En attendant la sortie, en octobre, du récit de son périple dans la jungle guyanaise sur les traces de l’explorateur français Raymond Maufrais, disparu en 1950, le jeune « ré-aventurier » français vient de lâcher dans la nature un tout petit livre étonnant. A dévorer le temps d’un bivouac, au rythme d’une quarantaine de micro chapitres nous conduisant de l’Himalaya à l’Islande, en passant par le désert australien. Un voyage aux quatre coins de la planète truffé d’anecdotes souvent hilarantes, sur fond d’introspection.
Nous l’avions rencontré à la veille de la projection de son dernier film, primé dans tous les festivals : « Le minimaliste ». Le récit de son périple dans la chaîne himalayenne. Plus de 2 000 kilomètres en quatre mois et demi, avec en toile de fond sa fascination pour le nomadisme, Eliott Schonfeld, celui qui se revendique comme explorateur, ou plutôt comme « ré-explorateur et qui a décroché le titre très convoité de « plus jeune membre de la Société des Explorateurs Français », jusque-là détenu par Matthieu Tordeur, arborait alors une barbe fournie, dernier souvenir de son périple en Guyane, où il venait de passer 45 jours au plus profond de la jungle. Seul et sans moyen de communication, le Parisien de 28 ans s’était glissé dans les pas de Raymond Maufrais, explorateur français disparu en 1950 dans l’enfer vert guyanais, dont le corps ne fut jamais retrouvé. Eliott, lui, entendait boucler le projet de l’écrivain : « traverser seul toute la Guyane pour rejoindre les légendaires monts Tumuc-Humac, avec l’espoir de rencontrer une tribu d’indiens aux yeux bleus, très grands, vivant à l’âge de pierre comme la rumeur les décrivait ». Dans son sac, l’ouvrage de Maufrais : « Aventures en Guyane« , son « guide » pendant l’expédition qu’il considère aujourd’hui comme la plus éprouvante qu’il ait entreprise à ce jour, tant la progression dans la montagne y fut dure et la solitude profonde. « J’ai eu peur de mourir, de ne jamais y arriver », nous avouait-t-il, alors. On le croit volontiers quand on sait qu’il en revint avec 15 kg en moins et le sentiment d’avoir « touché à l’origine du vivant » dans la jungle.
C’est sur cette aventure que « Comment survivre à l’attaque d’un ours et autres aventures » revient. Entre autres. Car sans transition, Eliott Schonfeld nous explique « Comment tomber sur un supermarché en pleine nature sauvage « (en Alaska, ndlr) , « Comment prétendre être un expert en équitation pour acheter un cheval à bas prix » (en Mongolie, ndlr), ou encore « Comment dormir tranquille quand des tigres vous tournent autour » (dans l’Himalaya, ndlr). Bref, on l’aura compris, ce type-là qui s’interroge aussi sur « Comment vivre à 25 ans dans un monde qui meurt », a l’art de se mettre dans les situations de tous les possibles. Et de s’en tirer, sain et sauf. Mais plus conscient de la fragilité du monde sauvage, à chaque retour dans son appart parisien avec vue sur le périph,
Au point que l’on se demande, au fil des chapitres, quand cet ex étudiant échappé de la fac de philo, cet anti Mike Horn, pas vraiment musclé, pas sportif, pas sorti des forces spéciales, pas spécialiste de grand-chose, mais sacrément gonflé, oubliera de rentrer en ville pour rester au plus profond d’une forêt ou d’un désert.
Comment survivre à l’attaque d’un ours et autres aventures
Eliott Schonfeld – Editions du Trésor, 192 pages, 17€, sortie le 18 juin 2020.
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Photo d'en-tête : Eliott Schonfeld