C’est ce que demande une pétition lancée jeudi par la famille d’Ulysse, jeune Parisien décédé au cours d’un stage de survie à Kervignac en Bretagne. A ce jour, plus de 21 000 personnes ont déjà rejoint cet appel au Premier ministre, afin de renforcer la réglementation de ces séjours extrêmes.
Le 11 août dernier, Ulysse Tâm Hà Duong, 25 ans, décédait lors d’un stage de survie organisé à Kervignac dans le Morbihan, suite à l’ingestion d’œnanthe safranée, une plante toxique ressemblant aux carottes sauvages mais dont la consommation est mortelle. Ouverte à tous, cette formation était encadrée par un ancien militaire ayant servi 24 ans sous les drapeaux, fondateur de l’École de Survie du Petit Débrouillard (10-17 ans). Douze personnes ont été intoxiquées lors de ce séjour qui n’avait pourtant rien d’extrême. Au programme : faire du feu, apprendre à faire des nœuds et à construire une cabane en forêt. Huit des participants ont été hospitalisées après ingestion de la plante, Ulysse Tâm Hà Duong en est décédé.
L’organisateur du séjour a été mis en examen pour homicide involontaire, blessures involontaires, faux et usages de faux et détention illégale d’armes, mais au-delà de ce drame, la famille a découvert qu’aucun cadre légal n’encadrait les stages de survie. Elle en appelle donc désormais au gouvernement afin qu’un projet de loi encadre ces séjours « pour la bonne information et protection des citoyens qui, de plus en plus nombreux, sont concernés par ce marché », explique la pétition «#PourUlysse, encadrez les stages de survie », accessible sur le site change.org dont nous publions ici un extrait.
« Ce qui a pu être un épiphénomène il y a trente ans est en train de devenir un secteur d’activité à part entière », alerte la pétition. « La prise de conscience des effondrements en cours et à venir, la montée des préoccupations écologiques et d’autonomie alimentaire, l’exode urbain et l’aspiration de tous à se rapprocher de la nature, par le bio ou la permaculture, sont des phénomènes sociaux et politiques qu’on ne peut plus ignorer. Le développement rapide d’événements comme le salon du survivalisme, qui a doublé de taille d’une année sur l’autre sont là pour en témoigner.
Le succès entraînant le succès, ce qui relevait de la pratique amateure il y a encore quelques années tend maintenant également à se professionnaliser. Il est donc devenu crucial aujourd’hui d’encadrer sérieusement ce type de stages, de plus en plus nombreux. Parfois mal organisés et motivés par des considérations financières, les stages de survie peuvent mettre en péril la vie des participants et nous ne pouvons laisser survenir d’autres drames. »
On exige bien des compétences pour diriger une colonie de vacances, enseigner la voile ou être guide de montagne. Laisser un vide juridique pour ce genre de stages est incompréhensible, d’autant qu’ils exigent des compétences plus complètes. L’Etat se doit de jouer son rôle et d’exiger ce qui relève du minimum ».
« Aucune formation certifiante n’existe ailleurs dans le monde », explique David Manise, expert en survie et collaborateur régulier d’Outside. A l’exception peut-être de la National Outdoor Leadership School, aux Etats-Unis. A l’instar de certains professionnels, David Manise est donc très favorable à ce qu’un code déontologique mette un peu de rigueur dans un univers en pleine expansion regroupant les acteurs les plus divers, des plus sérieux, au plus fantaisistes, comme il l’expliquait récemment dans nos colonnes. « L’idéal serait que le dossier soit pris en main par la sécurité civile, gérée par le ministère de l’Intérieur car ce cursus pourrait être parfaitement complémentaire des 1er secours. Il pourrait intéresser, entre autres, les accompagnateurs en moyenne montagne. » ajoute-t-il.
“La survie, au même titre que les premiers secours, est un champ de compétence qui peut être utile aux citoyens, et contribuer à réduire les risques d’accidents pendant la pratique d’activités nature, en voyage, et même dans la vie de tous les jours. Il s’agit également d’un ensemble de connaissances et de techniques pouvant servir à rendre les citoyens plus avertis, en cas de catastrophe naturelle ou industrielle. Tout comme les formations de premiers secours, la survie mériterait d’être structurée et encadrée », précise-t-il dans la pétition à laquelle il s’est associé.
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