En danger de mort sur la banquise, seuls des sauveteurs professionnels peuvent vous tirer d’affaire. Nous avons interrogé l’un des rescapés de l’Arctique, Sébastien Roubinet, qui avait dû lancer un SOS en 2013 alors que son embarcation s’était retrouvée prise au piège. Un brise-glace russe était alors venu le secourir. Une expérience que Mike Horn et Borge Ousland pourraient bien être amenés à vivre si leur situation se détériore.
« Un monde inhospitalier », c’est par ces mots que l’aventurier Mike Horn décrit la banquise du pôle Nord qu’il tente de traverser avec son complice Borge Ousland. Une « terre » qui n’en est pas une puisque l’Arctique n’est qu’un amas de glace en constante dérive. Si jamais les deux explorateurs venaient à manquer de nourriture, ils seraient contraints de déclencher des secours. Une situation déjà vécue par Sébastien Roubinet, explorateur français, en 2013, alors qu’il tentait de traverser le pôle Nord en partant de l’Alaska sur un catamaran/char à voile capable d’avancer sur l’eau et la glace.
Deux mois après le départ, Sébastien et son équipier Vincent Berthet ont dû se résoudre à appeler les secours, leur embarcation étant stoppée par les glaces. « On était à 1400 kilomètres de la première côte et avec le temps perdu et le retard accumulé dus aux conditions météorologiques, on n’allait pas pouvoir rallier les Spitzberg au Nord de la Norvège sans être en manque de nourriture », explique Sébastien. Une situation qui aurait pu tourner à la tragédie si les deux hommes n’avaient pas anticipé le temps de prise en charge des secours. « On pensait qu’ils mettraient deux semaines à venir et finalement on a patienté seulement six jours », détaille-t-il.
Secours gratuit au pôle Nord
La spécificité d’un secours au pôle Nord joue sur une subtilité : bien que les explorateurs y marchent et skient, la banquise est considérée comme une mer, rendant tous secours gratuits, quand ils sont payants sur la terre ferme, en montagne par exemple. Le grand Nord est divisé en plusieurs zones selon l’endroit où l’on déclenche les secours. Comme l’Océan Atlantique n’appartient pas à un seul pays, l’Arctique dépend de plusieurs nations : la Russie, les États-Unis, le Canada, le Danemark, la Finlande, l’Islande, la Suède et la Norvège. « On se trouvait à l’intersection de trois zones mais ce sont finalement les Russes qui ont dépêché un brise-glace ». Si Mike et Borge sont en danger de mort, ce sera la Norvège via son centre de coordination du sauvetage en mer qui sera sollicitée.
« Le recours à l’hélicoptère reste une option »
« Pour Mike et Borge comme pour tous explorateurs sur les pôles, la nourriture est le vrai souci, elle vous limite dans le temps », assure Sébastien précisant qu’un « brise-glace de l’expédition scientifique allemande « Mozaic » se situe proche du lieu d’extraction de Mike Horn et Borge Ousland et pourrait peut-être leur venir en aide en cas de besoin ». Si l’option de lancer un SOS pourrait être choisie ces prochains jours, il faut souligner que ces explorateurs en milieu hostile l’actionneraient seulement en cas de danger de mort imminent. « S’ils avancent suffisamment vers le Sud, Mike et Borge se retrouveraient à portée d’hélicoptère et donc plus facilement récupérables », affirme Sébastien. Une option que Mike a même évoquée dans son dernier message daté du 26 novembre, alors qu’ils se trouvaient à plus de 200 kilomètres de la position future de leur voilier, Pangaea.
« Bien que le recours à l’hélicoptère reste une option, nous essayons de ne pas trop y penser. Nous allons donner le meilleur de nous-mêmes la semaine prochaine et nous savons que nous pouvons compter sur nos incroyables équipes dans le cas où nous aurions besoin d’aide », a écrit Mike sur Instagram.
Secours ou pas ? Hélicoptère ou Brise-glace ? Ou ralliement vers le point d’extraction à ski comme espéré ? L’avenir est flou mais l’aventure, elle, bien réelle.
Photo d'en-tête : La Voie du Pôle/Facebook- Thèmes :
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