Ce superbe documentaire, en salle aujourd’hui, a failli ne pas sortir. “Marche avec les loups”, le dernier film de Jean-Michel Bertrand, suit les traces de jeunes loups pour tenter de comprendre comment cet animal si décrié évolue dans un environnement de plus en plus hostile. Une enquête qui a soulevé une énorme polémique, certains allant jusqu’à menacer de mort le réalisateur et demander l’interdiction de la diffusion de son film.
“Marche avec les loups” commence par une scène qui donne le ton des 90 minutes qui vont suivre : Jean-Michel Bertrand enfile ses chaussures de randonnée aux premières lueurs du jour, quelque part en pleine montagne. L’homme entend nous faire comprendre qu’il compte bien nous embarquer avec lui, bravant les quatre saisons, sur les traces de celui à qui il consacre sa vie depuis plusieurs années déjà : le loup.
Dans “La vallée des loups”, sorti en 2017, le documentariste français avait livré une quête personnelle : rencontrer un animal sauvage dans son habitat, l’approcher, l’observer, l’écouter, le comprendre, et même à s’en faire accepter, lui, l’humain. Poétique, introspectif, ce deuxième opus, soutenu par des images sublimes et une bande son signée d’Armand Amar, l’un des grands compositeurs français, garde cette tonalité.
Mais cette fois-ci, Jean-Michel Bertrand s’est livré à un travail d’enquête sur l’auto-régulation de l’espèce, sa disparition et sa quête de territoire. Territoire, le mot clef. Car pour le jeune loup qui a quitté sa meute, il est très difficile d’en retrouver un. Sans mettre sous silence la difficulté des éleveurs face aux prédateurs, le réalisateur s’interroge : pourquoi l’homme et le loup n’arrivent-ils pas cohabiter comme ils l’ont fait pendant des siècles ? En découle une réflexion philosophique sur ce qu’est aujourd’hui la nature sauvage, celle de l’urbanisation et du changement climatique.
Le loup, sujet à polémique
Jean-Michel Bertrand ne s’en cache pas, cet animal le fascine. Reste que dès qu’il est question du loup, les polémiques ne sont jamais loin. La guerre entre les éleveurs dont les troupeaux font face aux attaques du prédateur et ses défenseurs n’est pas prête de s’arrêter.
Au point que ces derniers mois les tensions n’ont cessé de croître, le réalisateur a même été menacé de mort à plusieurs reprises dans des lettres anonymes. La FDSEA (Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles) a même appelé en début d’année à se mobiliser contre le film, avant de se rétracter face aux déferlements de critiques sur les réseaux sociaux.
“Marche avec les loups” ne tranchera pas le débat, mais il permettra peut-être d’aborder la question sous un angle plus apaisé.
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