C’était certainement le plus vieux grimpeur encore en activité au monde, et jusqu’à ses dernier jours il aura vécu sa passion pour la montagne. Marcel Rémy, alpiniste suisse originaire de Gruyère, est décédé paisiblement dans son sommeil à son domicile, apprend-on aujourd’hui via son sponsor Mammut. Le 6 février dernier, il avait fêté ses 99 ans et ouvert un 4c. Il était le père des célèbres alpinistes et grimpeurs Yves et Claude Rémy.
Pour beaucoup Marcel Remy était un inépuisable source d’inspiration, à commencer par Nicolas Falquet qui en 2019 lui consacrait un documentaire passionnant, à voir ou à revoir aujourd’hui : « Marcel au sommet de son art ». Ce film de 24 mn retrace l’histoire de cet infatigable sportif suisse doté d’une physique et d’un mental sidérants. Force, agilité, souplesse, explosivité, endurance, l’escalade demande des qualités physiques indéniables. Aussi, lorsqu’on découvre le grimpeur suisse, 94 ans lors du tournage, la surprise est de taille. Malgré son âge, il continuait de pratiquer son sport avec passion.
Rares sont ceux qui parmi nous seront capables d’un exploit. Marcel Remy restait un cas hors normes, doté d’une détermination sans faille, et de capacités physiques bien au-dessus de la moyenne pour son âge, tant au niveau musculaire que cardiaque. Mais le plus frappant restait sans aucun doute la passion qu’il portait à la montagne, avant même l’escalade.
Le film se concentre sur l’un de ses derniers défis, relevé avec son fils durant l’été 2017, non loin de chez lui, sur le Miroir de l’Argentine . Le grimpeur s’était attaqué à la face nord-ouest de cette falaise de calcaire de 450m, côtés 5b+. Un spot majeur des Alpes vaudoises qu’il connaîssait par cœur. Et pour cause, il s’amusait sur ses parois depuis… 1946. Avec plus de 200 ascensions à son actif, il en connaissait toutes les prises, et pourtant, il ne s’en lassait pas. Sa pratique quotidienne, comme beaucoup de grimpeurs, passait aussi par la salle d’escalade, qui demeurait un bon moyen de s’exercer, même s’il reconnaissait préférer grimper dans la nature. C’est d’ailleurs en salle qu’il avait majoritairement et méticuleusement préparé cette ascension.
« Chacun peut arriver à quelque chose. Tous les jours, peut nous arriver quelque chose. Je pense que c’est tout dans la tête que ça se passe. Il faut se faire plaisir. C’est mon stimulant », aimait-il dire.
Article initialement publié le 16 janvier 2019, mis à jour le 11 juillet 2022.
Photo d'en-tête : Nicolas Falquet- Thèmes :
- Escalade