Le film « Light » révèle le monde caché des troubles alimentaires affectant certains grimpeurs pro. Les victimes ? Des jeunes filles, mais des garçons aussi. La cinéaste, grimpeuse et journaliste Caroline Treadway suit le parcours de deux meilleures amies qui osent briser le silence sur l’un des secrets du sport les plus sombres. Une enquête très personnelle nourrie des témoignages de grands champions tels qu’Emilie Harrington, Angie Payne, Andrea Szekely ou encore Kai Lightner.
C’est un film puissant sur la quête de la légèreté et ses dangereuses conséquences qu’a réalisé l’Américaine Caroline Treadway. Malgré la sensibilisation croissante aux troubles alimentaires dans le monde du sport et toutes les méthodes d’entraînement qui permettent aujourd’hui de se concentrer plus sur la force que sur la légèreté, les troubles alimentaires sont toujours d’actualité. Mais le sujet encore trop tabou. Dès lors, comment empêcher les jeunes grimpeurs de tomber dans ce piège ? D’autant, cruel paradoxe, que ces compétiteurs constatent souvent, tout au moins dans un premier temps, que leurs sacrifices sont couronnés de succès.
Très personnel, ce film de 46 minutes n’hésite pas à mêler images animées et tournages de documentaire pour relater le propre combat de la réalisatrice avec son image corporelle ; depuis l’enfance jusqu’à sa carrière de grimpeuse. Les témoignages de grimpeurs pros tels que la grande championne américaine Emily Harrington, ou encore Angie Payne, Kai Lightner et Andrea Szekely – tous affectés par des troubles de l’alimentation qui leur ont permis de rester légers au début de leur carrière – montrent combien ces pratiques sont encore trop largement répandues.
Comme le raconte si bien l’exceptionnelle athlète Angie Payne dans le film, « Je me souviens encore très précisément d’un moment où je grimpais alors que j’étais vraiment légère. Je me sentais comme de l’eau sur le rocher. J’avais la sensation de m’écouler si doucement et si légèrement. Il n’y a aucune sensation comparable à celle-là ».
Mais, l’envers de la médaille était bien sombre. En dehors de ces moments exceptionnels, elle souffrait. « Boulder ( la « Mecque » de l’outdoor, dans le Colorado, où elle s’entraînait, ndlr) était un endroit tellement mauvais pour moi. J’y étais si malheureuse. Vous me payeriez, que je n’y retournerais pas ! »
D’autres grimpeurs décrivent la même souffrance et les nombreuses difficultés qui ont ruiné leur vie, comme Emilie Harrington parlant de sa dépression et du peu d’énergie qu’elle avait lorsqu’elle s’affamait. Ou encore Kai Lightner, grimpeur de grande taille dans un monde de petits athlètes, conduit à deux doigts de l’insuffisance hépatique, à cause de ses troubles alimentaires. Des témoignages que ne contredirait pas la championne américaine Beth Rodden dont nous avons publié récemment les confessions.
Pourtant, l’escalade pro n’est pas que souffrance, loin de là, comme le racontent aussi les grimpeurs interviewés, enfin sortis d’un cycle que l’on peut enrailler, une fois cerné le problème. Un point qu’explique fort bien le docteur Jennifer Gaudiani, spécialiste de la question, dans ce film qui a l’immense mérite de lever le voile sur une pathologie trop souvent ignorée. Ou pire, cachée. Qu’on en juge, Emily Harrington et Angie Payne, les deux grimpeuses pros au cœur du documentaire, deux compétiteuses hors pairs, deux meilleures amies aussi, ont passé toute leur adolescence côte à côte. Elles souffraient toutes les deux d’anorexie. Elles n’ont pu se l’avouer et en discuter ensemble que bien des années plus tard. Une fois sorties du circuit pro.
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