L’accès au Cho Oyu, 8188 mètres, sixième plus haut sommet au monde … gratuit ? L’information tombée en pleine période des fêtes est passée quasiment inaperçue, mais nul doute qu’elle devrait faire des heureux. La campagne de promotion « Visit Nepal 2020 », lancée par le gouvernement népalais prévoit en effet de réduire le prix d’accès à de très nombreux sites, et non des moindres.
L’Hi-ma-laya, trois syllabes qui résonnent jusque sur les falaises du Yosemite et celles de la Cordillère des Andes en passant par les Alpes. Le plus beau massif montagneux de la planète et ses sommets enneigés de plus de 8000 mètres enivrent beaucoup d’amoureux de la montagne que le gouvernement népalais souhaite séduire en cette année 2020. Le petit pays enclavé entre deux mastodontes, la Chine et l’Inde, abrite huit des plus hauts sommets de la terre. Depuis l’essor du tourisme, amorcé après la seconde guerre mondiale avec son ouverture au monde occidental, le Népal ne cesse d’attirer des milliers d’alpinistes et de randonneurs avides de dépaysement et d’accomplissement. Pour réguler ce flux et en tirer davantage de bénéfices, le département du tourisme népalais a instauré une taxe sous forme de permis obligatoires, que ce soit pour un simple trek ou l’ascension d’une de ses montagnes, dont certaines restent interdites car sacrées. Pour le plus connu des sommets, l’Everest (8848 mètres), il a fallu attendre 1950 pour que le Népal ouvre son accès, libérant la voie du col Sud, théâtre trois ans plus tard de la première ascension réussie par Sir Edmund Hillary et Tensing Norgay.
Cho Oyu gratuit !
En 2020, pour promouvoir les richesses de leur territoire sous le slogan « Visit Nepal 2020 », le gouvernement prévoit d’adoucir ses tarifs de permis d’ascension. Si l’Everest, leur vitrine mondiale, ne s’inscrit pas dans cette liste et reste à 9 800 euros (11 000 US$) par personne, de même que tous les autres sommets de plus de 8000 mètres sont au tarif de 1600 euros (1 800 US$), le Cho Oyu – haut de 8188 mètres et à cheval avec la frontière chinoise – sera, lui, entièrement gratuit en 2020. Une belle aubaine pour tous ceux qui souhaitent connaitre leur première ivresse de haute altitude sur un 8000 mètres considéré comme l’un des plus accessibles techniquement. D’autres sommets népalais bénéficient du même rabais d’exception cette année, notamment l’Api (7132m), le Saipal (7030m), le Ganesh Himal (7422m), le Gyalzen Peak (6151m), comme l’a annoncé le directeur du département de l’alpinisme au Népal, Meera Acharya au Kathmandu Post. Si vous hésitez encore à franchir le cap d’une expédition au Népal, sachez que Meera Acharya a suggéré à son gouvernement de promouvoir deux autres sommets de 8000 mètres qui bénéficieraient d’un prix réduit de 50%. Le graal permettant l’ascension du Dhaulagiri (8167 mètres) et du Kanchanjunga (8586 mètres) passeraient alors à 800 euros.
1600 sommets encore vierges au Népal
Cette tentative de séduction intervient dans un contexte de promotion du territoire. « Ce programme est destiné à attirer davantage d’alpinistes vers certains de nos sommets qui ne sont pas très fréquentés », détaille M.Acharya au Kathmandu Post. En 2014, le Népal avait rendu accessible « légalement » 104 de ses sommets dont cinq « 8000 », désormais le gouvernement se targue de pouvoir en proposer 414 dont 72 dépassant les 7000 mètres. Une étude menée par le gouvernement et l’association népalaise d’alpinisme a recensé 3310 sommets de plus de 5500 mètres sur le territoire. La zone ne fait que 147 181 km² , mais elle compte encore quelque1600 sommets encore vierges à gravir. Cette multitude de possibilités combinée à cette volonté affichée de populariser certaines vallées encore isolées, offre au Népal un argument supplémentaire dans la bataille de l’Himalaya face aux autres pays tels que le Pakistan, la Chine et l’Inde.
Le Népal accueille plus d’un million de touristes par an (1 173 072) d’après le dernier rapport de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), ce qui place le pays asiatique en 114ème position mondiale. Cette activité, et plus largement le secteur des services afférents, représente la moitié du PIB du pays. Avec l’opération de séduction « Visit Nepal 2020 », le pays vise les deux millions de visiteurs. Malgré tout, son potentiel ne parait pas être exploité à 100%, compte tenu d’un réseau de liaisons aériennes encore limité, d’un déficit d’hébergements de qualité et d’un manque de personnel qualifié dans ce secteur.
Si le bel effort des autorités népalaises se concrétise, l’afflux des amoureux des cimes et de la randonnée devrait être palpable et, espérons-le, bénéfique pour l’économie locale. Une mesure qui, en cas de franche réussite, pourrait donner des idées aux autres pays montagneux…
Photo d'en-tête : Pierre Le Clainche- Thèmes :
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