John, mécanicien fan de VTT, rêvait d’embarquer son jeune fils sur les chemins à ses côtés. Pas question bien sûr de siège vélo. La solution ? Un side-car, qu’il imagine et construit lui-même dans son atelier. Résultat : un merveilleux hybride dans lequel, enfant, on aurait adoré se glisser.
Les passants sourient et s’arrêtent quand ils voient arriver le « side-bike » d’Enoha. À un an et demi, il fait tourner toutes les têtes et c’est probablement grâce au travail de son père, John.
Enoha, John et Marine habitent à Six-Fours-les-Plages, dans le sud de la France, et quand ils quittent leurs VTT respectifs, ils partent se promener avec leur fils sur le massif du Cap Sicié avec ce fatbike « side-bike » unique en son genre. « Le projet a germé avant que mon fils naisse », explique John, mécanicien chez Vélo Max à Ollioules. « Je suis tombé par hasard sur une marque qui proposait ce genre de machine, sur la base de vélos fatbike. Je ne trouvais pas le résultat terrible et une fois Enoha né, je me suis laissé un an et demi pour faire aboutir ce projet. J’ai commencé à acheter des pièces qui m’ont vite coûté cher, je n’avais plus le choix, je devais aller jusqu’au bout !
Première étape: l’achat du fatbike
J’ai d’abord acheté le fatbike, un Trek Farley 2017. Je voulais cette couleur là, et surtout le modèle en aluminium pour installer le système de fixation sur le bras. Ensuite, j’ai acheté le système de pivot. J’avançais un peu au « feeling » mais j’avait fait de nombreuses mesures avant de me lancer.
J’ai attendu d’avoir la coque avant d’entamer la construction du chassis. J’ai tenté de l’acheter seule auprès de la marque bad bike mais c’était impossible. Par chance, je suis tombé sur Art of Cycle, un des trois magasins revendeurs en France, qui a accepté de s’en séparer, un de ses clients souhaitait uniquement le fatbike. J’ai également préféré concevoir mon propre châssis.
Je l’ai dessiné moi-même. Mon beau-frère, chaudronnier, l’a assemblé et soudé. Fast Suspensions m’a fourni un bras de Cannondale Lefty pour la fixation de la roue arrière et du frein.
Puis j’ai acheté une roue d’un fatbike Specialized que j’ai dérayonnée pour l’installer sur le moyeu de Lefty. J’ai également utilisé un pneu Specialized pour cette roue-là. Pour le garde-boue, après avoir cherché un peu partout dans les catalogues vélo, je me suis tourné vers un modèle pour Yamaha T-Max. Plat d’un côté, je peux le fixer après découpe sur le side.
Un side articulé
Il existe beaucoup de side-bike rigides (sans articulation entre le vélo et le side) mais très peu avec des pivots. J’en ai vu montés sur des plaques en carbone et ça me semblait assez peu rigide. J’ai à nouveau fait appel à mon beau-frère pour installer une belle plaque en alu renforcée sur le Trek. J’ai utilisé une des vis de porte-bagage sur les haubans et on est venu se « pincer » à deux endroits sur les bases. Le tout permet de ne pas abimer le vélo et d’avoir un side articulé et bien rigide.
Côté freinage, le frein avant est assez classique et les deux freins arrières sont couplés avec un système proposé chez Hope pour les « handi-quad » notamment. Un petit système de dérivation me permet d’avoir une seule et même commande pour le frein arrière du vélo et du side. À l’avant, j’utilise un étrier Tech 3 M4 et à l’arrière, deux étriers X2 avec des disques de 160 de diamètre. »
On remarque même un petit système de frein à main. Malin !
« Côté encombrement, j’ai réussi à installer mon fils et sa cousine de 3 ans. Ça devrait nous durer un moment ! »
A droite, il faut compenser
Quid des sensations sur la machine? : « C’est hyper fun en tout-terrain, Hyper facile sur les grandes pistes », raconte John. « Sur le goudron, on tourne très bien à gauche mais à droite, il faut compenser la présence de la roue supplémentaire. Il faut donc bien pencher et marquer son virage, c’est un petit coup à prendre. Ça va tout seul. »
Côté sécurité, Enoha est attaché avec une ceinture de siège auto arrimée à l’arrière de la coque, avec une sangle d’ajustement. Derrière le petit siège, on retrouve également un petit espace, parfait pour stocker une bouteille d’eau.
Deux petits feux à l’avant et à l’arrière permettent un montage de batterie pour les activer, l’ensemble étant initialement prévu pour être installé sur un vélo électrique. John n’excluant pas cette éventualité, elle n’est toutefois pas prioritaire.
Sur la balance, le tout n’est pas léger mais n’a rien d’excessif (entre 22 et 25 kilos selon lui). Pour le portefeuille non plus, à condition d’avoir de bons contacts, avoir un chaudronnier pour beau-frère allégeant considérablement la facture. Le budget global de Johan s’élève à 800 euros environ, en plus du fatbike. Le coût serait bien plus élevé si ce modèle devait être commercialisé, mais ce prototype n’a pas vocation a être mis sur le marché.
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