Chaque hiver dans les montagnes, les secouristes maitres-chiens d’avalanche se tiennent prêts pour intervenir 24h sur 24h, dans toutes les conditions, dans le seul but de sauver des vies. Discrets, mais animés par une vraie passion pour leur métier et par la notion d’assistance, ils forment une équipe soudée avec leur chien. Un compagnon hors normes, formé en deux longues années, qui va devoir passer un examen très exigeant pour valider ses compétences et pouvoir intervenir sur le terrain : 10% des chiens y sont recalés ! C’est le long apprentissage de Trackeur, Kelpie australien de quatre mois, avec son maître Jean-Michel Peccoux, que l’on suit dans « Le sens des autres, l’aventure de Tracker », documentaire passionnant et émouvant, produit par Sherpa.
Jean-Michel Peccoux est pisteur-secouriste sur le Grand Massif, employé par la Cie des Alpes et basé à Samoëns, village de Haute-Savoie. Il est également formateur auprès de l’ANENA, membre de l’Association Formateur National Maître-Chien d’Avalanche, responsable départemental et référent pour la préfecture de Haute-Savoie. Accessoirement, c’est aussi un ancien des forces spéciales, et comme les 120 équipages, maître et chiens d’avalanche français, il voue une vraie passion à son métier, et un amour indéfectible aux chiens qu’ils forment et avec lesquels il intervient sur les pistes pour sauver des vies.
16 mois de tournage avec Trackeur et son maître
Il y a deux ans, il aurait pu choisir pour compagnon un Golden retriever, des chiens notoirement faciles, adaptés au sauvetage, un chien-loup, un malinois, ou un chien de troupeau, mais il a décidé cette fois de former Trackeur, un kelpie australien, race plus rare en avalanche. Dernier d’une portée de quatre chiots, son éleveuse a décelé chez lui les qualités indispensables à son futur métier. « Dès ses deux mois, on voyait qu’il était très dynamique, très autonome, curieux, toujours partant et très proche de l’homme », explique-t-elle dans le petit film de 18 minutes réalisé par l’Association formateur maitre-chien avalanche (AFNMCA) pour montrer une autre facette, moins spectaculaire et plus intime, du quotidien d’un sauveteur et de son chien. Un tournage de 16 mois qui n’aurait pas été possible sans le soutien de Sherpa.
« Le sens des autres, l’aventure de Tracker », raconte la relation entre maître et chien, la patience et l’amour nécessaire pour construire une relation forte qui pourra, le moment venu, sauver des vies en avalanche. Filmées dans les paysages superbes de Haute-Savoie, les images sont un hommage à ceux qui vivent en montagne et travaillent dans l’ombre, au service des autres.
Intervenant en complément des équipages de la Gendarmerie nationale, les maîtres-chiens de l’AFNMCA, sont indispensables pour assurer le secours en montagne, chaque station devant obligatoirement en compter deux. Or leur travail n’est pas toujours bien connu des pouvoirs publics, des décideurs, des politiques et du public, y compris des professionnels de la montagne.
Car, explique, Patrick Parquet, moniteur de ski diplômé et bénévole auprès de l’ANENA, « si pendant la saison d’hiver, les maîtres-chiens sont rémunérés, leur compagnon de travail représente une lourde charge financière qu’ils sont souvent seuls à supporter d’avril à décembre « Environ 4000 à 5000 euros au total, entre l’achat les soins et la formation. Une formation longue, dont on suit le déroulement jour après jour via le parcours du jeune Trackeur. Mais qui n’a rien de garanti. « Nous travaillons avec du vivant, et nous devons adapter l’éducation en fonction de la personnalité du chien. C’est toujours un pari sur la vie, et jamais une science exacte », explique son maître, Jean-Michel.
1 chien sur 10 est recalé à l’examen final
Si son chien passe pas l’examen final, c’est neuf à dix ans de travail commun qui les attend tous deux. Des années où le maître va prendre un soin extrême de son partenaire. Sur le terrain, on apprend que c’est son maître qui va le porter tout au long de l’opération de sauvetage, afin qu’il arrive frais et plein de force sur le terrain de la recherche. « Un chien qui court va mourir prématurément, explique Patrick Parquet.
Mais si le chien ne répond pas à 100% aux attentes de son maître et aux exigences de son métier, tout est à reprendre à zéro, avec un autre animal. Ce qui arrive dans un cas sur dix. 10% d’échec, c’est énorme, quand on connait l’investissement financier, mais surtout humain qui est ici en jeu. Un lien fort s’est noué mais le chien ne peut pas travailler. Il reste partie intégrante de la famille de son maître qui va tenter de lui trouver d’autres terrains d’actions. Certains quittent donc le terrain de l’avalanche pour intervenir auprès de personnes âgées ou d’enfants. Là, leur formidable empathie pour l’homme va continuer d’être précieuse. l’AFNMCA),vient d’ailleurs de monter un partenariat avec les « P’tites étoiles » oeuvrant en faveur des enfants handicapés ou malades.
Une action discrète mais essentielle, à l’image de ces sauveteurs méconnus parmi lesquels on trouve des pompiers, des bergers, des moniteurs de ski, peu revendicatifs, mais qui méritent d’être mis en lumière et bien plus soutenus qu’ils ne le sont aujourd’hui.
Photo d'en-tête : Sherpa