Du 9 au 22 janvier à Lausanne, se déroule la sixième édition de ces JO pour ados, la troisième des Jeux d’hiver… Des épreuves qui laissent peut-être froid le grand public, mais qui enthousiasment des athlètes tels que Kilian Jornet, et pour cause.
Des Jeux Olympiques d’hiver en 2020 en Suisse ? Oui, vous avez bien lu, et de surcroît ils se déroulent en ce moment, du 9 au 22 janvier, presque sous nos yeux, à Lausanne. En réalité ce ne sont pas vraiment des Jeux Olympiques « classiques » mais une nouvelle compétition créée pour les adolescents jusqu’à leurs 18 ans, les Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ). Elle suit la même périodicité de quatre ans, mais de façon inversée avec les JO traditionnels qui seront donc cette année les Jeux d’été, à Tokyo.
Des épreuves peu couvertes par les médias, mais qui cette année devraient susciter un peu plus d’intérêt du côté des Français. Pour la première fois depuis leur création, les JOJ se déroulent dans deux pays : la Suisse et la France. L’Hexagone accueille en effet les épreuves de biathlon, de saut à ski et de combiné nordique à Prémanon dans le Jura, au centre de ski nordique des Tuffes. Les Français Mathieu Garcia et Jeanne Richard ont brillamment franchi la ligne d’arrivée ce dimanche en première position lors de l’épreuve de relais mixte individuel de biathlon.
Une première: le ski alpinisme
Mais c’est une nouvelle épreuve qui a retenu l’attention de tous, et notamment celle d’illustres mastodontes de la discipline : le ski – alpinisme, très prisé des coureurs d’ultra-fond et des montagnards. Kilian Jornet, sur les réseaux sociaux, s’est félicité de voir son sport fétiche – il a remporté quatre fois le Pierra – Menta, sommet mondial de la discipline – mis en avant et pratiqué par une jeune génération. Une génération dominée par un double-doublée suisse féminin et masculin sur les épreuves individuelles et une victoire espagnole sur l’épreuve de sprint féminin grâce à la jeune Maria Costa que s’est empressé de congratuler Kilian.
Du coup, certains commencent à regarder ces jeux d’un autre oeil. A juste titre.
Un laboratoire idéal pour les JO
Imaginés par le CIO pour donner accès au rêve olympique à des jeunes, les premiers Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) ont notamment pour objectif « d’enrayer le déclin de la pratique sportive chez les jeunes tout en combattant la croissance de l’obésité », pour reprendre les propos de Jacques Rogge, ancien président du CIO, lors de son discours inaugural à Singapour en 2010, lieu et date des premiers JOJ. Outre le côté purement sportif, le CIO souhaite ainsi sensibiliser les adolescents à une alimentation et un mode de vie sains, au respect de l’environnement et à une pratique propre et transparente du sport.
Mais au-delà de cette louable mission pédagogique, les JOJ sont aussi et surtout le laboratoire idéal pour tester certaines épreuves en vue de les valider aux JO traditionnels. Peu le savent, mais le rugby à 7 et le golf ont d’abord été vus aux JOJ de Nankin en Chine en 2014 avant d’être présents chez les seniors à Rio de Janeiro en 2016, tout comme le basket à 3 contre 3 qui sera à Tokyo en 2020 pour la toute première fois alors que la discipline issue du « street » existait dès la première édition des JOJ de Singapour en 2010 pour les jeunes. De là, à imaginer que le ski alpinisme, nouvel arrivant cette année au JOJ, puisse à son tour rejoindre les Jeux Olympiques de Pékin, en 2022? Nombre d’athlètes y sont favorables, pour autant que l’essence de leur sport ne soit pas dénaturée.
Certaines disciplines font aussi l’objet d’aménagement. En hiver, les ados utilisent exclusivement le tremplin normal alors que les seniors, eux alterne tremplin normal et grand tremplin. Le bobsleigh, habituellement pratiqué par deux ou quatre personnes, s’utilise seul au JOJ et se dénomme donc « monobob » tout simplement. En hockey sur glace, quatre médailles sont à décerner : deux pour chaque équipe victorieuse dans le tournoi féminin et masculin classique et deux autres pour chaque athlète, féminin et masculin, qui gagnera le concours d’habilité, sur un format à élimination en parallèle face à un adversaire autour de six épreuves.
Des équipes russo-américaines
Plus étonnant encore, les JOJ comprennent des épreuves mixtes où des athlètes représentant différents Comités Nationaux Olympiques (CNO) s’unissent pour briguer une breloque dorée sur la plus haute marche d’un podium. Ainsi, ont pu être applaudis à Innsbruck en 2012, Shoma Uno et Jordan Bauth, un couple mixte en patinage artistique, composé d’un Japonais et d’une Américaine. La hache de guerre de Pearl Harbor semble encore plus profondément enterrée. La doublette médaillée de bronze en curling la même année et composée de l’Américain Korey Dropkin et de la Russe Marina Verenich a peut-être apaisé les tensions entre les deux nations… Quand les vainqueurs d’une épreuve « CNO » décrochent la médaille, l’hymne olympique y est entonné en même temps que le drapeau des cinq anneaux s’élève.
En alliant mixité et parité – sur les 1880 athlètes sélectionnés, il existe autant d’hommes que de femmes – et avec l’apport de nouvelles disciplines, les JOJ dépoussièrent enfin la sacro-sainte compétition des seniors. Reste que les diffuseurs demeurent absents de ces épreuves que l’on ne peut suivre que sur le site internet de Lausanne 2020 et les réseaux sociaux. Et c’est bien dommage. On ne peut que vous conseiller d’aller admirer les futurs champions de vos propres yeux cette année, car les prochains JOJ d’hiver se dérouleront dans la province du Gangwon en Corée du Sud en 2024 quand la session d’été de 2022 sera à Dakar au Sénégal.
Photo d'en-tête : Simon-Bruty- Thèmes :
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