Des kilomètres de bouchons, une foule au bas des pistes ou encore fermeture de routes départementales : le week-end dernier les petits domaines skiables proches des grandes villes ont vu arriver en masse les amateurs d’activités nordiques en tous genres. Des images qu’on ne s’attendait pas à voir en pleine pandémie, alors que les stations attendent impatiemment la réouverture des remontées mécaniques.
« Une affluence record », « fermeture des routes » ou encore « importants bouchons ». Ces termes ont remplacé les titres pessimistes des stations de montagnes, devenus habituels dans la presse régionale. Lors du week-end du 9 et 10 janvier, les amateurs de sports nordiques ont envahi les petits domaines skiables, jusqu’à atteindre un point de saturation parfois inédit dans les petites stations.
En plus du besoin insatiable de prendre l’air, le soleil et les chutes de neige abondantes ont précipité des milliers de Français vers les stations de ski les plus proches des grandes villes. Et la fermeture des remontées mécaniques ne les ont pas empêchés de profiter de la neige tombée les jours précédents. Les magasins de location et de vente de matériel – raquettes, ski de randonnée, ou encore luges – ont vu les files d’attentes s’allonger devant leur entrée, comme à Markstein, dans les Vosges, où hier « dès 9h15, les skis de fond traditionnels étaient déjà en rupture de stock », souligne le quotidien L’Alsace.
Des accès aux stations limités provisoirement
Cette fréquentation exceptionnelle des stations a pu être remarquée sur l’ensemble des massifs français. Col de Porte, Plans d’Hotonnes, Bresse-Hohneck, Plancher-les-Mines, Bonnecombe ou encore massif du Sancy : tous ont été pris d’assaut par les amateurs de raquettes et ski de randonnée, nécessitant parfois l’intervention des forces de l’ordre. La station de La Planche-des-Belles-Filles (limitrophe entre la Haute-Saône et le Territoire de Belfort) a été fermée hier, dès 15h30, à cause du trop grand nombre de visiteurs, tout comme la route départementale 16E, obligeant les automobilistes à faire demi-tour : « On a recensé plus de 600 voitures à la station. Du jamais vu de mémoire de régisseur », remarque Vosges Matin.
Dans cette même station, le nombre de visiteurs a dépassé les espérances des acteurs de la montagne, en cette période si particulière. « Je n’avais jamais vu ça depuis que je dirige la station : du monde partout, les pistes prises d’assaut toute la journée… Pour nous, c’est un record d’affluence. Nous en sommes ravis. Malgré la fermeture des remontées, les vacanciers sont là et l’enneigement aussi », confie Laurent Asselin, le directeur de la station, à l’Est Républicain.
Des stationnements « anarchiques »
Même schéma du Markestein au Champ de Feu hier, où l’accès aux stations a été limité ; ou encore dans le Vaucluse, au mont Ventoux, où le préfet a ordonné la fermeture de la RF 974 : « En raison d’une très forte affluence de visiteurs ce samedi et d’un stationnement « anarchique » rendant difficile un possible accès des secours jusqu’à la station, la route a donc été fermée à hauteur du Groseau à la sortie de la commune », d’après Le Dauphiné.
Au Semnoz, au Lac Blanc, au Champ du Feu ou encore au Markestein, les parkings étaient complètement saturés, engendrant des bouchons dignes des autres saisons hors Covid-19. Dans le Doubs, Bison futé a vu rouge hier soir : « sur la RN57, dans le sens sud-nord, peu après 18 h, il y avait près de 13,5 km d’un important ralentissement. À 19 h, la file de voitures roulant au pas était estimée à plus de 8 km. Pas facile de rentrer avant le couvre-feu pour des milliers de personnes. Jusqu’à 18,8 km de ralentissement ont été mesurés entre Goux-les-Usiers et Fallerans à 17 h 30 », décrit l’Est Républicain.
Cependant, même si cette fréquentation a permis de limiter la casse dans ces petites stations, elle ne permettra pas de compenser la saison entière. Christophe Lebesgue, directeur d’exploitation du Plateau de Retord, explique à France 3 Auvergne Rhône-Alpes qu’un « gros volume de clients ne veut pas forcément dire une situation plus prolifique ». Et pour cause : ces visiteurs ne sont pour la plupart que de passage, à la journée ou le temps d’un week-end, pour profiter des pistes et faire quelques activités nordiques. Mais mises à part quelques dépenses dans les magasins de location de matériel, les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration et des autres acteurs de la montagne n’y trouvent pas leur compte. Le quotidien rappelle que « les activités de ski alpin représentent 70 à 80% du chiffre d’affaires » d’une majorité de stations, qui ne pourront pas être comblés tant que les remontées resteront fermées.
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