Pour sa 30e édition, le Grand raid de la Réunion n’aura pas déçu. Certes il manquait aujourd’hui à l’appel François D’Haene et Benoit Girondel, mais le Français Beñat Marmissolle et le Suisse Jean-Philippe Tschumi se sont chargés d’assurer le show jusqu’au bout sur la Diagonale des fous avec la victoire éclatante du Basque en 23:14:47, à l’issue d’un duel palpitant. Quant à Courtney Dauwalter, elle a montré, une fois de plus, qu’elle n’était pas là pour faire de la figuration. A l’heure où nous bouclons cet article, elle est largement en tête côté féminin et s’impose de surcroit à la 4e place au général. De quoi devenir la première femme à remporter les quatre courses majeures du circuit mondial.
Que retenir de cette Diagonale des fous 2022 – épreuve reine du Grand Raid de La Réunion qui vient de s’achever aujourd’hui avec la victoire de Beñat Marmissolle, en 23:14:47. Du suspens, des records et beaucoup d’émotion pour les 2832 traileurs inscrits.
Beñat Marmissolle etJean-Philippe Tschumi au coude à coude
Partis hier, jeudi 20 octobre, à 19h00, heure française, le Français Beñat Marmissolle et le Suisse Jean-Philippe Tschumi ont très vite montré que, cette course, elle était pour eux ! Et c’est au coude à coude qu’on les a vu filer sur la plus grande partie d’un parcours de 165 km et 10 000 m de D+ qui ne pardonne rien. Au point que longtemps on a cru qu’ils allaient offrir une arrivée main de la main, comme on l’a vu en 2021 avec l’ex aequo Ludovic Pommeret/Daniel Jung. Avec une différence, majeure, cette année : pas d’ex aequo possible ! L’organisation ayant décidé d’appliquer scrupuleusement le règlement stipulant qu’en cas d’arrivée main dans la main de deux coureurs, elle trancherait en faveur du plus âgé. En l’occurrente Beñat Marmissolle. Dilemme difficile, mais inutile au final car, à quelques kilomètres de l’arrivée, le Basque est monté en puissance et a gratté quelques précieuses minutes au Suisse. Avance qu’il n’a pas lâchée par la suite.
Reste deux très beaux chronos : 23:14:47 pour Beñat Marmissolle, vainqueur de la course. Soit 31 minutes et 7 secondes de mieux qu’en 2021 où, déjà, il s’imposait à la 3e place. De quoi définitivement confirmer la place de cet athlète (6e à l’UTMB 2022) parmi les meilleurs de sa génération. Jean-Philippe Tschumi décroche lui, une très belle deuxième place en 23:20:06. Une belle revanche pour le Suisse de 40 ans qui par deux fois avaient dû abandonner le Grand Raid par le passé.
L’Américaine Courtney Dauwalter déchire !
Les coureuses savaient bien sûr qu’il fallait se méfier de la traileuse américaine, mais leurs homologues masculins les plus lucides aussi. Et ils avaient raison ! Non contente de remporter cette course qu’elle découvrait – « je ne pensais pas qu’il y ferait aussi chaud », commentait-elle à un ravito – la fusée américaine a imposé un rythme d’enfer à ses concurrentes malgré une chute et une douleur au genou, et est en passe de remporter la course côté féminin, à l’heure où nous bouclons cet article. Mieux, au général, Courtney s’imposerait à la 4e place au général. Une victoire qui ferait d’elle la la première femme à remporter les quatre courses majeures du circuit mondial (l’UTMB 2019 et 2021, la Hardrock 2022 et la Western States 100 en 2018, Courtney Dauwalter). Chez les hommes, seul Kilian Jornet a réussi cet exploit.
Anne-Lise Rousset Séguret joue et gagne
Lors d’une interview, Anne-Lise nous expliquait récemment que oui, elle allait faire la Diag, mais que bon, elle ne s’était pas vraiment entraînée dans ce sens, tant il lui avait été difficile de se remettre de son record du GR20 établi il y a seulement quatre mois. Ca, c’était mi septembre. Un mois plus tard, la jeune vétérinaire de 34 ans, mère d’un enfant de 15 mois, montre que tant qu’à prendre le départ, autant tout donner. Résultat : une 2e place quasi assurée.
Des abandons inattendus
Les coureurs au départ de la Diagonale savent que tout peut arriver sur cet ultra considéré comme l’un des plus difficiles au monde. Le dénivelé, le relief, la chaleur font chaque année des victimes, même parmi les meilleurs. Cette édition l’aura confirmé avec l’abandon de l’Italien Daniel Jung, vainqueur en 2021, en passant par Lambert Santelli : « je ne suis pas blessé, ni quoi que ce soit, mais je ne me sentais pas de faire encore 70 km dans cet état-là », devait-il confier en direct sur la radio et la Web TV de Réunion La 1ère. Le coureur s’avouait déçu, d’autant qu’il avait déjà dû abandonner l’an dernier. « Je reviendrai », promettait-il pourtant. Abandon aussi de Grégoire Curmer, vainqueur en 2019, contraint de jeter l’éponge tant « la douleur est insupportable », confiait-il à nos confrères réunionnais. Sans parler, chez les locaux, de David Hauss et Sophie Blard.
Des erreurs de parcours, des coureurs perdus
C’est une des grandes angoisses des traileurs, se perdre. Et cette année, certains des athlètes les plus aguerris y ont gaché un temps précieux. Pendant la nuit un petit groupe de coureurs parmi lesquels Grégoire Crumer et le Réunionnais David Hauss, se sont ainsi perdus entre Notre Dame de la Paix et le Nez de Boeuf à la Plaine des Cafres avant de retrouver le bon sentier sur Mare à Boue, dix minutes plus tard. « Ca ne vient pas du balisage car tout le monde est d’accord pour dire qu’il est parfait », a réagi Pierre Maunier, le président de l’Association Grand Raid, sur les ondes Réunion La 1ère. Je pense que dans la précipitation de la nuit, des gens se sont perdus et sont revenus ensuite sur les sentiers. Ce n’est pas un problème de balisage, je le confirme. Il faudra trouver ce qu’il s’est exactement passé », conclut-il.
Photo d'en-tête : Imaz Press / Grand Raid