondaires de la radiothérapie peuvent détruire les cellules saines, notamment au niveau des poumons ». Conséquences : « Vous aurez moins de souffle. Vous pourrez vivre normalement, c’est juste que vous n’allez pas courir de marathon » lui explique le praticien. Pour cet adepte du cyclisme et de la course à pied, c’est un choc. Puis une prise de conscience. Il n’y a pas de fatalité. Mieux, il peut reprendre le contrôle de sa santé. Via le sport, justement. Soutenu par sa compagne, Léa Dall’aglio, également journaliste, il reprend progressivement la course à pied. Et, ensemble, ils vont jusqu’à courir le marathon à Lille, le 10 mai 2017.
De cette longue épreuve, ils vont tirer un documentaire – diffusé récemment sur France 3 Normandie – et un livre publié aux Editions du Faubourg sur l’impact du sport sur la santé, notamment sur les maladies chroniques, dont le cancer. « Une approche déjà très documentée au Canada, pays précurseur dans ce domaine», expliquent les deux auteurs, « mais qui trouvent de plus en plus de terrains d’application en France ».
Une efficacité prouvée par des centaines de cas
On est donc loin aujourd’hui des consignes enseignées à la faculté de médecine en cas de maladie, l’époque où « repos » était le maître mot. Il est désormais prouvé en effet que pour certains patients, notamment dans les cas de cancer du sein, le sport atténue les effets secondaires des traitements et réduit considérablement la fatigue. En complément des traitements, et à un rythme adapté, il fait donc partie intégrante du traitement, comme l’explique en détails les deux jeunes journalistes.
Dans leur ouvrage, ils analysent les études conduites sur des milliers de cas mettant en évidence le rôle du sport dans la prévention et le traitement de la maladie. Et expliquent également comment les politiques de santé commencent à s’engager pour que l’activité physique soit non seulement prescrite, mais aussi remboursée. Au-delà d’économies considérables pour la collectivité, c’est toute une éthique de l’activité physique qui est ici en jeu, qui recoupe en partie mais qui excède sans doute le strict champ du sport, soulignent les auteurs.
Des dérogations pour les malades pendant le confinement
Un thème plus que jamais d’actualité à l’heure où le confinement réduit considérablement notre activité physique. Léa Dall’aglio et Vincent Guerrier s’apprêtent d’ailleurs à lancer d’ici quelques jours un appel afin d’informer sur les options offertes en matière de sport aux personnes malades : « Comme lors du premier confinement, il n’est pas toujours facile de savoir ce qu’il est possible de faire ou non concernant l’activité physique », rappellent-ils. » Si la population générale est limitée à pratiquer dans le format 1h/1km de rayon autour du domicile, les personnes munies d’une prescription médicale ne sont pas soumises aux mêmes règles », expliquent-ils dans un document très complet mis en ligne sur leur site. Or peu de patients le savent, et moins encore de praticiens. Or nombre d’entre eux pourraient, en toute légalité et pour le plus grand bien des malades qu’ils suivent, leur prescrire une activité physique afin d’assurer la continuité d’une thérapie complémentaire qui a fait ses preuves.
Malades de sport. Un remède contre le cancer
Léa Dall’aglio et Vincent Guerrier (Auteur), Du Faubourg Editions, 200 pages, 18€
Photo d'en-tête : Léa Dall'alglio et Vincent Guerrier (DR)