Sur les sentiers du Val d’Aoste, en Italie, il était chez lui, en détenteur du dernier record depuis 2022. En arrivant en tête cet après-midi sur ce parcours de 450 km et 32 000 m D+, l’ultra traileur de 51 ans a prouvé que, cette année encore, le podium était pour lui. Son temps ? 114:29:01 ! Un nouveau record. Impressionnant, et le mot semble faible, quand on sait qu’en juin ce spécialiste des raids d’aventure faisait déjà la une en devenant le premier vainqueur de la redoutable Terminorum, « petite sœur française » de la Barkley marathon…
« Honnêtement, c’était plus dur et plus difficile que l’année dernière », explique, Sébastien Raichon à son arrivée cet après-midi à Courmayeur à l’issue d’une course bouclée en 114:29 :01, un nouveau temps record. « J’ai eu un problème à la jambe, j’ai failli me perdre dans une tempête et puis il y avait ces jeunes (Erwee Tiaan et Peter Kienzl) qui poussaient, derrière moi, ce qui m’a encouragé à aller encore plus vite ». Venant d’un athlète qui semble aligner les records comme d’autres feraient des joggings, l’aveu pèse son poids.
A son actif déjà, un palmarès impressionnant dans le monde du « raid aventure ». On se souvient notamment qu’en 2020, il avait battu le record de la traversée des Alpes sur le GR5 entre Thonon-les-Bains et Nice en complète autonomie. Et que pas plus tard qu’en juin dernier, il devenait le premier vainqueur de la Chartreuse, épreuve mêlant course d’endurance – 300 km et 25 000 m de D+ et course d’orientation, sans trop se forcer semble-t-il.
Cette année le Français aura souffert certes, mais pas pour rien, car il a littéralement explosé son propre record – 123h57’18 » – établi l’année dernière sur une course qui n’a rien d’une promenade de plaisir. Enfin, ça dépend pour qui. Le Tor des glaciers, ou Tor 450, est plus long, plus dur encore que le déjà mythique Tor des géants. Cette épreuve de 450 kilomètres et 32 000 mètres de dénivelé (à boucler en 190 heures maximum), permet de faire le tour complet de la Vallée d’Aoste depuis Courmayeur sur un itinéraire sauvage serpentant en grande partie le long de routes oubliées, les Alte Vie n° 3 et 4, de crêtes inconnues et d’anciens glaciers. Une course à mener en autonomie absolue, en ayant comme uniques références et points d’appui les magnifiques refuges de haute altitude. Pour pouvoir y prendre le départ, il faut avoir fait ses preuves. Autrement dit, avoir déjà bouclé le Tor des Geants en moins de 130 heures.
Parti vendredi dernier armé de son seul GPS, Sébastien Raichon n’a pas couru sur les glaciers de la vallée d’Aoste, mais il les a côtoyés de très près. Les plus hautes voies étant équipées de cordes ou d’escaliers, sans parler des passages sur les pierriers les plus escarpés et des cols à plus de 3000 mètres. Bref, un vrai challenge, comme il les aime. Et, qu’une fois de plus, il a géré presque parfaitement, laissant ses adversaires – et notamment Peter Kienzl – se défouler dans les 50 premiers kilomètres de la course, puis prenant la tête de la traversée entre le Rifugio Vittorio Emanuele II et le Rifugio Chabod. A partir de ce moment Sébastien Raichon est passé à la quatrième vitesse et ne s’est plus retourné, se lançant dans une balade solitaire au rythme effréné, terminée sous l’Arc de Triomphe de Courmayeur, cet après-midi, à 14h29 avec le temps stratosphérique de 114 :29 :01. Derrière lui, le Sud-Africain Erwee Tiaan (116:50:20) a donc dû » se contenter » de la 2e place.
Chez les femmes, à l’heure où nous bouclons cet article, la situation reste quasiment inchangée avec Florence Golay-Geymond qui a accumulé un avantage énorme sur ses rivales ces derniers jours, Marina Plavan et Amy Sproston, en lutte avec sa compatriote Sarah Hansel pour la dernière marche du podium.
Plusieurs courses du Tor sont toujours en cours actuellement, pour les suivre en direct, c’est ici.
Photo d'en-tête : Stefano Coletta | Zzam Agency