219 cordées, dont 18 féminines et 11 mixtes, seront au rendez-vous du 12 au 15 mars, pour la 39e édition de la Pierra Menta, plus grande épreuve de ski-alpinisme au monde se déroulant sur quatre jours autour d’Arêches-Beaufort, dans le Beaufortain. Au menu : trois sommets mythiques – le Mirantin (2460 m), la Combe du Grand Mont (2400 m) ou encore le Miraillet (2150 m) – et 10 000 mètres de dénivelé. Les meilleurs mondiaux, dont Xavier Gachet et William Bon Mardion et Axelle Mollaret-Gachet, tenants du titre, se mesureront à des amateurs sélectionnés sur le volet, pour beaucoup issus du monde du trail. Seul bémol cette année, l’absence de certaine tête d’affiches de la discipline mobilisées les 14 et 15 mars par une manche de Coupe du monde à Schladming. Un chevauchement de calendrier plus que regrettable qui a sans doute posé un vrai dilemme aux athlètes.
C’est LA course de ski alpinisme incontournable. Tant pour l’élite de la discipline, que pour les quelque 4000 personnes présentes aux abords des sommets du Beaufortain venus encourager les athlètes à grands coups de cloches. Epreuve mêlant endurance et technique, elle est née en 1986 du pari fou d’une équipe de copains : monter un véritable « Dakar des neiges ». En plus de trente ans, l’autoproclamé « sommet mondial du ski-alpinisme », s’est imposé comme le passage obligé pour l’élite de la discipline. Cette année encore, le plateau sera relevé, avec, notamment, la présence d’athlètes de l’équipe de France de ski-alpinisme, Xavier Gachet et William Bon Mardion en tête, venus défendre leur titre, mais aussi de grands noms du trail venant boucler leur préparation hivernale, tels que François D’Haene, Germain Grangier ou Martin Kern.
On remarquera toutefois quelques grands absents, détournés de la Pierra Menta, l’une des six grandes courses de ski alpinisme, par une manche de Coupe du monde à Schladming (14 et 15 mars), épreuve que les organisateurs avaient jusque-là pris soin de caler à une date non concurrente du grand rendez-vous beaufortain. Un malheureux carambolage de dates qui n’est pas sans conséquences sur la Pierra cette année. Notamment chez les femmes.
Chez les femmes, un beau plateau, mais beaucoup d’absentes
Chez les femmes, 18 duos sont engagés, contre 24 l’année dernière ! Certes on retrouvera au départ la Française Axelle Gachet-Mollaret, déjà vainqueure à cinq reprises de la Pierra Menta, mais en équipe cette année avec Lorna Bonnel, troisième en 2024, en l’absence de sa compatriote Emily Harrop, mobilisée par l’étape de la Coupe du monde de Schladming,
Leur cordée fait toutefois office de favorite. Face à elle, en dossard tricolore, Laurie Renoton / Marie Pollet Villard et les Allemandes Martina Pomper / Laura Dahlmeier. Il faudra aussi compter sur la présence d’ultra-traileuses, avec la présence de la paire americano-italienne Katie Schide, gagnante de l’UTMB en 2024, et Martina Valmassoi, une des rares Italiennes à ne pas avoir opté pour la Coupe du monde. C’est vraiment dommage. On se souvient en effet que dans les années passées, les équipes italiennes, comme les Suisses, ont eu à cœur de challenger les Françaises.
Chez les hommes, le podium devrait être français
Les Arêchois Samuel Equy (membre de l’équipe de France de ski-alpinisme) et Mathéo Jacquemoud, champions du monde en titre, font figure de favoris. On se souvient que l’année leur cordée s’était imposée de seulement 34 secondes devant les Italiens Davide Magnini et Robert Antonioli. A suivre également le duo Xavier Gachet / William Bon Mardion. En l’absence des Italiens, là aussi, le podium devrait donc se disputer entre Français. Parmi les manquants cette année aussi, on regrettera Thibault Anselmet, qui a choisi de courir en Coupe du monde. Ou encore celle d’un Jakob Hermann. Deux têtes d’affiches qui auraient pu relever encore le plateau.
Pour pimenter la Pierra, on peut toutefois compter sur d’autres solides cordées. A commencer par celle de François D’Haene et d’Alexis Sevennec, l’un des skieurs les plus expérimentés du circuit avec qui il a déjà fait équipe sur la course de La Belle Étoile dans le massif de Belledonne. Ce n’est pas la première fois que le quadruple vainqueur de l’UTMB s’aligne sur la Pierra Menta et personne n’a oublié qu’en janvier dernier il a remporté la Vertical Race de la Coupe de France de ski-alpinisme, toujours à Arêches-Beaufort, son territoire d’élection depuis quelques années déjà.
D’Haene n’est pas le seul traileur à se frotter au skimo. Sur la Pierra Menta cette année, on retrouve en effet Germain Grangier ( en duo avec Valentin Clarys) ? Arthur Joyeux Bouillon (/ Simon Bellabouvier), ou encore Martin Kern ( / Titouan Scheunemann). Le polyvalent Symon Welfringer, grimpeur de 9a et alpiniste auréolé d’un Piolet d’Or en 2021, semble lui aussi avoir pris goût à cette épreuve, il sera à nouveau en lice, demain. Et parmi les invités que l’on n’attendait pas, on découvrira le chef étoilé Jean Sulpice, accompagné de l’alpiniste Charles Dubouloz, ensemble, ces deux-là, qu’on voit souvent ensemble à vélo ou à ski de rando, ont déjà parcouru le Mont-Blanc.
Grande course ou Coupe du monde ? Le dilemme
Si l’affiche s’annonce belle, cette 39e édition allégée de quelques grands noms, contraints de choisir entre une grande course et une épreuve de Coupe du monde, laisse planer une certaine incertitude sur l’évolution du paysage du ski alpinisme. Aux mêmes dates, cette année, on aura donc à Schladming, des skieurs au départ d’une Verticale Race et d’un sprint de deux à trois minutes. Et, de l’autre, à d’Arêches-Beaufort, des athlètes affrontant crêtes et couloirs, durant quatre jours, souvent à plus de 2000 m d’altitude. Une épreuve mythique qu’il n’y a pas si longtemps, aucun grand nom du ski-alpinisme n’aurait manqué.
« C’est plus important de gagner la Pierra Menta qu’une Coupe du monde », devait déclarer un jour Kilian Jornet (quatre fois vainqueur de l’épreuve). Reste que certains, et non des moindres, ont fait un choix différent cette année. Sans doute la mort dans l’âme. Mais peut être aussi par pragmatisme, au regard de l’évolution de la discipline et de son intégration imminente aux Jeux olympiques.
« Cela fait 39 ans que la Pierra Menta se déroule aux mêmes dates, une semaine après les vacances scolaires françaises, rappelait Sébastien Blanc, le président du comité d’organisation au Dauphiné Libéré. « Il y avait un accord entre l’ISMF et les grandes courses pour que les compétitions ne se chevauchent pas. Mais les gens changent, certains engagements sont oubliés, et au final ce sont les coureurs qui doivent choisir. » (…)
« On va vers deux circuits, vers une séparation des coureurs. C’est dommage pour notre discipline. J’espère que le ski-alpinisme n’évoluera pas comme l’escalade, avec du bloc en salle. », s’inquiétait-il.
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