Le projet visant à faciliter l’ascension du Kilimandjaro, sommet culminant à 5 895 mètres, avait généré de nombreuses pétitions de locaux, essentiellement pour des questions environnementales. Mais en vain : il verra bien le jour. Le gouvernement vient en effet d’annoncer la construction d’un téléphérique, allant jusqu’à 3 657 mètres d’altitude. Objectif ? Doubler le nombre de candidats au sommet.
Après de nombreux mois d’incertitudes, le mardi 30 novembre 2021, le ministre adjoint des ressources naturelles et du tourisme de Tanzanie a annoncé que la construction d’un téléphérique, faisant partie d’un plan plus large de la nation pour revitaliser le tourisme de loisirs, débuterait bientôt. Cela sera le quatrième téléphérique le plus haut du monde, après la télécabine de Merida au Venezuela (4 765 m) et les téléphériques du Cervin (3 883 m) et de l’Aiguille du Midi à Chamonix (3 842 m).
Un projet qui a suscité de nombreuses polémiques
Envisagé en hauts lieux pour la première fois en mai 2019, l’objectif du téléphérique est de multiplier le nombre de touristes par deux. Avant la pandémie de COVID-19, le Kilimandjaro attirait quelque 50 000 visiteurs par an, dont 35 000 candidats au sommet. Les autres se contentant d’admirer le site depuis le parc national qui l’entoure. Cette année-là, Constantine Kanyasu, alors vice-ministre du tourisme de Tanzanie, confiait que le téléphérique permettrait aux étudiants et aux voyageurs de moins de 15 ans et aux touristes de plus de 50 ans – de nouvelles cibles pour cette ascension exigeante d’un point de vue physique – de découvrir la beauté de la montagne.
Bien évidemment les associations de grimpeurs s’étaient mobilisées contre le projet demandant au gouvernement de reconsidérer sa position, alors que les médias sociaux s’étaient emparés de la polémique. De leur côté, les porteurs et les guides s’étaient regroupés au niveau local en groupes de pression tandis que les alpinistes lançaient des pétitions en ligne. Face à ces contestations, les responsables tanzaniens avaient répondu par le silence, promettant qu’ils étudieraient la faisabilité et les impacts environnementaux et sociétaux avant d’aller de l’avant.
Où sera installé le téléphérique du Kilimandjaro ?
L’itinéraire du téléphérique suivra la voie de Machame, pittoresque et populaire courant sur le versant sud du Kilimandjaro, l’une des plus populaires – attirant près de la moitié des visiteurs du parc –, compte tenu de son taux de réussite élevé (85 % pour une ascension de sept jours) et de son magnifique parcours traversant cinq écosystèmes et de son accessibilité via l’A23, la route principale de la région. Selon les autorités tanzaniennes, le téléphérique s’arrêtera à 3 700 mètres, à environ 2 000 mètres avant le sommet.
Composé de six piliers implantés le long de la route, il pourra ainsi transporter 15 cabines. Chaque cabine aura la capacité de transporter six personnes pendant un trajet de 20 minutes les conduisant jusqu’au plateau de Shira, l’un des trois sommets volcaniques, situé à environ 3 657 mètres, de 13 kilomètres de large. Bénéficiant de vues superbes sur le Kibo et d’un plateau relativement plat et ouvert, cette zone serait la plate-forme d’atterrissage la plus pratique pour le téléphérique. À partir de là, il ne restera plus qu’à rejoindre le plus haut sommet volcanique du Kilimandjaro, le Kibo, et son sommet, le pic Uhuru… à moindre effort.
Photo d'en-tête : Stephan Bechert