« On se retrouve un peu tous seuls pour organiser cette course » déplore Benoît Mouren, organisateur de la GlaGla Race depuis dix ans, aux côtés d’une poignée de bénévoles acharnés. Car cette compétition, qui rassemble en janvier de grands noms de la discipline et des athlètes amateurs autour du lac d’Annecy, est avant tout une histoire de passionnés. « Ce que l’on fait, c’est tout, sauf du business » rappelle l’Annécien qui a décidé de prendre une pause en 2025. Il nous explique pourquoi.
« Faire une course sur le lac d’Annecy en plein mois de janvier, c’est quelque chose d’exceptionnel » souligne Benoît Mouren, organisateur de l’Alpine Lakes Tour, un circuit qui comporte la GlaGla Race, l’un des plus grandes compétitions de Stand Up Paddle au monde. « Prendre du temps pour se reposer, de ne pas organiser la course l’an prochain [en janvier 2025, ndlr], c’est aussi un moyen de faire comprendre aux gens que rien ne nous oblige à faire cette course. Ce n’est pas quelque chose qui me fait gagner de l’argent. Si je l’organise depuis dix ans, c’est que j’ai envie de le faire. Que ça me fait plaisir. Je trouve ça génial de pouvoir accueillir les gens, de pouvoir leur donner ce plaisir, de leur faire découvrir cette pratique ».
Pourquoi renoncer à l’organisation de la GlaGla Race en janvier prochain ?
On est une toute petite équipe de bénévoles. Et chaque année, depuis dix ans, on organise entre six et huit courses par an [dans le cadre de l’Alpine Lakes Tour, un circuit de compétition de Stand Up Paddle, ndlr]. La GlaGla, c’est de loin la plus grosse. C’est un événement qui demande énormément de temps de travail, de préparation. Et pour la petite équipe de bénévoles que l’on est, c’était vraiment très fatigant. On a simplement eu le besoin de se reposer une fois. Et de prendre un petit peu de recul par rapport à tout ça. Il faut savoir que c’est un événement qui a pris beaucoup d’ampleur. Avoir 800 personnes sur l’eau en plein hiver, c’est une prise de responsabilité très importante. Tout se passe toujours très bien, mais si un jour, il venait à y avoir un problème, cela relèverait de ma responsabilité. […] Et comme on n’a pas vraiment de gros soutien vis-à-vis de cette course-là, on se retrouve un peu tous seuls.
Le Stand Up Paddle n’attire pas vraiment les annonceurs, c’est cela ?
Disons que les marques historiques spécialisées dans le Stand Up Paddle n’ont pas de gros moyens. Et d’un point de vue économique, le gros du marché se situe sur des produits très bas de gamme. Avec des fabricants qui n’ont pas de visibilité en tant que marque. Ils n’ont pas de budget pour de la com’. Ne s’intéressent pas à la course, à l’aspect compétition, ni même à l’aspect sportif de la discipline. […] On est tout de même aidés par des marques. Mais ça reste un petit soutien [moins de 20% du budget total de l’organisation, ndlr]. Et ça ne permet pas d’organiser, d’avoir vraiment de l’aide. Il faudrait vraiment que l’on puisse embaucher des gens sur la durée, sur la préparation, pour être plus sereins par rapport à toute la logistique que la course demande. Et ce n’est pas le cas. […]
On n’a aucun problème sur nos courses de 150/200 personnes [dans le cadre de l’Alpine Lakes Tour, ndlr]. Mais sur une épreuve organisée en plein hiver, où les meilleurs mondiaux côtoient les pratiquants loisirs, ça demande de mobiliser beaucoup notre équipe de bénévoles ainsi que nos proches. […] Elle a beau être beaucoup plus grosse que les autres, en termes de budget, c’est plus compliqué. On a des courses qui attirent moins de monde, mais qui sont plus simples à organiser, sur lesquelles on a moins de dépenses et où on arrive plus facilement à équilibrer le budget.
Vous faites également face à des critiques…
Oui. Sur les réseaux sociaux principalement. Ces derniers ont aidé le circuit, l’Alpine Lakes Tour, à se développer. Notamment grâce aux belles images, au lac en plein hiver, aux montagnes, aux sourires des gens, etc. Il y a de quoi avoir envie de participer à cet événement ! La GlaGla Race, c’est une course très différente, très belle. Elle est quasiment la plus grosse course au monde. Mais d’un autre côté, des gens sont devenus très exigeants sur plein de choses. […] Ce sont souvent des pratiquants qui sont un peu derrière dans les compétitions, qui ont changé de catégorie en cours de route, sans qu’on l’ait pris en compte.
On essaie d’avoir plein de catégories différentes afin que chaque type de paddle, du gonflable ou non, des petits, des grands, soit représenté. Alors en termes de gestion des résultats, c’est compliqué. Et puis, il y a toujours des petites erreurs. Des gens vont râler pour ce genre de petites choses qui pour nous, sont loin d’être essentielles. L’essentiel pour nous, lors d’un événement comme cela en plein hiver, c’est l’expérience que l’on en retire, le fait d’être sur le lac, avec des centaines de personnes, en plein hiver, avec la neige autour. […] Certaines personnes pensent que vu qu’il y a beaucoup de monde, que la Glagla Race reste un petit peu plus chère que les autres courses [de l’Alpine Lakes Tour, ndlr], ce qui est logique parce qu’il a beaucoup plus de frais, on gagne beaucoup d’argent, que c’est devenu un business. Sauf que ce que l’on fait, c’est tout sauf un business. On sacrifie beaucoup de choses pour organiser cet événement.
Il faudra donc attendre le 17 janvier 2026 avant de retrouver la GlaGla Race. Que comptez-vous faire d’ici là ?
L’idée, c’est de commencer à travailler dès maintenant pour trouver des partenaires qui puissent nous aider. Mais aussi de se poser des questions sur plein de choses, pour voir comment, en gardant tout à fait l’esprit de la course, on arrive à être capable de faire les choses de manière plus sereine en 2026. […] Rien n’est arrêté pour l’instant. Mais l’idée, c’est de pouvoir avoir des profils intéressants de personnes travaillant dans l’événementiel que l’on puisse rémunérer afin d’être un peu moins stressés dans la préparation. On ne veut pas faire évoluer l’événement en lui-même, je pense qu’il est bien. Ni même changer les parcours, que l’on travaille depuis dix ans. Ce que l’on propose est bien, même si l’on compte réfléchir à des améliorations. On veut tout simplement arriver à gérer notre organisation de manière plus sereine.
Photo d'en-tête : Glagla Race