À la croisée de l’expédition et du voyage humanitaire, il y a Maewan : une association sportive et éducative, qui sillonne les océans et continents à bord d’un voilier depuis 2014. À chaque escale, l’équipage – constitué des membres permanents Marion Courtois et Erwan Le Lann – est rejoint par de nouveaux sportifs, aux disciplines diverses, pour mettre en oeuvre un projet avec des enfants locaux. Le dernier en date, l’installation pour la première fois d’une highline dans une favela au Brésil.
Marion Courtois compte 12 d’expérience dans l’humanitaire, tandis qu’Erwan Le Lann a été guidé de haute-montagne et navigateur pendant 20 ans. À eux deux, ils ont réuni leurs ambitions d’aventure et fondé l’association Maewan : un vaste projet mêlant sport et éducation, adressés à des enfants aux quatre coins du monde. Dernièrement, le duo a rallié Puerto Williams – la ville la plus au sud du monde en Patagonie – à Rio de Janeiro, pour installer la première highline dans une favela au Brésil. Mais avant d’y parvenir, Marion et Erwan ont essuyé 7 ans de navigation à travers l’Arctique, le Pacifique, et maintenant, l’Atlantique.
Après une licence de psychologie et un master en santé publique, Marion Courtois a dirigé des programmes humanitaires Amérique Centrale, au Sahara, et au Moyen-Orient. Pour créer Maewan, elle s’est donc accompagnée d’Erwan Le Lann, membre de l’équipe de France jeune de ski, puis de cascade de glace sénior, guide de haute-montagne et marin – qui compte plus d’une vingtaine d’expéditions dans le monde. Sur son CV figure aussi l’organisation d’événements internationaux d’escalade, les « Petzl RocTrip », en Europe, aux États-Unis, au Mexique, en Chine et en Argentine pendant plus de 10 ans.
De l’Arctique à l’Antarctique, passant par le Pacifique
Navigant entre mer et montagne, les membres fondateurs de Maewan invitent, à chaque escale, quelques sportifs aux spécialités différentes pour les rejoindre le temps de la mise en oeuvre d’un projet local. Le duo est ainsi parti à l’aventure en 2014, direction l’Islande et le passage du Nord-Ouest – un premier chapitre long de trois ans, durant lequel Marion et Erwan ont pu faire de l’alpinisme, de l’escalade de Big Wall de 1000 mètres au Groenland, ou encore du kite-surf en mer de Bering.
Puis, de 2017 à 2019, cap sur la Nouvelle-Zélande, où la pratique du sport – de l’escalade en Tasmanie, du base-jump dans les fjords néo-zélandais, ou encore de la highline aux îles Marquises, rien que ça – a commencé à côtoyer les premiers projets pédagogiques de Maewan. Marion et Erwan ont ainsi organisé des « ateliers d’éducation non formelle avec SOS Villages d’enfants en Polynésie française », avant de reprendre le large pour une traversée du Pacifique jusqu’au Chili.
Entre 2019 et 2021, le duo a ouvert une centaine de voies d’escalades dans les Tuamotu (un archipel à l’est de Tahiti), fait du kite-surf dans le Pacifique, du surf et de l’alpinisme en Patagonie. Les ateliers proposés par Maewan se sont alors multipliés dans huit écoles de Polynésie française, du Chili et de la France – 80 enfants et 1960 adultes auraient été formés par l’association. En parallèle, deux documentaires sur la pêche en Polynésie Française et sur l’impact de nos civilisations ont été tourné par le duo et leur équipe.
Escale dans une favela de Rio de Janeiro
Lors de leur dernière étape en juillet dernier à Rio de Janeiro, Maewan a été rejoint par Juliana Petters (guide d’escalade brésilienne), Lani, sa fille de onze ans, Monica Dalmasso (photographe) et Svana Bjarnason (grimpeuse franco-islandaise). Deux highliners et base jumpers français, Antony Newton et Pablo Signoret, étaient également à bord. L’objectif, cette fois-ci : se consacrer à une favela à travers des actions éducatives, et amener le sport dans des quartiers au contexte souvent compliqué. C’est alors que « la première highline a été posée dans une favela », explique Erwan Le Lann.
« Ce qui est intéressant sur notre programme, c’est le mix entre des personnes qui se construisent et la violence permanente du lieu dans lequel on évolue. Ce qui m’a le plus marquée, c’est que quand les garçons ont posé la highline, toute la favela s’est arrêtée pendant une demi-journée pour les regarder faire. C’était magique et très émouvant », commente Marion Courtois. Pendant ce temps-là, des ateliers d’éducation et de sensibilisation à l’éco-citoyenneté ont été déployés dans le quartier de Babilônia ; alors que des adultes âgés de 17 à 40 ans ont pu bénéficier d’un accompagnement à l’insertion professionnelle.
Le voilier est désormais en route vers Belém pour un nouveau chapitre à écrire dans la forêt amazonienne, et y préparer un autre épisode de la web série de Maewan, sur le thème de la déforestation en Amazonie, de son impact sur le climat, et des solutions pour protéger cet espace.
Photo d'en-tête : Monica Dalmasso- Thèmes :
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