Il menait en tête depuis la 4e boucle. Et depuis, il n’avait rien lâché. C’est à 21h04 (heure de Paris), ce vendredi 22 mars, à l’issue de 58:44:59 de course dans le lugubre parc de Frozen Head dans le Tennessee, qu’Ihor Verys a fini les 5 boucles (soit un total de 160 km ) de la fameuse course concoctée chaque année par Gary Cantrell, plus connu sous le nom de Lazarus Lake. Une superbe victoire pour l’Ukrainien qui ne cesse d’accumuler les podiums depuis qu’il s’est lancé dans l’ultra en 2021, mais dont c’était une première sur la Barkley.
Le point sur la fin de course
• 21h04 : L’Ukrainien Ihor Verys remporte la redoutable Barkley Marathons en 58:44:59 et devient le 18e finisher
• 21h33 : l’américain John Kelly termine la Barkley Marathons pour la 3e fois en 59:15:38
• 21H36 : Damian Hall arrive dans la mauvaise direction et ne valide pas sa 5e boucle
• 21h49 : Jared Campbell – 4 fois finisher – termine sa cinquième boucle en 59:30:32
• 21h56 : Greig Hamilton devient le 19e finisher de la Barkley avec un temps de 59:38:42
• 22h03 : Sébastien Raichon échoue dans la 5e boucle pour sa première participation
• 22h17 : Jasmin Paris termine sa 5e boucle sur le fil en 59:58:21 et devient la première femme finisher (et 20e finisher)
• 22h20 : La Barkley 2024 est terminée, elle compte 5 finishers dont la première femme
L’Américain John Kelly, le Britannique Damian Hall et le Néo-Zélandais Greig Hamilton, des habitués de la Barkley, lui auront mené la vie dure, mais Ihor Verys a, le premier, atteint la légendaire barrière jaune de la Barkley aujourd’hui, vendredi 22 mars, en 58:44:59. Sur les 40 coureurs partis mercredi 20 mars à 10h17, 9 avaient commencé la 5e boucle ce matin. Du jamais vu sur la Barkley, une course qu’on imaginait plus dure que jamais cette année. Après la victoire de trois coureurs (dont le Français Aurélien Sanchez) en 2023, Laz n’allait-il pas corser l’affaire, histoire de rappeler que la Barkley était la plus forte ?
Ihor Verys finished loop five of the #BM100 in 58:44:59.
— Keith (@keithdunn) March 22, 2024
On ne sait pas si le facétieux Laz a finalement décidé de se montrer indulgent, ce qui ne lui ressemblerait pas, mais une chose est sure, c’est que la météo, plutôt clémente cette année, a joué en faveur des coureurs. Ihor Verys, dont c’était la première apparition dans le petit club très fermé des heureux élus de la Barkley, en a profité pour remporter l’épreuve avec brio, devenant en 58:44:59 une super star aux yeux des milliers de « Barkley maniacs » qui ont suivi la course cette année, rivés aux tweets de Keith Dunn, l’incontournable chroniqueur de la Barkley.
Ihor Verys approaching the finish of the #BM100. pic.twitter.com/vDiJdEgJcu
— Keith (@keithdunn) March 22, 2024
Or il y trois jours à peine, ce coureur était un parfait inconnu pour la plupart des gens. Sauf au Canada. Ihor Verys – que sur certaines photos de la course, on a vu avec un drapeau de l’Ukraine – a émigré au Canada il y a huit ans. Arrivé pour ses études, il s’y est installé.
Il a commencé sa carrière dans l’ultrarunning avec la Finlayson Arm 100K en 2021. Dans la foulée, on l’a vu remporter la première place du Fat Dog 120 en 2022, un ultra considéré comme l’une des plus difficiles au monde. Il a également fait partie de l’équipe canadienne lors des championnats du monde par équipes Big’s Backyard (une autre invention de Lazarus Lake), arrivé 5e sur le 37 pays participants. Malgré ses performances, il dit attacher peu d’importance aux podiums et courir pour « entretenir sa forme, tester ses limites, explorer de nouveaux sentiers, découvrir de nouvelles perspecitives et se faire de nouveaux amis » Le secret de sa forme ? Il tient en quelques recettes simples, comme il l’expliquait en 2022 à Running magazine.
Son entrainement : du dénivelé, du dénivelé, du dénivelé
« Dès que je sors de chez moi, soit tu montes, soit tu descends, ce que j’adore. Même la course la plus courte me fait parcourir 500 à 600 mètres de dénivelé, en moyenne. Je cours habituellement cinq jours par semaine, et je laisse les deux autres jours pour les exercices de base et de musculation. En semaine, je cours après le travail, localement, pendant une ou deux heures.
Les week-ends sont consacrés à de longues sorties en montagne avec des amis. Je m’efforce de parcourir au moins 3 000 m de dénivelé par semaine, ce qui est facilement réalisable dans notre région. Les semaines de pointe, ce chiffre est doublé. La distance hebdomadaire n’a pas vraiment d’importance pour moi, mais elle s’accompagne toujours de dénivelé. Cela dit, je n’ai jamais eu de semaines de 100 miles (autres que les semaines de course). Mon compte Strava est ouvert à tous, et vous êtes les bienvenus pour m’espionner ! »
Son carburant ? Une alimentation pauvre en glucides et riche en graisses
« Le fait que mon organisme soit adapté aux graisses m’aide à ne pas surcharger mon estomac pendant la course. Je continue à manger pendant la course, mais pas autant, surtout sous forme de sucres rapides (boissons gazeuses, des gels, etc). En fait, la course est le seul moment où je consomme principalement des sucres ».
Son approche pour le mental ? « Une boucle de plus »
« C’est la seule bonne stratégie et le seul état d’esprit à avoir ». Vrai pour un format « Backyard », expliquait-il. Visiblement très efficace aussi sur la Barkley. « Tout est une question de mental à la fin. Entraînez votre esprit et croyez en vous », dit-il.
Les courses qui le font fantasmer ?
« J’aimerais pouvoir toutes les faire, mais une seule vie ne suffirait pas », répondait-il en 2022. « J’aimerais faire la Hardrock, la Western States, Leadville, HURT et bien d’autres courses emblématiques.»
Une carrière récente et déjà un beau CV
• 2023 Shuswap Ultra 120 km : 1er
• 2023 Badger Mountain Challenge 100 miles : 1er
• 2022 Whistler Alpine Meadows 100 miles : 2e
• 2022 Fat Dog 120 miles : 1er
• 2022 BC Backyard Ultra : 1er
• 2021 Finlayson Arm 100 km : 1er
- Thèmes :
- Barkley Marathons
- Ultra Trail